En réalité, de quels leviers politiques dispose-t-il dans le régime pour résoudre ces problèmes ? Quasiment aucun !
Sur les revendications des enseignants
Bloquées depuis plusieurs mois, les universités, dont la plus grande du pays, l’Université Omar Bongo (UOB), sont l’épicentre des mouvements sociaux qui affectent l’enseignement supérieur public. Les décisions du régime de bloquer les recrutements, les titularisations, les changements de corps et les avancements automatiques, le nouveau mode de calcul des retraites et les non paiements des vacations, des correction des examens et des soutenances de jury depuis des années ont conduit les enseignants et chercheurs du pays dans leur grande majorité à entrer en grève malgré les préavis sans suite déposés auprès de la tutelle en mars 2019. Résultat, sur l’année universitaire 2018-2019, seulement deux mois à peine de cours ont eu lieu au premier semestre, mars-avril. Pour le second semestre, il y a tout juste une semaine que les cours ont repris timidement, les enseignants ayant donné un délai de deux (02) mois à Nkoghe Bekale qui a promis un traitement d’urgence pour les questions des pré-salariés, estimant que les autres revendications seront examinées au terme du recensement en cours des agents de l’Etat.
Sur la gouvernance générale des universités et grandes écoles, Nkoghe Bekale a juste fait de grandes annonces à l’instar de la convocation des états généraux des universités et grandes écoles. Un dribble politique destiné à gagner en temps, une ressource importante, afin d’obtenir des enseignants le démarrage des cours sans contrepartie de leurs revendications. A quoi servent les fameux task force et autres états généraux si, au final, les uns et les autres se partagent les per diem, paient leurs amis fournisseurs et le rapport final, bardé de recommandations dites « pertinentes », jeté aux oubliettes dans les placards des directeurs et autres conseillers sans une suite concrète ?
La solution de Nkoghe Bekale ressemble à du déjà vu dans ce pays. Sans résultat par la suite. Il n’a donc pas véritablement une réelle volonté de régler quoi que ce soit si ce n’est de faire de la communication (caméras, micros) et donc de la simple distraction politique pour exister et se calmer la conscience, de bénéficier de salaires et d’avantages pour lesquels il ne produit, du reste comme Ali Bongo lui-même, aucun résultat à impacter tangiblement le développement social, humain et économique du pays.
Qui désigne les dirigeants des grandes écoles (recteurs, DG, directeurs) si ce n’est le gouvernement ? N’est-ce pas ces derniers qui préfèrent souvent le pourrissement de la situation (de la simple revendication à la fermeture des portails) à l’exemple du blocage actuel du paiement des vacations à l’UOB pour des motifs d’agenda financier personnel (prime de technicité des dirigeants en lieu et place du paiement des droits en attente depuis des mois, voire depuis un à deux ans en faveur de centaines d’autres enseignants) ?
La surpopulation universitaire
Nkoghe Bekale a donc balancé des annonces de réforme sans détails, sans chiffres, sans horizon à l’Enset. Tout cela ne laisse rien présager de concret pour la nouvelle gouvernance universitaire au Gabon qu’il promet désormais avec de nouveaux circulas de formation. Il est aussi revenu sur le désengorgement de l’UOB (30 000 étudiants à l’origine 8 000 bacheliers). Acté sous Omar Bongo, l’Etat s’était engagé dans la construction de nouvelles universités à Oyem, Mouila et Port-Gentil où des maquettes avaient déjà été ventilées, des sites identifiés et des premières posées. En plus de cela, son ministre, le bantou Moukagni-Iwangou, appui l’idée de la création d’un autre pôle universitaire à Akanda avec des résidences universitaires. Ces dernières sont fermées depuis cinq ans déjà pour des motifs politiciens à l’UOB. Pour le régime, tant que le campus sera dans l’UOB, c’est un foyer de contestation dangereux pouvant déboucher sur une insurrection populaire. Il fallait donc le fermer. La réhabilitation entamée (à coup de plusieurs milliards de Fcfa par les amis d’Ali Bongo qu’il avait placés à l’Agence nationale des grands travaux de l’époque) en 2014 avait plus servi à décaisser des fonds. En réalité, la capacité d’accueil est dépassée (1 200 lits pour une population de 30 000 étudiants). En fait, des annonces aux allures de propagande. Car si Nkoghe Bekale et sa bande étaient sérieux, ils auraient, comme dans les « vrais pays » avec de « vrais gens », annoncé le coût des études, de la construction, les délais de démarrage avec des partenaires si telle est leur volonté d’intervenir dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP). D’où la question des moyens (budget) qui explique l’absence de calendrier et donc le manque de crédibilité de ces promesses irresponsables. Encore que, comme le disait un colon : « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient » (Charles Pasqua). On ne gère pas un pays en prenant la jeunesse et l’élite intellectuelle du pays pour des moins que rien.
Quand un chef du gouvernement se dit un pur produit de l’UOB et qu’il vient avancer de telles incongruités en public et dans les médias, on comprend effectivement que c’est un vrai produit de l’UOB telle qu’ils l’ont rendue.