A la suite de René Ndemezo’o Obiang, Michel Menga, Santiago pour les intimes, est le second notable fang qu’Ali Bongo a réussi à rouler dans la farine grâce à son argent, dans l’affaire des prisonniers politiques que veulent faire libérer les opposants qui se font acheter par Ali, en pensant naïvement jouir du succès de la libération des prévenus politiques en cage actuellement. Récit !
Lors de la mise en place du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Menga est travaillé au corps par les gens de Boa, notamment Emmanuel Issoze Ngondet. De petites gâteries sont offertes au camp de l’opposition que l’on sait tout de même affamé mais qui résiste par dignité et surtout par pudeur en refusant d’aller se livrer aux émergents. Ali Bongo le sait. Il sait aussi qu’un affamé est prêt à supporter la faim aussi longtemps qu’il ne voit pas la bouffe. sauf qu’à la vue de la pitance, cela excite sa voracité au point qu’il est prêt à se goinfrer sans la moindre limite. C’est cette stratégie qu’a adoptée Boa pour corrompre Santiago qui montrait déjà des signes de faiblesse lors de la mise en place du CGE au point qu’on l’accuse d’avoir livré sa voix, cerise sur le gâteau, au camarade Bibalou pour qu’il soit élu président.
Une aubaine pour Boa qui met Issoze en orbite. Ce dernier travaille Santiago au corps. Il fini par accepter de négocier son entrée au gouvernement, mais émet une condition, la libération des prisonniers politiques. Issoze transmet séance tenante la doléance de Santiago à Ali Bongo. « Je ne trouve pas d’inconvénient. Dis lui que je suis prêts à libérer tout le monde, sauf Bertrand Zibi », dira Boa à Issoze. Le message est transféré à Santiago qui dans sa naïveté, est convaincu qu’Ali va respecter sa parole. Il entame alors les négociations. Issoze lui fait une première offre, le ministère des Affaires sociales. Menga va dire non ! Il faut alors lui proposer autre chose de plus juteux. Issoze donne la position de Menga à Ali Bongo. « On va lui donner le ministère de l’Habitat. Précise-lui que c’est la dernière offre et c’est non négociable ! », dira Boa à Issoze qui transmet à qui de droit. Santiago n’a pas le choix que d’accepter l’offre tant il pense déjà au succès qu’il va tirer de la libération des prisonniers politiques.
Et dès que le gouvernement est rendu public, Santiago démarre sa cylindrée, direction chez son leader Barro Chambrier, lui annoncer l’évangile de sa promotion au gouvernement, mais aussi de la libération imminente des détenus politiques, que lui Menga a réussi à arracher à Boa. « Il m’a promis qu’il va faire sortir tout le monde à l’exception de Zibi », dira Menga à Barro. Il semble que Barro lui aurait lancé un regard de déception comme pour lui dire « Mon type, tu es trop naïf ».
En effet, Santiago ne sait pas qu’Ali le fait surveiller désormais et n’apprécie guère qu’il continue de fréquenter Barro. En outre, il ne souhaite pas donner à un opposant corrompu et traitre le monopole de se vanter d’avoir réussi à libérer les otages de l’émergence. Ainsi, lorsque Santiago quitte Barro et monte dans sa voiture, son téléphone sonne. Au bout du fil, un émissaire d’Ali qui fait savoir à Santiago qu’il vient de la part du chef de l’Etat et qu’il a un coli pour lui. Quelques minutes seulement après que Santiago lui ait donné sa position, que l’émissaire du palais gare à côté de lui. Il descend de sa voiture et lui tend un sac bourré d’argent. Mais ce que Santiago ne sait pas, c’est que Boa a décidé de ne plus libérer un seul prisonnier politique. Il devra donc se contenter du pactole que lui a aboulé Boa.
Ne pouvant faire marche-arrière car entièrement dans le vivier de Lucifer, l’homme justifiera son nouveau positionnement par ces mots : «Je suis un Gabonais, je me sens Gabonais et c’est en tant que Gabonais que je suis là. Je peux dire que je suis venu ici pour assumer les responsabilités du Gabonais que je suis, et pour apporter ma contribution à la construction de mon pays ». Personne n’a renié à Menga ses origines gabonaises. On n’a même pas connaissance que, du fait qu’il soit natif de Cocobeach, on dise qu’il est équato comme Ogandaga. Passons !
Désormais dans la tanière de l’émergence, Santiago devient la risée de ses nouveaux amis qui moque sa fragilité financière et son manque de conviction. En effet, chez de nombreux opposant, la conviction et la détermination s’arrêtent là où le ventre commence à crier famine. Les Bongo l’ont compris. Ils savent qu’ils peuvent venir se ravitailler à souhait, dans le marché de la fragilité financière des opposants.
Le comble c’est qu’aujourd’hui, Menga ne sait pas où aller planquer son grisbi. Le mettre dans les banques ? Il devra bien justifier l’origine. Le planquer à la maison ? Boa est capable de le faire braquer et rapatrier tout le gain de Manga au palais. Pour le moment, personne ne sait où Santiago est allé planquer son gain. Il est conscient qu’à un moment où à un autre, Boa en fasse mains basses.
Bon appétit et bon vent à Santiago avec ses anciens nouveaux amis.