La province de la Nyanga est, selon les statistiques politiques et historiques, considérée comme très proche de l’opposition radicale au Gabon. Et depuis 2009 elle est restée intransigeante avec le nouveau maître du jeu politique par la force et la fraude à ciel ouvert au Gabon, Ali Bongo Ondimba, qui y essuie défaite après défaite à chaque présidentielle.
Et lors des législatives couplées aux locales de 2018, la tradition légendaire fut respectée. L’opposition, à travers le parti Les Démocrates de Guy Nzouba Ndama, a pratiquement tabassé le parti d’Ali Bongo dans les zones dites de souveraineté, notamment à Tchibanga où les Démocrates se sont emparés des deux arrondissements. Même traitement à Mayumba, Mabanda et Moulengui-Bindza pour ne laisser à Anicet Mboumbou Miyakou, le propriétaire de Ndindi de père à fils, que des sièges de seconde zone.
Et, du reste, l’actuel ministre d’Etat, qui règne en maître absolu au niveau du parti au pouvoir malgré le recul électoral évident depuis 2009, se sait en danger permanent et les adversaires nombreux à patienter dans l’anti-chambre du pouvoir. A l’exemple d’Alexis Boutamba Mbina, son éternel rival, qui multiplie des gestes de générosité sur son petit siège du département de Mougoutsi malgré sa sulfureuse réputation.
Et tous les regards vont se tourner vers Tchibanga, Moabi, Moulengui-Bindza et Mabanda où les candidats du parti au pouvoir vont faire face à l’opposition certes, mais aussi et surtout à leurs propres camarades du parti victimes des entourloupes et autres coups bas des arbitrages couperets d’Ali Bongo et son fameux qui perd gagne qui a vu Pierre Alain Mounguengui, tombeur de ses adversaires à Tchibanga être chassé comme une « gazelle » pour faire place à un moins disant, finalement élu par Ali Bongo. Poussant la provocation jusqu’à l’extrême, les adversaires de Pierre Alain iront jusqu’à fêter son désaveu en arguant que s’il s’est présenté, c’est parce qu’il était à la quête d’une immunité parlementaire. Si tel était le cas, pour quel crime est-il ou serait-il poursuivi ? Passons…
L’absurde dans cette affaire de vampire à ciel ouvert est que c’est grâce aux arrangements d’arrière boutique que le PDG, sans majorité, contrôle le Conseil municipal et y a installé son maire. Mboumbou Miyakou, le maître de l’ouvrage, réussira-t-il le même exploit en obtenant le sénateur de la commune de Tchibanga par le petit jeu de « passe-passe » ? Ça va se savoir demain avant midi. La grande question sera de savoir si Nzouba Ndama est au cœur de ce contrat de dupes. Que gagne-t-il en sabordant son parti à Tchibanga où il tient le PDG par les c… ? Même cas de figure à Moabi où Mboumbou Miyakou devra sortir le grand jeu pour défaire l’alliance entre Les Démocrates et le RNB de Pierre André Kombila Koumba qui peut embarquer dans leur attelage infernal le Fer de Bonaventure Nzigou Manfoumbi avec ses quatre conseillers
Ici, le « tous contre le PDG » peut faire très mal à l’homme de Ndindi déjà impuissant à Moulengui-Bindza et obliger de faire le grand écart à Mabanda où Maganga Moussavou dispose de quelques cartes pour faire chanter Ali Bongo. Rendez-vous est donc pris pour demain pour savoir si le fils de Yaye, au révélateur du parti « Les Démocrates » après le sérieux avertissement des législatives de 2018, reste le patron incontesté et incontestable de la Nyanga.
Serge Itsitsa