Depuis l’apparition du Covud-19 (Coronavirus) chez nous, le gouvernement brille par des hésitations et une sorte d’amateurisme dans la gestion énergique de cette épidémie, aussi bien sur les plans sanitaire et social qu’économique. Et le dernier discours du chef de l’Etat est loin des rassurer le peuple qui s’attendait à mieux. Si l’on n’y prend garde, le régime pourrait, le moment venu, payer le prix de son laxisme. Incapable qu’il est de faire le choix courageux entre les morts du Coronavirus et les morts de la faim. On y va vers un confinement total certes, mais que d’hésitations. 30 cas dont un décès et une guérison au soir du lundi 06 avril 2020. N’est-ce pas inquiétant ?
Gageons qu’il ne sera pas trop tard lorsque le régime prendra enfin la lourde et difficile décision d’un confinement total, car, qu’il le veuille ou pas, c’est bien là un passage obligé au regard de l’évolution de la maladie chez nous, particulièrement à Libreville où on compte au soir du lundi 06 avril, 30 cas.
Depuis des semaines, nous écrivons ici que l’une des mesures radicales pour nous aider dans un temps relativement court, en dehors des mesures salutaires déjà prises jusqu’à présent par le gouvernement, reste un confinement général dur. Mais on ne va pas confiner durement des gens pour le plaisir ou par simple peur d’une contagion du Coronavirus à grande échelle. Contagion qui, chaque jour que Dieu fait, prend de manière inquiétante, de l’ampleur. Le but doit être, dans un premier temps, de procéder au dépistage de tout le monde, en commençant par ceux qui sont venus des pays à risque dès la mi-février jusqu’à la fermeture des frontières aériennes. Ali Bongo a visiblement abondé dans ce sens lors de son discours de vendredi dernier. Sauf que de nombreux Gabonais préfèrent désormais le juger sur pièce. Le dépistage massif et total aura l’avantage, pour un pays de moins de deux (2) millions d’habitants, de tester en un temps record, tout et par conséquent, de rapidement dominer l’épidémie. Au moins on pourra séparer le bon grain de l’ivraie et traiter tranquillement l’ivraie en sachant que le bon grain sera difficilement contaminé dans un pays majoritairement jeune. Il faut faire vite.
Le Cirmf qui, jusqu’à présent, sert de laboratoire d’analyse montre déjà ses limites en affirmant qu’il ne peut effectuer que 250 tests du Covid-19 par jour. Au regard de l’évolution de la pandémie, convenons-en, c’est peu. Le Cermel de Lambaréné n’a pas encore dit sa capacité tout comme les deux laboratoires que le gouvernement vient d’ouvrir à Libreville. Quoi qu’il en soit, le Gabon gagnerait à s’offrir des kits de dépistage rapide s’il veut échapper à un confinement général dur et long auquel il n’est pas socialement et économiquement préparé. A ce moment-là, on pourra même faire du porte-à-porte pour dépister les gens en confinement.
Jusqu’à présent, le Gabon a fait le choix de ne dépister que ceux qui présentent des symptômes et ceux qui ont été en contact avec eux. C’est là un très mauvais choix. Il peut y avoir chez nous des porteurs asymptomatiques qui peuvent propager la maladie sans le savoir, comme c’est le cas actuellement dans les administrations. De nombreux compatriotes venant de pays à risque, parce que se sentant bien après les 14 jours de confinement exigés par le gouvernement, quittent leur domicile pour rendre visite aux proches sans masque ni gants. Dans un pays où le port du masque n’est pas encore systématique et obligatoire, cela ne peut être qu’un facteur de propagation du Covid-19…Alors que si le Gabon, dès le début, avait fait le pari de dépister d’abord ceux qui venaient des pays à risque et qui, pour le moment, sont les plus nombreux dans les cas officiels,on n’en serait certainement pas là. Qu’attendons-nous pour rattraper les choses ? Nous pensons qu’en dehors des mesures barrières prises jusqu’à présent, le port du masque et de gants doit être obligatoire, encore faudrait-il les rendre disponibles.
Des limites prévisibles
Il faut dire que la crise du Covid-19 dévoile les limites sanitaires et économiques du Gabon à venir à bout d’une telle pandémie. Sur le plan sanitaire, au lieu d’améliorer les hôpitaux, nos dirigeants ont fait le choix du minimum, parce qu’eux-mêmes et leur famille avaient les moyens d’aller se faire traiter à l’étranger, particulièrement dans des pays où le système sanitaire est de pointe. Si, en son temps, Omar avait fait de la santé une priorité, il ne serait pas allé mourir en Espagne. Si Ali Bongo avait investi dans la santé, il gèrerait son AVC au Gabon et non à Riyad, à Rabat ou à Londres. Aujourd’hui avec l’actuel Coronavirus, plus aucun pays ne peut servir de refuge sanitaire aux « riches » du Gabon. Alors ils doivent comprendre, la mort dans l’âme, que chacun doit construire son pays, car nous n’avons pas de pays de rechange et investir dans la santé et l’éducation. C’est la meilleure façon de construire un pays. Au Gabon, avouons-le, nous avons clairement négligé la santé et l’éducation pour privilégier le militaire, autrement dit la défense. Mais aujourd’hui, avec le Covid-19, la Kalachnikov ne protège personne. Oui, aujourd’hui, nous sommes confrontés à ces deux dossiers. Comment soigner les Gabonais et comment sauver l’année scolaire et académique ?
Le Covid-19 devrait théoriquement être pour nous une prise de conscience pour rattraper les choses. Mais nous savons bien que nos dirigeants actuels n’ont pas une âme nationaliste. D’ailleurs, alors que la mort rode à nos portes, certains voient le Covid-19 comme une opportunité pour se mettre en évidence, pour trouver un poste juteux et pour gagner beaucoup d’argent avec. Au Gabon, l’argent passe avant tout.
Imaginons un seul instant que nous avons (nous ne le souhaitons pas), plus de trois cent (300) cas par jour sur tout le territoire national, comment allons-nous nous en sortir, qui va diagnostiquer ? Combien de respirateurs avons-nous ? De lits ? Nous manquons de pneumologues, de cardiologues, d’anesthésiste-réanimateurs. Par contre, avec le taux de diabétiques chez nous, d’hypertendus, il est clair que nous risquons des cas graves et ingérables… Et comme si cela ne suffisait pas, de nombreux médecins et personnel soignant ont déserté les hôpitaux, faisant le choix d’un confinement à domicile. Ils se plaignent du fait que le régime ne leur garantie pas d’un matériel de sécurité adéquat.