Par Guy Nang -Bekale, Docteur d’Etat en Sciences Politiques. Tél : 077 35 89 49
« J’ai choisi de twister les mots et de révéler certains faits pour qu’un jour nos enfants sachent ce que certains ont été ; ce que d’autres ont obtenu et ce que nous avons fait du Gabon ».
Qui dit 2023 dit fraude, violences électorales, dangers de mort ; donc crise et désordre sociaux. En se projetant sur la présidentielle à venir (si elle se tient) tout citoyen observateur, électeur, candidat ou pas au scrutin de 2016 garde dans un coin de sa mémoire le carnage perpétré au QG du candidat vainqueur Jean Ping. Les Gabonais vivent avec le macabre souvenir de cette tuerie qui ne sera jamais oubliée et dont certains commanditaires, complices, témoins et exécutants sont encore vivants.
Le gouverneur du Haut-Ogooué, le ministre de l’Intérieur, tous les membres du centre des élections et de la Cour constitutionnelle, les observateurs européens des élections, le président français de l’époque, bref le monde entier sait que Jean Ping est le vainqueur du scrutin. Pourquoi la cour ne le lui reconnaît pas ? That is the question (Commonwealth m’oblige). Existe-t-il une volonté suprême qui surpasse celle du peuple qui est le souverain dans les processus électoraux qui se veulent démocratiques ?
Quotidiennement, les honnêtes citoyens côtoient voyous, assassins, voleurs, tricheurs et menteurs dans les rues, les bureaux, lors des cérémonies de réjouissance et des deuils. Le pire est que ces forcenés scélérats sont présents dans toutes les sphères de gestion de l’Etat. Le Gabon est bloqué depuis des décennies (1964, 1967, 1981, 1990, 1993, 2009, 2018) parce qu’une minorité de gens, de nationalité gabonaise ou assimilée, sans légitimité et indifférents à la misère du peuple représentent et s’imposent à ce dernier par la terreur, le bluff et la démagogie. Celui qui est aujourd’hui président de la République est définitivement inapte physiquement et intellectuellement à prendre les bonnes décisions, à sanctionner les perfides, à parler aux Gabonais et à se déplacer correctement. Le laisser faire et le laisser aller pratiqués actuellement à qui mieux-mieux sont le résultat de cette chienlit.
Objectivement, Ali est handicapé et ne peut plus représenter et/ou diriger le pays. Il est absolument incapable de faire une campagne électorale présidentielle. Tous les simples gens du Gabon et d’ailleurs, sans être médecins, peuvent conclure d’ores et déjà que sa candidature est disqualifiée à cause du mauvais état de santé qui rend son dossier médical non conforme et, partant, irrecevable. Sauf qu’au moment de rendre publics les résultats des examens médicaux, les médecins spécialistes (cardiologues, neurologues, pneumologues, ophtalmologues, etc.) qui vont l’examiner pourraient attester qu’il est en pleine forme et qu’il a de l’énergie à revendre. Faux ! Ali doit se reconstruire, se soigner et prendre du repos. C’est ce que des hommes dignes doivent suggérer et souhaiter à un grand malade ; parce qu’Ali est gravement malade. Certains affirment même avec force qu’il est décédé… Vivant ou mort, donnons-lui le repos qu’il mérite au lieu de le torturer. Tous ceux qui vont encourager la candidature d’Ali à l’élection de 2023 (si elle a lieu) seront poursuivis pour non-assistance à personne en danger et pour haute trahison. Il n’y a donc point au PDG une femme ou un homme capable de se porter candidat pour le parti de masse ?
Dire que le bilan de treize ans de gestion du PDG-émergent est catastrophique est un euphémisme qui ne traduit pas l’énorme gaspillage et la mauvaise utilisation de l’argent des Gabonais par les tenants de l’Etat. La baie des rois, financée à coups de milliards, s’est finalement transformée en une promenade sur une rive de l’Estuaire. La cité de la démocratie a été détruite pour installer un terrain de golf à la place qui n’a pas été réalisé. Pour autant, ces treize ans de gabegie ont accouché de jeunes milliardaires, délinquants pour la plupart, dont certains ont été emprisonnés non seulement pour avoir détourné l’argent public, mais aussi pour des règlements de comptes entre factions rivales en compétition pour cet enrichissement illicite et l’occupation illégale du pouvoir d’Etat…
Déjà, les candidats déclarés, ou potentiels, qui pensent que l’élection se fera en 2023 s’agitent tandis que d’autres surveillent le déroulement de cette tragique comédie politico-institutionnelle dont le scénario s’écrit dans des milieux obscurs et maléfiques pour l’asservissement des Gabonais. Tous ceux qui agissent contre les intérêts du Gabon et de son peuple connaîtront une fin de vie douloureuse et pathétique. L’on ne peut pas agresser autant d’esprits pour des intérêts égoïstes sans recevoir en retour une forte décharge destructrice qui ne peut être contrecarrée ni par les armes de guerre ni par des milliards acquis par le vol. Il y a, indubitablement, au-delà du monde visible et ses vanités terrestres, un juge invisible, patient et véridique qui intervient forcément au moment opportun pour manifester sa présence et sa supériorité sur les prétentions humaines. Cette puissance a pour pré-nom Dieu et pour nom justice. C’est cette puissance qui est dévergondée et moquée au Gabon par ceux qui s’en réclament.
Maudits soient les femmes et les hommes de loi corrompus et impies et malheur aux serviteurs de Dieu, disciples déclarés de Jésus-Christ, qui se détournent de la justice et de la vérité ! Ils condamnent toute leur parentèle.
Heureux les patriotes gabonais qui défendent les valeurs universelles sur lesquelles se fondent toutes les sociétés humaines et qui régissent chaque peuple en racontant sa véritable histoire. Nombre de Gabonais pleurent d’impuissance pour ne pas détenir les moyens d’affronter leurs misérables, avilissantes et traumatisantes conditions d’existence quotidiennes.
Une provocation et un message de menace adressé aux Gabonais avec pour but de les inviter à la peur, à la soumission, à la résignation. Rien d’étonnant dans une société où une partie des habitants, surtout certains jeunes, vivent infâmes pour avoir perdu et vendu leur âme, leur audace, leur fierté et leur honneur à des voyous milliardaires. Mais l’avenir est inconnu et…peut-être nous réserve-t-il un retour à la grandeur grâce aux sacrifices de quelques patriotes sincères, déterminés à rejeter l’abjection et l’esclavage.
Seuls des politiciens naïfs et véreux feignent d’ignorer qu’à part un Bongo, même battu après un vote, aucun compatriote vainqueur à une élection présidentielle n’a jamais accédé au pouvoir depuis l’avènement du pluralisme politique en 1993. Sont-ils convaincus que cela changera en 2023 ? Un Etat qui prépare une élection en recrutant, en armant lourdement des milices, en les présentant aux citoyens tels des mercenaires, peut-il la perdre ? 2023 ne sera pas ou ne sera que lorsque les tenants du pouvoir auront trouvé, en complément de la mobilisation de sbires armés, un montage politico-électoral pseudo démocratique fallacieux à servir au peuple et adossé à un Bongo ou apparenté. L’alternance ne surviendra pas par les bulletins de vote, mais par les mêmes moyens que ceux qui confisquent le pouvoir d’Etat depuis des lustres et le changement n’aura lieu que lorsque les irréductibles fanatiques partiront de la direction des institutions de l’Etat et seront remplacés par de jeunes patriotes compétents, impartiaux, courageux, épris de justice, de liberté, de vérité et de discipline. L’époque actuelle, trop prostituée, ne produit plus cette catégorie de braves compatriotes.
Toutefois, quatre événements du passé ont marqué l’évolution du Gabon. Ce sont :
1- la bataille qui a opposé les militaires gabonais aux Français au camp Baraka où Ndo Edou est mort les armes à la main lors du coup d’Etat de février 1964 ;
2- l’arrestation des membres du Morena en décembre 1981 à l’ex-gare routière suivie d’un mémorable procès politique dont Bengono Nsi est l’un des derniers vivants ;
3- le soulèvement populaire de Port-Gentil en mai 1990, suite à l’assassinat de Joseph Rendjambé Issani, secrétaire général du PGP, suivi d’un retentissant procès ;
4- plus près de nous, la tuerie d’août 2016 au QG de Ping à Libreville après sa victoire électorale ; tuerie dont la sixième année vient d’être commémorée.
Ainsi va le Gabon dans une Afrique francophone en ébullition.