Le lundi 02 septembre 2019 dernier, le Directeur de cabinet du Président de la République, Brice Laccruche Alihanga a entamé une tournée provinciale qui l’a conduit successivement dans les provinces de la Nyanga, du Moyen-Ogooué et du Woleu-Ntem où la virée s’est achevée le 5 septembre dernier. Cette tournée vient après celle du Haut-Ogooué, ayant eu lieu il y a un peu plus d’un mois.
Et si cette fois, comme les fois précédentes d’ailleurs, BLA affirme être mandaté par son patron (sans présenter le fameux mandat écrit), Ali Bongo Ondimba, afin de porter son message aux populations de l’intérieur du pays, certains compatriotes continuent de voir en ces périples une (pré) campagne d’une supposée élection présidentielle imminente. Et que cette campagne ressemblerait déjà à celle de 1967 où Omar Bongo, Directeur de cabinet à l’époque, lui aussi, disait parler au nom de son chef, le président Léon Mba, parti se soigner en France, en exhibant simplement sa photo (nos parents nous parlait souvent du fameux votez photo).
A l’occasion de cette virée, le Directeur de cabinet d’Ali Bongo a dit s’être déplacé à la demande de son patron afin d’aller s’enquérir des chantiers en suspens et d’arbitrer avec les populations locales sur ceux à finaliser dans les meilleurs délais. Pourtant, de plus en plus de compatriotes interprètent autrement ces virées du dircab dans le Gabon profond et lui prêtent plutôt des ambitions présidentielles encore inavouées. Pour ceux-là, le président de la République ne peut pas mandater son DC pour jouer le rôle d’un Premier ministre ici, et d’un ministre là. Le PM étant constitutionnellement reconnu pour conduire sa politique. Le DC faut-il le rappeler, n’est même pas dépositaire d’un mandat électif. L’homme est donc déjà en (pré) campagne à travers le pays. Un scenario qui ressemblerait, selon eux, aux événements politiques de l’année 1967.
Pour rappel historique, après le coup d’Etat raté de 1964, le président Léon Mba est fatigué. Il pense à sortir Jean Hilaire Aubame de prison pour lui succéder. La France n’est pas dans la même longueur d’onde que lui. Elle le fait quitter le Gabon malgré lui car gravement malade en août 1966. Il est hospitalisé à Claude Bernard à Paris. Et c’est depuis sa chambre d’hôpital qu’il nomme Albert Bongo, jusque-là ministre délégué à la présidence (Premier ministre en fait), Vice-Président du Gabon le 14 novembre 1966.
Le 19 mars 1967, Léon Mba et Omar Bongo se présentent en ticket unique – la Constitution ayant été préalablement réaménagée dans ce sens – à la présidence du Gabon. Le binôme Mba-Bongo est élu à 100% des voix et leur parti remporte 100% des sièges à l’Assemblée. Léon Mba réussira à se rendre à l’ambassade du Gabon à Paris pour y prêter serment devant des officiels venus de Libreville et en compagnie de son tout nouveau Vice-Président Albert Bongo. Léon Mba meurt à Paris le 27 novembre 1967. Son successeur Omar Bongo devient officiellement le Président du Gabon le 2 décembre 1967.
Les détracteurs de BLA ont-ils raison de voir de parfaites similitudes entre ces deux faits historiques de notre pays, pour qu’ils aient le même aboutissement ? Il semble prématuré d’arriver à une telle conclusion. D’abord, parce que les contextes constitutionnels et institutionnels sont totalement différents. Mais surtout parce que le Gabon n’est pas en année électorale vu que rien ne justifie la tenue d’une élection présidentielle actuellement au Gabon où aux dires de la présidence de la République, le chef de l’Etat qui a été victime d’un AVC à Ryad, en Arabie Saoudite, en octobre 2018, se remet de la maladie de manière significative. Sauf si l’avenir nous réserve des surprises…