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Décès du journaliste Prince Ozone Magnombe de Télé Africa : Le cynisme inqualifiable des Bongo

Prince Ozone Magnombe, un nom bien connu des téléspectateurs de Télé Africa qui n’est rien d’autre que la télé des Bongo, donc de la famille la plus riche du Gabon. Sauf que le confrère est décédé de manière tragique dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 juin 2023 dans les locaux de la société qui l’employait dans la précarité la plus indescriptible. Il était privé de salaire et frappé par la maladie, les Bongo ayant transformé ces confrères clochards en les privant de leurs salaires depuis plusieurs années déjà. Une télé qui, pourtant, organise, sans la moindre indécence, des téléthons pour financer la campagne du riche Ali Bongo.

Prince Ozone Magnombe, ne pouvant plus payer son loyer et abandonné par sa femme pour qui il devenait une charge, a élu domicile dans les locaux de Télé Africa où sa santé a décliné à petit feu. D’ailleurs, il aura fallu que la presse en parle et que les réseaux sociaux en fassent large écho pour que l’actuel ministre de la Communication s’en émeuve et vienne s’enquérir de l’état de santé du confrère avant de le confier à une structure médicale. Mais le mal était déjà fait. Il a fini par rendre l’âme.
Ne dit-on que c’est la nuit que les grands esprits ont rendez-vous avec le divin ? Prince Ozone a baissé éternellement le micro, un peu amusé par l’arrogance, la suffisance et le mépris de ceux qui ont fait de lui un clochard en le privant de sa dignité. Un peu comme le Christ en croix se moquant de ses bourreaux. Pauvres hommes ! Oui, seul le travail nous rend digne. Prince Ozone, nous le croisions dans certains reportages. Un gars beau, mignon, fringant et plein de vie, mais réservé et sans palabre.
Prince Ozone Magnombe est resté et a servi Télé Africa pendant 20 ans. Presque toute une vie ! Un décès qui survient après celui de Placide Djembi, l’ancien directeur financier de la boîte. Il faudra ici saluer l’humanisme du ministre Mboumba Bissawou qui a permis au confrère de franchir les portes du centre hospitalier universitaire d’Angondjé. C’est là qu’on a découvert que le confrère était frappé de plusieurs AVC silencieux auxquels il n’a malheureusement pas survécu. Même dans un régime où l’égoïsme, la méchanceté, la haine de l’autre, la volonté de le rabaisser plus bas que terre et de l’humilier, il se trouve qu’il y en a encore là-bas qui ont le sens de la générosité. Mboumba Bissawou n’est pas un ami de notre rédaction, mais pour l’acte posé, nous lui levons notre chapeau.
Qui dit Télé Africa, du groupe Canal Sat, dit les Bongo. Et, dans un passé récent, c’était un honneur de travailler là-bas. La chaîne, située au centre-ville, du côté des 9-étages, offrait aux confrères un confort digne d’une chaîne de télévision moderne, surtout à l’époque de son premier patron, Marion Maurice, l’ancien discret patron des écoutes téléphoniques au Gabon. La télé est passée ensuite sous le contrôle de d’Anicet, puis de Pascaline Mferry Bongo Ondimba. C’est là que vont commencer les palabres. Mais Omar Bongo Ondimba, qui n’aimait pas les choses de la honte, venait chaque fois jouer au pompier de service… Et on sait de quoi on parle, car il avait suffi qu’on dise qu’en Guinée Equatoriale à côté, le président Obiang Nguema Mbasogo paye la subvention à la presse pour qu’Omar Bongo s’en émeuve et décide de faire pareil en octroyant à toute la presse écrite libre une subvention de 500 millions de Fcfa. Mais ça c’était Omar Bongo.
Et lorsqu’Ali Bongo usurpe le pouvoir en 2009, il fait le ménage autour de lui en éloignant les membres de sa famille et prend insidieusement le contrôle de la télé. Puis, patatras ! Les salaires ne sont plus régulièrement payés, tout comme l’abonnement canal satellite. Les plus avisés commencent à quitter la boîte alors que ceux qui sont restés se font surprendre par la précarité dans laquelle vont les réduire Ali Bongo et ses hommes. Sinon comment expliquer que Média 241, l’affaire de Pablo Escobar, se tape une manne de 60 millions par mois alors que Télé Africa tire le diable par la queue et que ses journalistes se retrouvent dans une précarité innommable ? Comment expliquer que le même Pablo Escobar, en poste à la présidence de la République, signe des contrats avec l’Etat pour ses propres sociétés de communication alors que la télé privée de la famille du chef de l’Etat en est privée ? Que dit le ministre de la Communication Mboumba Bissawou ? S’il reste un peu d’honneur à Ali Bongo, qu’il prenne tout l’argent gagné lors de son téléthon et le donne à la famille de Prince Ozone Magnombe. Il pourra au moins aider à l’organisation de ses obsèques et ainsi honorer sa mémoire.
Prince Ozone, cher confrère, si de là où tu es tu rencontres notre frangin et confrère Guy Lothar et qu’il te demande comment va la corporation au Gabon, tu lui diras qu’elle se démène avec ses peines et ses misères. Et depuis son départ, rien n’a changé. Les choses ont même empiré depuis l’émergence d’Ali Bongo et ses kleptomanes.
Adieu, confrère ! Nous garderons en éveil le souvenir de nos bons moments et de ton talent parmi nous. Nos sincères condoléances à ta famille charnelle et à celle de Télé Africa.

GPA

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