La nouvelle est tombée hier en milieu de journée, bien que depuis quelques temps, des rumeurs sur le débarquement de Julien Nkoghe Bekale fussent fortes, d’autant plus que ce dernier avait été « piégé » par le Palais pour le rendre plus impopulaire qu’avant en lui faisant défendre la « légalisation » de l’homosexualité au Gabon. Qui est et que peut réellement faire Ossouka Raponda ?
Ancienne ministre du Budget et de la Fonction publique, ancienne mairesse de Libreville, puis ministre de la Défense nationale, Rose Christiane Ossouka Raponda est devenue, depuis le 16 juillet 2020, donc hier, la première femme de l’histoire du Gabon à devenir Premier ministre, chef du gouvernement. Elle apparaît aujourd’hui comme un dispositif important du régime d’Ali Bongo, car elle est également la première femme à avoir été élue mairesse de Libreville.
Après avoir occupé des portefeuilles ministériels sensibles, elle a gravi finalement l’ultime palier du gouvernement : la primature. L’annonce de sa nomination a cependant été diversement appréciée. Sinon mitigée. Pour un grand nombre de Gabonais, le problème n’est pas le changement de PM, mais le changement de politique, à défaut, de président.
Si la nomination d’une femme comme PM paraît intéressante, il faut se souvenir qu’une femme, Rose Francine Rogombé, a été présidente de la République par intérim, conformément à la Constitution entre juin et octobre 2009, au lendemain de la disparition du président Omar Bongo Ondimba.
Au regard du contexte de cette nomination, Christiane Ossouka, qui apparaît, à première vue, comme un fidèle lieutenant d’Ali Bongo Ondimba, pour ne pas dire de Sylvia Bongo, peut-elle marquer la différence par rapport à son ou ses prédécesseurs à l’immeuble du 02 décembre ? Si le maçon est à juger au pied du mur, il reste qu’en la forme, elle ne constitue pas un gage d’alternative dans la ligne politique gouvernementale anti-sociale et anti-démocratique. Sa mission, dans le contexte d’affaiblissement physique, politique et diplomatique d’Ali Bongo, sera certainement de défendre encore plus des manœuvres présidentielles impopulaires, le plan de succession en cours et à berner les partenaires sociaux qui attendent de vraies mesures de rupture sur les situations administratives les recrutements et les mesures sociales au bénéfice du plus grand nombre de Gabonais.