Ancienne vice-présidente de l’Union nationale (UN), Estelle Ondo, native d’Oyem, fut parmi les premiers à aller à la soupe indigeste de Boa au lendemain de son coup d’Etat électoral d’août 2016. Une campagne électorale présidentielle durant laquelle, l’ex-vice-présidente de l’UN avait montré sa détermination à « dégager » Boa du pouvoir.
En acceptant le poste de ministre des Eaux et Forêts, elle avait créé la surprise générale. Croyant surfer sur la grande vague de l’émergence en passant des Eaux et Forêts aux Transports, elle a chuté de là pour se retrouver à l’Egalité des chances, une coquille vide « sans rien » : un ministère bidon, sans budget, sans administration centrale, sans personnel autre que son cabinet. Mais ce n’est pas tout. Mal entourée par une bande de copains ramassée ici et là et très souvent en villégiature à Oyem, dans les boîtes de nuit, snacks et autres soirées mondaines, Estelle Ondo a goûté à la partie amère du gâteau nommé « Emergence » : l’humiliation.
Elle aurait, au dernier moment, lors du dernier remaniement, été éjectée des Transports pour se faire remplacer par un de ses anciens DG, de surcroît SG de l’Ajev. Il se dit que c’était une manière de la « punir » pour avoir faire vivre des misères à ce DG. Mais plus encore, un départ des Transports qui s’explique aussi par un manque de lucidité politique avec une autre DG de son ex-ministère, la « reine » Liliane Ngari, épouse Akbar Onanga y’Obeghe (ex-SG du gouvernement et actuel ministre de la junte chargé de la Fonction publique). En effet, mal conseillée, Estelle Ondo aurait pris fait et cause pour les syndicalistes dans la crise qui secoue le Conseil gabonais des chargeurs (arriérés de salaires, mauvaise gouvernance), oubliant que le Gabon est le bien des Bongo et que Liliane est la cousine d’Ali. Elle aurait ainsi exigé un audit de la structure et proposé des nominations pour faire partir Liliane Ngari. Quel toupet ! Une guerre de jupons s’était donc imposée entre les deux dames. Certains de ses proches soufflent ici et là qu’elle avait été piégée par ceux qui, « à la présidence » lui avaient dit de tenir tête à la « parente » de Boa qui a vite fait d’exiger et d’avoir son scalp.
Le nouveau ministre des Transports Justin Ndoundangoye n’a donc pas ménagé son ex-patronne. Il aurait bloqué les engagements au budget faits par Estelle Ondo et ses fournisseurs. Ce qui la prive d’argent pour aller affronter le PDG (Eboué), son ex-parti l’UN (Essone Mengue), Les Démocrates (Obiang Ndong Paulin) et Démocratie nouvelle qui, malgré leur retard sur le terrain, disposent de bases solides pour se dresser contre « l’arriviste collabo » à Oyem. Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir un décret de ministre pour être leader politique au grand nord. Dans la même lancée, le véhicule de fonction d’Estelle Ondo aurait été réquisitionné par la gendarmerie. Complètement empêtrée et dépassée, elle ne donne plus signe de vie à ses ouailles d’Oyem qui commencent par petits groupes à chercher d’autres écuries politiques pour « survivre » politiquement et sauver leurs carrières administratives. Nombreux lorgnent du côté de l’Ajev.
Au plan familial, ce n’est non plus la paix. La grande famille des Ondo n’a plus le prestige d’antan. Et la nomination au gouvernement d’Estelle pour porter le flambeau de la famille à Oyem n’a guerre suscité l’émulation dans la fratrie. Sa demi-sœur, qui aurait eu une fille avec Boa, mène le front familial anti-Estelle Ondo dans tout Oyem et ne s’en cache pas du tout. Au passage, il s’agit de celle-là qui avait poursuivi Boa devant la justice française entre 2015 et 2016 pour exiger de lui un test ADN à défaut de reconnaître formellement sa fille comme issue de leur relation. Cette maîtresse de Boa est en train de monter de toutes pièces une association qui ne vise qu’à déstabiliser sa propre demi-sœur Estelle Ondo.
En 2016, Boa, sentant le coup venir, car faisant face au plan politique national au même débat sur son acte de naissance et sa filiation biologique à Bongo Ondimba, avait dû négocier avec elle une paix « des dupes » précaire contre des dizaines de millions de Fcfa. Elle estimerait aujourd’hui que c’est elle qui est l’amante de Boa et donc la seule qui soit légitime pour être désignée comme député ou ministre à Oyem si Boa veut relever les Ondo. En effet, Boa entretient une relation particulière avec cette famille. Elle serait due, selon la rumeur, à ses origines contestées du Nigeria (Biafra) puisque Jimmy Ondo, demi-frère d’Estelle Ondo, mais proche d’elle, est un ami intime et d’enfance de Boa. Il serait aussi issu du mouvement d’adoption par des Gabonais des enfants rescapés du génocide du Biafra dans les années 1960-1970… A croire cette thèse, les Bongo et les Ondo seraient donc liés par des secrets de famille et de sang (enfant). Ce débat familial peut déboucher sur des conséquences désastreuses pour l’ex-vice-présidente de l’UN devenue promoteur d’un mouvement politique « J’aime Oyem » en vue de ces législatives. Si sa demi-sœur sait que ce type de discours ne vaut rien à Oyem, au moins elle peut nuire à la réputation et à la crédibilité d’Estelle Ondo dans un contexte où les gens en ont marre, pour ainsi dire, non seulement de la suprématie des Ondo, mais aussi des traîtres et collabos de l’émergence, à commencer par un certain Engonga Owono, dit Eboué, le « mignon » ou le prince (ténébreux ?) de Ndamva’a.
Pourtant bien partie, car profitant de l’effritement du PDG au deuxième arrondissement et du vieillissement des ténors de l’opposition radicale, Estelle Ondo est dans une impasse politique aux sources financières, politiques et familiale. Son mentor et beau-frère Boa ne serait plus enclin à la soutenir à cause des pressions de sa maîtresse et demie-d’Estelle. Comme quoi l’idylle entre l’ex-vice-présidente de l’UN et les émergents n’a été que de moyenne durée (2 ans). Sans moyens, sans appui politique de la junte, elle est poussée vers la porte de sortie. Elle aurait dû écouter les conseils de ceux et celles qui avaient tenté de la dissuader que l’appel de Boa est un « piège à con ». Ingrat, tueur et mesquin, le système PDG-Bongo n’en a cure des opposants affamés. Ils sont utilisés un petit temps, puis après ils sont jetés comme des sachets à la vindicte d’une base que l’on croyait avoir réussi à narguer avec les avantages que le régime a fait miroiter durant un petit temps.