Par Guy Nang -Bekale, Docteur d’Etat en Sciences Politiques. Tél : 077 35 89 49
« Je fais twister les mots et je révèle certains faits pour qu’un jour, les enfants sachent ce que certains ont eu, ce qu’ils ont été et ce que nous avons fait du Gabon. ».
Un puissant sorcier, décédé il y a près de 14 ans, qui était fasciné par les verres et les vitres, disait que le Gabon est une maison de verre : de l’intérieur on peut voir ce qui se fait à l’extérieur et inversement. Le même homme, face aux persistantes revendications et réclamations de transparence électorale de ses opposants politiques, avait crânement affirmé que les élections seront transparentes et ne pouvaient être que transparentes parce que les urnes sont transparentes. Ça, c’était Omar Bongo.
Aujourd’hui, c’est un autre Bongo qui nous parle, à sa manière, d’élections aux lendemains apaisés. Cet objectif confirme que les élections ont connu des périodes non apaisées et tumultueuses au Gabon. D’où l’organisation d’une « concertation politique » proposée par les oppositions à travers des mémorandums.
A cause de leur caractère apolitique, les représentants de la société civile et des confessions religieuses, et même des politiques, ont été exclus de cette concertation qui devait rassembler l’ensemble des partis politiques du pays. Ici, le qualificatif apolitique est improprement utilisé parce qu’il sert de subterfuge et d’alibi pour écarter des acteurs importants de la vie sociale qui sont réputés pour leur exigence de « bonne gouvernance ».
Depuis plusieurs mois, les syndicats demandent la libération de leur principal leader, Jean Rémy Yama, les ONG dénoncent les mortels actes de pollution des pétroliers et autres agents économiques et, tout récemment, les religieux, par la voix de Monseigneur Iba-Ba, leur porte-parole, ont posé avec clarté, courage, vérité et justesse la problématique des processus électoraux en proposant que les élections de 2023, pour être apaisées, soient transparentes et obéissent à la vérité et à la justice. Puisque la concertation avait pour objet de définir les conditions pour des élections apaisées, l’on devait normalement convier les religieux à cette messe pour qu’ils fassent connaître aux populations leurs propositions sur la quête de la transparence électorale.
Le Nègre au pouvoir…
Il se dit dans l’opinion que le pouvoir n’a rien à cirer de ce qui se dira sur les élections transparentes et apaisées lors de la concertation politique qui pourrait plutôt accoucher d’un nouveau mode de scrutin qui va conférer aux députés et aux sénateurs le pouvoir d’élire ou de désigner, c’est selon, les présidents de la République gabonaise. Si cela se produit, l’on saura enfin la véritable raison de l’adhésion du Gabon au Commonwealth dont le mode d’élection qui est pratiqué en Angleterre fait du Premier ministre le véritable chef politique et administratif du pays. Le Gabon abandonnerait ainsi le suffrage universel direct qui est le mode d’élection du président hérité de la France. Le Gabon aurait alors un système politique bâtard placé entre la République et la royauté avec une « président-roi » et un gouvernement dirigé par un « Premier ministre exécutif ». Ainsi, la fonction de président deviendrait plus honorifique et serait transmise aisément de père en fils sans anicroches.
Si cette perspective de changement de « mode d’élection » est mis en place, le secret et vieux projet de la Communauté internationale, qui prévoyait faire du Gabon une terre de peuplement, sera finalement exécuté et le Gabon échappera définitivement à son peuple en faisant disparaître les Punu, les Nzébi, les Myènè, les Obamba, les Varama, les Fang, les Kota, les Eshira, les Apindzi, les Akèlè, les Sékiani, les Sango, les Mitsogo, bref, toutes les communautés linguistiques originaires du pays. Nous, nous ne serons plus de ce monde. Jeunesse gabonaise, voici le Gabon émergent de 2025.
…. Et le pouvoir nègre
La majorité des chefs d’Etat noirs africains, pour la plupart diplômés et malgré leur formation à la française au cours de laquelle ils ont accédé à la connaissance, certes livresque et théorique, de l’histoire de la démocratie gaulliste avec ce qu’elle comporte d’exigences de rigueur dans l’organisation des élections, de la primauté des majorités des votants sur les minorités ; de la répartition et la proclamation des résultats des candidats ; de la structuration ; de la formation et du fonctionnement des institutions d’un Etat de droit qui se veut républicain… Ces chefs d’Etat diplômés, considérés comme vertueux, affublés de qualificatifs d’intellectuel, de technocrate et de compétent, « grandes gueules », quand ils sont dans l’opposition, se transforment rapidement en autocrates sitôt arrivés au pouvoir. Cette assertion s’est confirmée il y a quelques jours au Sénégal. L’opposant, Monsieur Macky Sall, qui tenait un discours critique sur les « agissements anti-démocratiques » de son prédécesseur en se donnant l’image d’un patriote démocrate épris de vérité, de paix et de progrès, s’est rendu responsable d’un grave et violent acte anti-démocratique et anti-populaire contre son principal opposant, le très populaire et célèbre Ousmane Sanko, dont le film de l’arrestation, d’une brutalité inouïe et inacceptable, a fait le tour du monde.
En Afrique noire francophone, le pouvoir d’Etat est véritablement une drogue pour les femmes et les hommes qui le détiennent, l’exercent et provoquent en eux des symptômes de folie douce. Ils deviennent paranoïaques à l’idée qu’ils peuvent perdre le pouvoir au profit d’un autre citoyen. Peu de dirigeants des peuples africains sont honnêtes, justes, incorruptibles et patriotes. Les honneurs, la fortune, le luxe et les multiples apparats de la vie les conduisent à passer allègrement de démocrates à despotes. Quand un Nègre exerce le pouvoir d’Etat, il en fait une propriété privée, une affaire personnelle, un bien familial inaliénable. Or, le pouvoir fait partie de la « res publica », (la chose publique), la « chose commune et partagée » du peuple qui est le souverain et qui le confie, par mandats limités, à certains citoyens conformément aux mécanismes légaux pré établis et imposés à tous les citoyens.
Démocratie sans démocrates n’est que mortalité des valeurs, passe-temps, fuite du temps et perte de vies humaines.
Il n’y a qu’un Coup d’État qui fera partir les Bongo du pouvoir mais hélas les militaires gabonais n’existent que nom, incapables de défendre leur pays comme le fit Jerry Rswlings au Ghana. Regardez le Ghana et comparez-le avec la République bananière gabonaise soit-disant gérée par un président démuni de facultés