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Chronique/Des vanités humaines aux vertus divines : Le pourvoir PDG et l’Eglise de Jésus au Gabon

« Les fils d’Israël gémirent du fond de la servitude et crièrent. Leur appel monta vers Dieu du fond de la servitude. Dieu entendit leur plainte. Dieu se souvint de son Alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les fils d’Israël : Dieu se rendit compte…. » TOB. Exode 2 de 23 à 25 p 78-79.

Les élections générales à venir seront au centre de l’actualité et du débat politique jusqu’à la saison sèche 2023. Contrairement aux périodes pré-électorales passées qui mettaient en scène  deux catégories d’acteurs nationaux : les partis politiques et les organisations de la société civile ; une troisième composante, et pas des moindres, qui est demeurée silencieuse, discrète et insidieusement partiale pendant des décennies vient, de façon surprenante et solennelle, de « mettre les pieds dans le plat » en faisant une déclaration dont la portée et le contenu rappellent les propos papaux prononcés au Gabon dans un passé relativement lointain.

En effet, depuis quelques jours, les confessions religieuses tiennent, sur les pratiques politico-électorales du Gabon, des propos qui donnent aux croyants en général, aux chrétiens en particulier et aux citoyens athées ou agnostiques désespérés, le sentiment d’être en compagnie de fidèles et fervents ministres du culte du Seigneur Jésus Christ qui leur a recommandé de prendre soin des pauvres, des mécontents et des nécessiteux de toutes les époques.

L’analyse critique des prises de parole récentes des religieux  et du nouveau Premier ministre PDG-Émergent démontrent la volonté de chaque obédience de valoriser ses principes et son éthique : le pouvoir moral, spirituel et l’humanisme pour les hommes de Dieu et le pouvoir politique, administratif et coercitif pour les hommes d’Etat. Plusieurs compatriotes ont noté que les prises de parole et la position de l’Eglise catholique du Gabon, sur les questions sociopolitiques, sont si rares que l’on pourrait affirmer dans le contexte pré-électoral actuel, sans risque de se tromper et sans démagogie, qu’elles sont d’or et constituent une ferme invite adressée, tant aux tenants du pouvoir d’Etat qu’à leurs challengers de l’opposition qui se disent tous partisans des élections transparentes, apaisées et crédibles.

L’ensemble des confessions religieuses par le truchement de Mgr Jean Patrick Iba-ba ont dit que « l’année 2023 doit être placée sous le sceau de la Vérité de la Justice et de la Paix sur le plan politique et social ». En face, le gouvernement a fait diversion par la voix de Bilie-by-Nzé qui a déclaré que « le Gabon doit sortir de la démocratie de la confrontation violente, pour une démocratie plus apaisée, faite d’écoute, de conciliation »…. Si les mots Vérité, Justice et Paix sont sortis de la bouche des disciples de Christ, c’est qu’il pourrait survenir à court terme au Gabon des événements extraordinaires porteurs d’un réconfort collectif… En clamant la vérité, la justice et la paix (j’ajoute la Liberté), les prélats installent le pays dans un cadre de valeurs, de vertus et de spiritualité divines qui toucheraient les cœurs des Etres pieux, aimants et dignes : ceux des sincères patriotes gabonais.

 

La vérité, la justice, la paix et la liberté sont toutes filles de l’Amour.

 

C’est d’elles et par elles que dépendent la tranquillité et la réconciliation du peuple gabonais ; réconciliation qui doit se fonder et se concrétiser par la reconnaissance, le respect et l’affirmation de la souveraineté du peuple par l’Institution la plus décriée au Gabon qui apparaît aux populations, par ses sentences électorales, comme l’incarnation de l’injustice et de la fraude électorale qui débouchent sur la violence armée gratuite qui porte un coup à la paix et à la sécurité des hommes et des biens comme en 2016, après l’éclatante victoire de Jean Ping.

En guise de réponse aux confessions religieuses, le Premier ministre du PDG-Émergent a émis une phrase à la fois sibylline et significative affirmant que « la vraie paix consiste pour chacun de connaître sa place et à s’y tenir ». Si c’est en cela que consiste la vraie paix, en quoi consistent la Vérité et la vraie Justice ?  Cette phraséologie est d’une vacuité indigeste et d’une sonorité creuse révélatrice du malaise gouvernemental. La séparation de l’Etat et de l’Eglise, de la politique et la religion est aujourd’hui un leurre, un lieu-commun qui n’a qu’une portée théorique et non factuelle.

Dans plusieurs pays du monde, les religieux ont pris de vaillantes et héroïques positions en faveur des catégories sociales défavorisées à l’exemple de l’Abbé Pierre en France, de l’archevêque anglican et militant des droits de l’homme Desmond Tutu en Afrique du Sud et de l’archevêque Laurent Monsengwo Pasinya de la RDC… Quand la majorité des citoyens et l’épiscopat, sans concertation ni conciliabule, font le constat que le fonctionnement de l’Etat et de ses Institutions donnent au pays et à son peuple une image qui porte atteinte à leur dignité, à leur honneur et à leur fierté devant le monde entier ; quand un peuple se trouve sans cesse confronté aux problématiques politico-électorales insolubles qui débouchent toujours sur de violents soubresauts sociétaux. Alors l’Eglise a le droit de se mettre en demeure pour se prononcer, sans concessions, sur les agissements et les actions de l’Etat en matière de différenciation des niveaux, des qualités et des conditions de vie des habitants ; des pratiques et du mode d’exercice du pouvoir par les gouvernants et surtout sur la garantie de la sécurité des populations.

Si les pratiques étatiques sont jugées immorales et amorales, agressives et antipopulaires ; l’intervention de l’Eglise a toujours consisté, sous tous les cieux, à préconiser l’apaisement, la vérité  et la justice sur fond de morale. Au Gabon, l’Eglise de Christ est demeurée trop longtemps amorphe, muette et hésitante ; spectatrice en positions assise, à genoux, couchée ou prosternée indifférente aux abus de pouvoir de l’Etat gabonais au point que le Pape lui a intimé l’ordre suivant : « Eglise du Gabon, lève-toi et marche ». Seuls les ringards n’ont pas compris qu’au 21ème siècle, le pouvoir politique et le pouvoir spirituel : l’Etat et l’Eglise ont désormais pour place en partage et commune la société.

Nombreux chrétiens gabonais contemporains vont à la messe les dimanches ; adhèrent aux partis politiques  et prennent part à leurs activités, participent aux compétitions électorales etc. En cas de nécessité, l’Etat confie les missions spécifiques aux chefs religieux. Ce fut le cas en 1990 quand Mgr Basile Mvé Engone, terne autorité ecclésiastique, avait présidé sans audace, objectivité et bravoure la Conférence nationale sous les instructions d’Omar Bongo, l’autorité politique de l’époque. L’Eglise de Jésus est solidement présente dans la société  au milieu des hommes. De ce fait, tout ce qui relève de l’humain ne lui est pas étranger.

Aussi, la vraie place de l’Eglise catholique est aux côtés des affligés et son vrai rôle est de les consoler et d’exhorter les malfaisants à œuvrer pour le triomphe de la Vérité, de la Justice, de la Paix et du Bonheur de la multitude. Le peuple chrétien et les autres citoyens attendent de l’Eglise de Christ du Gabon, qu’elle se lève et sorte définitivement de sa torpeur pour marcher en cadence et sans détours jusqu’au bout du chemin qui a pour unique destination la Transparence, la Vérité et la Justice électorales… Croyant christique, je confesse et révèle en français facile que «  Le Gabon sera le Gabon de Jésus Christ… ».

Guy Nang Bekale

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