Un auteur français du passé a écrit que « l’Homme est un apprenti et la douleur est son maître… Nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert… ». L’histoire du Gabon retiendra que c’est durant le règne du PDG-Bongo que s’est installée à la direction du pays une catégorie spéciale de nationaux qui avaient remis en cause et se sont détournés des nobles traditions que toutes les communautés ethno-linguistiques du pays avaient érigées en imprescriptibles valeurs en partage. Parmi celles-ci on compte le droit d’aînesse, la solidarité, le respect de l’autorité, le sens de l’honneur, la spiritualité fondée sur la foi religieuse, les rites et rituels ancestraux et, bien évidemment, l’amour du prochain qui part du milieu familial pour s’étendre aux autres humains.
Quelques forces malfaisantes ont lourdement contribué à la mortalité de ces valeurs propres aux peuples noirs d’Afrique francophone en prenant au Gabon une forte et brutale exacerbation portée à l’extrême. Ces entités maléfiques ont accouché d’une série de pratiques, de comportements, d’agissements et d’habitudes, ont ouvert le pays à l’infamie, perverti et dénaturé une partie des Gabonaises et des Gabonais qui se sont faussement convaincus que rien n’est au-dessus et plus noble que la détention et l’exercice du pouvoir, la possession abondante de l’argent et la jouissance effrénée des ravissements et des délices de la vie. C’est ainsi que le régime PDG des Bongo a séjourné au sommet de l’Etat gabonais pendant plus d’un demi siècle ; de 1968 jusqu’à l’instant où nous rédigeons cette adresse sans jamais entreprendre et réaliser rien de grand et d’admirable pour le peuple gabonais. Les malheurs du Gabon et des Gabonais ont pour responsables la tacite ou formelle mystico-satanique alliance passée entre les hommes d’Etat français et le régime PDG.
Au cours de cette longue meurtrière période, la violence d’Etat a fait des morts par l’assassinat de compatriotes qui étaient considérés par les gouvernants comme dangereux parce que porteurs de valeurs et de rêves qui se situaient à l’opposé de la logique et du mode opératoire des fantoches dirigeants du pays. Seuls quelques rares Gabonais, qui sont encore vivants, savent qui a tué et de quoi sont morts Avaro Ambourouet, Mba Germain, Rendjambe Issany, Djoué Dabany, Daniel Adzo Mbene… Mais nombreux savent de quoi, pourquoi sont morts et qui a tué Mandza Ngokuta, Ondo Edou, Martine Oulabou, Doukakas Nziengui. L’on sait aussi pourquoi ont été emprisonnés Pierre Louis Agondjo, Noël Ngwa, Valère Ateba, J. P. Nzoghe Nguema, Anselme Nzoghe, Marc Louis Ropivia, Fidèle Nze Nguema, Simon Oyono Aba’a, Moumbamba Nziengui, Luc Bengono Nsi, Auguste Ambourouet, Marc Saturnin Nang Nguema, Luc Oyougou, Landry Amieng Washington, Bernard Zibi…et j’en oublie !
Dans chaque province du Gabon, des individus et leurs acolytes ont représenté et personnifié le pouvoir PDG en menant une vie de satrape sans jamais penser aux pauvres et démunis compatriotes qui n’avaient et qui n’ont encore pour unique raison de vivre que d’attendre en prière l’aurore, au lever du jour, et le crépuscule du coucher du soleil en remerciant Dieu de leur avoir permis de voir une fois de plus la lumière d’un nouveau jour.
L’Africain noir prie avec ferveur
Non seulement par la foi religieuse, mais surtout pour avouer à Dieu son incapacité à prendre en charge ses responsabilités face à ses difficultés et à ses agresseurs identifiés. Or, si Dieu est le même pour les Blancs et les Noirs, alors les Noirs devraient chercher les moyens d’agir envers les Blancs comme ces derniers agissent contre eux. Depuis des siècles, non seulement le Blanc traite le Noir de sauvage, d’esclave et de sous-homme, mais aussi et surtout, il n’hésite pas, pour ses intérêts, à l’abattre comme on abat une bête. Plusieurs chefs des peuples noirs, en position de chefs d’Etat, ont été assassinés depuis les indépendances gaullistes de l’Afrique francophone pour n’avoir plus été utiles ou obéissants à leurs parrains. La soumission aux puissances étrangères est insérée dans l’ADN des présidents noirs francophones qui font de leurs rejetons les larbins successeurs au paternel trône royal avec le soutien et la complicité de ces puissances. Il est impossible à un seul Etat de sortir de la domination impérialiste. Seul un mouvement des masses populaires peut conduire à la libération de l’Afrique noire avec pour préalable l’accession à la direction des Etats de patriotes courageux, honnêtes et sincères et pour corollaire, le châtiment des traîtres à ce mouvement.
Le processus de se défaire de l’étreinte hégémonique des puissances étrangères sera long et douloureux. Il ne s’agit nullement de prôner la vengeance, la xénophobie, le racisme ou la violence, mais de faire comprendre aux dirigeants africains noirs qu’ils doivent s’adresser à leurs puissants homologues occidentaux avec courage, sagesse, intelligence et franchise en faisant valoir la volonté des peuples noirs d’accéder à la liberté pour exercer leur pouvoir souverain dans leurs cadres de vie tout en coopérant convenablement avec eux. Au sein de la francophonie, le peuple gabonais a été de tout temps le plus moqué, humilié et exploité ; en grande partie à cause des disparités observées entre l’étendue du territoire et la faible démographie, complétées par sa composition ethno-linguistique plurielle, son passé colonial qui a été le prolongement de l’esclavage et sa situation post-coloniale actuelle caractérisée par la forte emprise de l’ancienne force coloniale qui a formaté ses élites. Plus que par le passé, l’ascendant de la France sur le Gabon moderne est devenu plus visible, plus grossier et plus humiliant. Il a été mis en relief quand Ali Bongo a accédé au pouvoir en 2009 et davantage en 2016 lorsqu’après sa défaite face à Jean Ping, les populations ont été fusillées dans l’indifférence générale de la Communauté internationale.
Cependant, aucune fraude électorale, aucune sanglante violence armée ne peuvent faire d’un individu adepte de ces viles pratiques un patriote ou un homme d’Etat adulé, admiré et respecté par le peuple.
Le pouvoir PDG-émergent ruisselle des larmes et de la sueur des parents et abreuve ses femmes et ses hommes du sang des cadavres de la présidentielle de 2016
Comme esseulé en plein désert, le peuple gabonais crie son indignation en revendiquant sa souveraineté et sa victoire usurpées. Un jour futur, il ne serait que justice de soumettre au vote des parlementaires justes et impartiaux ou au peuple gabonais, par referendum, le projet d’ajouter une marque ronde rouge-sang au milieu de la bande jaune du drapeau gabonais afin de léguer à la postérité le souvenir du carnage qui a fait des dizaines de cadavres cette année-là sous le demi siècle du règne du PDG-Bongo-émergent (PDG-BE). Notre génération a l’obligation et le devoir de transmettre objectivement aux compatriotes du futur, sans haine et sans passion, les faits réels contemporains qui s’installent désormais définitivement dans « l’histoire moderne » du peuple gabonais.
Il y a plus de quatre ans, le 5 avril 2017, Emmanuel Jean Michel Frédéric Macron, dit Emmanuel Macron, fraîchement élu président de la France, disait lors d’une interview exclusive à Rfi : « Il me semble que l’élection de Monsieur Ali Bongo est pleine d’incertitudes et d’inconnus qui justifient un jugement circonstanciel ». C’est cet homme, dont l’élection justifiait un jugement circonstanciel, qui, à quelques mois de la présidentielle française, claudiquant, a été reçu à l’Elysée par le presque candidat Macron et a failli s’effondrer sur le parvis de l’Elysée n’eût été la prompte réaction du président français. Si l’hypocrisie est française, quoiqu’ayant disparu chez de nombreux Gabonais, le sentiment de honte demeure celui qui sert et met parfaitement en valeur la fierté, la dignité, la vérité et l’honneur de l’homme. Un individu ou un groupe d’individus qui n’ont plus honte sont appelés à devenir la risée du monde.
Ali Bongo est malade et fatigué. Pourquoi ses parents, amis et connaissances s’évertuent-ils à le montrer dans cet état aux gens du monde ?
Plutôt qu’exposer Ali en public, qu’ils le forcent à aller se soigner, se reposer pour se reconstruire au lieu de le laisser continuer à bloquer le Gabon. Sauf si Ali Bongo a décidé de mourir au pouvoir pour avoir des funérailles républicaines comme Mba et Omar, ses deux prédécesseurs. Quand la mission de gouverner d’un homme est ramenée à la seule volonté d’occuper un prestigieux fauteuil pour profiter de l’exquise jouissance que procurent les apparats du pouvoir d’Etat, cet homme s’auto-disqualifie et ôte au peuple tout espoir de vivre dans une société organisée, saine, tranquille et apaisée. L’unique vérité irréfutable et incontournable du monde des vivants c’est la mort qui est logée dans chaque humain. Ainsi établi, le pouvoir ne devrait pas pousser ses tenants à la donner aux autres. Malheur à celui qui est à l’origine des douleurs qui conduisent à la mort de son prochain !
Il est rapporté dans la Bible des chrétiens que Christ Jésus a été assassiné par crucifixion à la suite de la trahison de Judas qui s’est lui-même donné la mort par pendaison. Le Gabon ressemble aujourd’hui à une sorte de capharnaüm humain où tout ce qui était valeur s’est transformé en son contraire par la faute de certains scélérats impies qui moquent le sacré et blasphèment Dieu et son œuvre. Les images d’Ali et de son ex-directeur de cabinet Accrombessi Nkani se traînant sur le Net sont si éloquentes qu’elles semblent confirmer la parole qui dit que « tout se paie ici bas et que le salaire du péché c’est la mort ».
Les Africains du Gabon et ceux d’ailleurs ne méritent pas le vil et hideux traitement que leurs gouvernants, pour leur paraître et leurs appétits égoïstes, leur font subir. Il sommeille en chacun de nous des sentiments d’amour pour notre pays, notre peuple et nos saines traditions sanctifiées. Que certains se montrent infidèles et irrespectueux à leur égard relève de la trahison, de la bêtise ou de l’ignorance parce qu’ils remplacent « Gabon d’abord » par « Moi d’abord ». En cela, ils conduisent le Gabon, notre bien à tous, à la désolation. Répétons ici que tout Etat qui assassine ses administrés se détourne de Dieu. Toute société qui a proclamé la mort de Dieu est condamnée à pratiquer la mort de l’homme et de ses valeurs sacrées et consacrées. Or, quand les valeurs meurent, c’est sur leurs sépultures que les hérauts malfaisants aiment festoyer. Les populations gabonaises ont hérité de la colonisation la foi en Jésus. Elles en ont fait leur Seigneur et Sauveur sans avoir au préalable approfondi la connaissance de leur religion avant leur adhésion au christianisme pour en découvrir les quelques similitudes et ce qui leur est voisin ou différent. Tous pouvoirs, toutes sociétés en quête de progrès qui ne se nourrissent pas d’une dose de saine spiritualité deviennent un asile de fabrique de citoyens fous, indolents, parjures et voyous. Puisse le Dieu de nos mânes assister le Gabon !