Les habitants de toutes les provinces du Gabon connaissent les problèmes et les maux identiques qui rendent insupportables et indécentes les conditions de vie de leurs familles. Malgré quelques nuances, les modes et les cadres de vie des populations des villes et celles de villages ont encore des caractéristiques communes en partage. Ce partage national porte sur la pauvreté et la misère qui font des centres urbains et, particulièrement, les villes des chefs-lieux des 9 provinces du pays, de grands villages en voie de modernisation et de développement.
La configuration géographique et spatiale des capitales provinciales du Gabon ne ressemble en rien aux villes dites modernes de plusieurs pays africains noirs francophones et anglophones : Libreville, Port-Gentil, Franceville, Oyem, Tchibanga, Mouila, Makokou, Koula-Moutou et Lambaréné sont formées de l’agrégation de grossiers rassemblements hétéroclites et anarchiques où se côtoient de luxueux bâtiments ayant plusieurs étages et appartements, de somptueuses villas dans des quartiers huppés et les galetas et taudis amassés comme des grappes de fruits dans des zones insalubres qui sont habitées par des Gabonais aux conditions misérables.
Les populations indigènes et étrangères qui sont propriétaires ou locataires des logements dans ces quartiers ont en commun la circulation en voiture et à pied dans les rues, les mêmes emplettes dans divers magasins et marchés, l’utilisation de la même électricité, l’eau, le carburant, le gaz, etc. commercialisés par les mêmes fournisseurs et aux mêmes coûts. Or, les revenus diffèrent d’un groupe de citoyens à un autre. Les uns perçoivent des millions de Fcfa par mois, voire plus, et d’autres des milliers et moins. Parmi les biens offerts à toute la population gabonaise, l’eau et l’électricité sont des produits de consommation quotidienne de masse indispensables à la vie.
Cependant, en ce 21ème siècle, la majorité des Gabonais ont pour soucis majeurs permanents l’accès à l’eau potable, à l’éclairage public et domestique et aux produits alimentaires et autres biens de consommation de première nécessité. Au moment où une autre équipe arrive à la direction du Gabon, les problématiques et les besoins vitaux des familles nécessiteuses doivent être solutionnés en priorité avec une bienveillante attention. Certes, se projeter sur la construction d’un Libreville 2 est un projet audacieux, ambitieux et passionnant, mais améliorer l’existant crée plus de confiance et une adhésion de la population à la politique des nouveaux gouvernants. Grâce à Dieu, quelques actions du CTRI sont aux balbutiements dans certains domaines, mais…
Les cas de l’eau et de l’électricité
Ces deux produits marchands, qui sont fournis par le même opérateur, causent de grandes frustrations aux populations en ce qu’ils sont payés régulièrement, et parfois davantage, en espèces dans plusieurs localités. Leurs interruptions intempestives et sans explications sont parfois à l’origine des mouvements de revendications et de révoltes. Dans le même contexte, le fournisseur d’eau et d’électricité prive les clients de ses produits pour des non-règlements des factures, souvent peu importantes, en y ajoutant des taxes. Au Gabon, la TVA s’applique sur l’eau et le courant, sur les crédits bancaires, sur les produits alimentaires etcetera.
Tout récemment, la ville de Lambaréné vient de vivre un intense moment de contestation causé par la rupture de fourniture d’électricité qui a mis toute la localité dans l’obscurité pendant longtemps. La réaction de la population en colère fut d’ériger des barrages sur la Nationale : l’un à Adouma, l’autre à Mbolet par Issac. C’est la SEEG qui a le monopole de la distribution de l’eau et de l’électricité et Lambaréné est dans l’une des provinces où, outre les nappes phréatiques, des quantités d’eaux de surface abondent avec le fleuve Ogooué et celles nombreuses des lacs et des rivières. De quels équipements et matériels de production dispose la SEEG pour alimenter les personnes physiques et morales de Lambaréné en électricité ? Certains connaisseurs parlent de 4 grands générateurs qui, en cas de panne, ne sont pas réparés à temps. Est-ce par manque de communication, de pièces ou d’expertise ?
Faits socio-politiques inédits
Sur les réseaux sociaux circulent des vidéos qui demandent au général Oligui Nguema de ne pas parler d’une transition de 2 ans, mais moins, et surtout de ne pas quitter le pouvoir après cette dernière. Ce fait qui, de prime abord, semble anodin, doit faire réfléchir les experts spécialisés dans les analyses des faits et événements socio-politiques. Si le Gabon avait un institut officiel de suivi et d’évaluation des sondages et des analyses prospectives de l’opinion, l’on aurait déjà établi les tendances quantitatives et qualitatives de ces demandes. Soit qu’elles relèvent d’une manœuvre politicienne, soit qu’elles traduisent un potentiel fait majoritaire avéré. Dans tous les cas, si un puissant mouvement populaire se dégage pour plébisciter et imposer, non pas le général, mais le citoyen Brice Clotaire Oligui Nguema comme « président naturel » du peuple, il faudrait examiner et décortiquer cette situation avec objectivité parce qu’elle est susceptible de mobiliser une masse de citoyens en sa faveur et provoquer un « raz-de-marée » électoral qui pourrait compromettre le retour du pouvoir aux civils voulu par la Communauté Internationale et ouvrir la voie à la violence.
A l’évidence, l’après-transition fera des malheureux parmi les opportunistes qui guettent un faux pas du CTRI et qui, malgré quelques incohérences dans les actions et les décisions du comité, celui-ci est encore populaire et adulé par grand nombre de simplets compatriotes. Si une élection présidentielle démocratique, libre et transparente était organisée dans les 8 ou 10 prochains mois, il sera difficile de battre Monsieur Oligui Nguema. L’équation avenir à résoudre est de savoir quel civil pourra battre le général s’il est candidat à la présidentielle post-transition. L’on entend dire que les militaires doivent rendre le pouvoir aux civils comme si ce sont les civils qui ont donné le pouvoir aux soldats. Les militaires ont pris le pouvoir sans l’aide de personne. Ils ont les moyens de décider de le conserver ou pas. L’expression « rendre le pouvoir aux civils » confirme qu’il sera difficile de l’arracher aux militaires qui le détiennent.
Que le peuple se trompe ou pas, les démocrates patriotes doivent lui reconnaître son droit et son pouvoir souverain qu’il peut, par son libre arbitre, confier à un citoyen de son choix. La politique a un côté étrange, déroutant et cruel. Jean Ping et Albert Ondo Ossa ont été candidats à des élections présidentielles qu’ils ont remportées sans pour autant accéder au pouvoir. Oligui Nguema n’a jamais été candidat. Il est président, chef de l’Etat. Et diverses voix aux accents et aux sonorités convergentes proviennent, en clameurs enthousiastes, du tréfonds de la populace et des bas-fonds de la société pour désigner un candidat : le candidat du peuple. L’imprévisibilité et la contingence des données et des faits sociaux donnent aux peuples du monde entier des opportunités pour démontrer leurs options politiques et sociales et affirmer leurs aspirations divines. L’adage dit que la voix du peuple est celle de Dieu (« vox populi vox Dei »)… Le temps édifiera tous les Gabonais.