En tombant à bras raccourcis sur Jean Gaspard Ntoutoume Ayi de l’Union nationale (UN) après l’indécent feuilleton de Jessye Ella Ekogha trainant Abo dans les rues de Libreville comme une bête de foire, les griots de service du régime se sont visiblement trompés de cible. Il y a un adage fang qui dit que « si les courbeurs ne s’étaient pas courbés, les faiseurs de moue n’auraient pas fait la moue et si les faiseurs de moue n’avaient pas fait la moue, les rieurs n’auraient pas ri ». Ceci pour dire que la communication, surtout présidentielle, est un art et on ne la confie pas, en temps de crise, au premier venu.
Peu importe la manière dont il est arrivé au pouvoir, mais il y a le fait que Boa est, en sa qualité de président de la République, chef de l’Etat, la première autorité du pays. Mieux, il incarne, de par ses responsabilités, une fonction sacrée. Et un chef reste un chef avec ce que cela comporte de mystères et de secrets… D’un chef on ne montre pas la nudité, on ne le montre pas dans sa faiblesse, fut-il un humain.
Or, en promenant Abo dans les rues de Libreville sans un membre des institutions, sans un membre du gouvernement, l’équipe en poste à la présidence de la République s’est comportée, n’ayons pas peur des mots, en voyou. La vraie question est : c’était quoi la valeur ajoutée en faisant cela ? Encore que le balader en voiture ne causait pas problème, mais c’était quoi ce projet de pointer du monde dans la rue pour un échange avec un individu qui n’est plus et qui ne sera plus le même et qui ose crier famine à son propre peuple ? En répondant au peuple gabonais « moi aussi j’ai faim », Ali Bongo ne fait-il pas passer un message que nous avons déjà entendu sur les réseaux sociaux via un audio balancé par ses propres parents, à savoir que le chef de l’Etat ne mange plus bien ? Et même ça, que gagnait la communication présidentielle à faire diffuser cette séquence ?
Les chrétiens catholiques s’en souviennent. Au plus fort de sa souffrance, le pape Saint Jean Paul II avait tenu à accomplir le devoir de sa charge pastorale jusqu’au bout, au point que durant les messes au Vatican, la bave sortait de sa bouche. Aucune caméra, à ce moment-là, n’était braquée sur lui. On diffusait les images de la foule en attendant que sa bouche soit essuyée par ses services.
En prenant la lourde responsabilité de trainer Ali Bongo dans les rues de Libreville et en le montrant à sa population dans ses mauvais jours, la communication présidentielle, sous la direction de l’amateur Jessye Ella Ekogha, a relancé, de fait, le débat sur la vacance présidentielle. D’ailleurs, même si, par peur, les notables du PDG la bouclent, ils sont nombreux qui nous ont dit leur gêne de voir Ali Bongo dans cet état. Le roi est nu !
Tout comme la communauté musulmane n’a pas caché son indignation de voir son raïs dévoiler sa voracité pour les coupés-coupés qu’il mangeait malheureusement avec la main gauche. Comme quoi, en religion, il y a des gestes qui sont sacrés.
La vérité est que ce qui intéresse les ados pubères qui tiennent le palais du bord de mer en ce moment, c’est l’argent qu’ils volent à souhait là-bas sans la moindre limite. Grâce à Nourreddin et à la veuve noire, la présidence est devenue leur propriété privée et la première institution du pays leur bien personnel. Qui boude bouge ! Si ce n’est pas des comportements de voyous, alors c’est tout comme.
C’est parce qu’il est Gabonais, amoureux de sa mère patrie, que Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, indigné de voir Ali Bongo pratiquement « nu » qu’il a appelé au déclenchement de la vacance présidentielle. Au lieu de prendre conscience de cette réalité-là, les griots de service du régime bottent en touche et tombent à bras raccourcis sur Jean Gaspard, les propos de Michel Philippe Nze frisant même l’injure.
Aujourd’hui, lorsqu’on lit les journaux qu’Ella Ekogha fait financer par le budget de la présidence de la République, on a du mal à se retrouver, car en dehors des injures, du dénigrement des opposants et des journalistes, c’est de la bouillie bonne pour les chats. Pire, ceux qui y travaillent comme journalistes sont très mal payés. Il y a encore, dans un passé récent, il faisait bon lire La Relance du PDG, pilotée par le camarade Henri Paul Kama Mvoundza, Mpili du camarade François Banga Eboumi ou La Pirogue du camarade Germain Ngoyo Moussavou…
Loin de nous la volonté de donner des leçons de rédaction à Ella Ekogha, mais ça vole très bas.
Guy Pierre Biteghe
Chaque peuple mange la merde qu’il mérite. Qu’attendons-nous pour nous soulever? Ah, j ‘avais oublié que les gabonais nous ne sommes que des bougres des baisse-cullotes et des enculés sans dignité!!