Ce n’est pas un périple des plus joyeux que le secrétaire général du PDG (Parti démocratique gabonais), Steeve Nzegho Dieko, a passé dans la province du Woleu-Ntem. Le triste bilan des 12 ans de pouvoir de l’actuel président Ali Bongo Ondimba a transparu dans les différents comportements des cadres du septentrion, même si certains ont excellé dans la politique de l’autruche en voulant cacher ce que tout le monde voit. L’état désastreux de la province du Woleu-Ntem est, pour ainsi dire, l’indicateur des déceptions, à peine occultées, ressenties ici et là. A Mitzic, la mauvaise répartition des 60 000 000 de Fcfa est restée coincée à la gorge des camarades.
Les axes routiers Mitzic-Oyem et Oyem-Bitam (sans parler de ceux reliant Oyem à Minvoul et Oyem-Medouneu) ne sont pas de nature à inciter à applaudir ou à encenser une délégation du PDG, fut-elle dirigée par son secrétaire général. Qu’a fait l’actuel chef de l’Etat au Woleu-Ntem qui puisse inciter à l’adulation ? C’est sur ce bilan inexistant que les uns et les autres ont fait exprimer leur ressentiment lors du passage dans leur localité du « patron » du parti au pouvoir.
Pourtant, les prévisions pour bien accueillir ce dernier étaient quasi au point avec une projection financière de 94 000 000 de francs pour cette pérégrination provinciale, mais qui s’est arrêtée à 60 000 000 de frs. Mais le premier couac est venu des cadres locaux du parti eux-mêmes qui ont, dans leur clé de répartition, mis à mal certaines localités. C’est ainsi, par exemple, que l’Okano, qui a pourtant cotisé pour 6 000 000 de frs, n’a reçu que…3 524 000 frs pour accueillir le SG du PDG à Mitzic contre 7 650 000 frs pour Bitam, le secrétaire national du Woleu-Ntem, Hubert Ella-Minko, étant, bien sûr, à la manœuvre pour bien tirer la couverture à soi.
A Mitzic, le SG, lors de son propos, a invité à voter à plus de 62 % pour le candidat Ali Bongo Ondimba lors de la prochaine présidentielle de 2023. Ces propos surréalistes, quand on considère le niveau de sous-développement du département de l’Okano, ont eu la résonance d’une insulte aux oreilles du public. Ce qui a provoqué l’ire et le mécontentement des PDGistes okanois. On s’est demandé de quelle bulle sortait Steeve Nzegho Dieko pour exiger l’impossible à un département où son pouvoir n’a rien entrepris pour poser les jalons d’un bien-être, même infime. Pour nombre d’observateurs, « dans l’Okano, le PDG ne récolte que ce qu’il a semé ». Avant Ali Bongo Ondimba, l’Okano, qui dispose de grandes ressources naturelles (or, hévéa, bois, etc.), n’a jamais fait l’objet d’une attention particulière du pouvoir PDG, et cela depuis la nuit des temps. « Aujourd’hui, Mitzic n’a ni membre du gouvernement, ni commissaire de la République, ni sénateur nommé. Mais on lui demande quand même de voter à plus de 62 % », s’est indigné un PDGiste exaspéré par les propos du SG du PDG.
Au regard d’une telle ambiance, Steeve Nzegho Dieko n’a plus passé la nuit à Mitzic comme prévu. Et l’argent pour ce séjour est resté dans les poches des hiérarques qui dirigent ce parti dans le grand nord, notamment Hubert Ella-Minko, son chef de cabinet, Gilchrist Mvé Messa, et son trésorier provincial, Jean Félix Mezui. En partant précipitamment de Mitzic, le SG a laissé une enveloppe de 500 000 frs. En faisant un partage équitable, chaque militant devra recevoir 250 frs. Comme quoi les échéances de 2023 s’annoncent ardues pour Ali Bongo Ondimba dans le Woleu-Ntem. Surtout à Mitzic où il doit apprêter ses yeux pour pleurer, car le Mitzicois saura rendre la monnaie du mépris affiché contre lui en 14 ans de pouvoir.
Rodrigue N. E.