Les notations des agences financières sont devenues un élément tellement essentiel des marchés financiers que l’annonce par une agence de la baisse d’une notation a un impact immédiat sur la crédibilité extérieure et même nationale d’un Etat (risque, cessation de paiement, surendettement). Ces notes permettent aux investisseurs de mesurer leur risque en prêtant de l’argent à un pays.
Le Gabon qui vit depuis 2014 dans un cycle de dettes (60%) du PIB est confronté à tout moment par l’abaissement de sa note. Quand les agences baissent la note du Gabon (risque d’insolvabilité élevé), les autorités de la junte se montrent violentes à l’égard des agences, mais quand la note est relevé un tout petit peu, elles tarissent d’éloges vis-à-vis de celles-ci et s’auto félicitent, par des communiqués démagogiques, du succès de la « ligne réformatrice » du Distingué camarade BOA. Or, la crise actuelle de l’économie gabonaise est que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, y compris et d’abord même, le paiement des salaires des fonctionnaires.
Un Etat à haut risque de faillite
La dernière révision de la note de crédit du Gabon par Fitch Ratings avait été réalisée en octobre 2017. Au cours de cet exercice, l’agence avait alors abaissé la note du Gabon avec une perspective négative passant de B+ à B. Un abaissement qu’elle avait expliqué par « la vive détérioration des comptes budgétaires et extérieurs du pays, l’accumulation d’importants arriérés intérieurs comme extérieurs ainsi que par le gonflement de la dette publique à la suite de la baisse des prix des produits pétroliers en 2014 ».
Le 8 juin dernier, c’était le tour de l’agence Moody’s qui avait dégradé la note souveraine du Gabon passant de B3 à Caa1 et a fait passer les perspectives de l’économie gabonaise de « négatives » à « stables ». Selon la définition de l’institution, « les obligations notées Caa sont considérées de mauvaise qualité et présentent un risque de crédit très élevé ». L’agence de notation avait justifié cette dégradation par le fait que le Gabon de BOA avait des retards de paiements récurrents auprès de ses créanciers et de ses fournisseurs.
A la surprise générale, le 05 octobre dernier, l’Agence Ficht Ratings avait publié un nouveau rapport sur le Gabon dans lequel il saluait la prise de mesures qui visent notamment à remettre l’assainissement budgétaire sur les rails, notamment la suppression des exonérations fiscales, l’adoption d’un budget révisé pour 2018 et la suppression de certaines dépenses. L’économie gabonaise était ainsi passée de “B” négative à “B” stable. Dans la foulée, le gouvernement avait réagi se congratulant de ce que malgré les critiques de certains (opposition), la situation économique du Gabon se redressait. Mais le 13 octobre, juste quelques jours après, la même agence a revu ses hypothèses sur l’économie gabonaise au vu de nouvelles informations sur la dette et les arriérés accumulées (voire cachées) par le régime. L’Agence a ainsi annoncé la baisse sous peu de la note de l’économie gabonaise s’expliquant par «les risques de non application des conditions du programme du FMI qui pourraient entraîner un retard dans le versement de son aide». Autrement dit, l’information circule déjà que le FMI est en train de lâcher le Gabon. Ce qui était prévisible car en regardant la motion qui avait accompagné le dernier décaissement d’avril, le FMI doutait au fond de la sincérité de la junte gabonaise à appliquer les vraies réformes attendues.