Le président du Rassemblement national des Bûcherons (RNB) n’a jamais cru à un changement de régime au Gabon par la voie des urnes. Le processus biaisé et annulé du 30 août dernier lui a, une fois de plus, donné raison. Tout comme les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) qui sont parvenus à faire ce que projetait de réaliser l’Alliance pour la démocratie, le développement, l’ordre et la souveraineté (Addos) dont Pierre-André Kombila Koumba était l’un des principaux concepteurs. Le travail pour lui n’est, cependant, pas terminé…
Le président du RNB n’a jamais voulu jouer au cheval de Troie pour le régime émergent que les militaires viennent de déchoir. C’est pourquoi il a refusé de participer aux deux derniers scrutins présidentiels. Il a claqué la porte d’un processus que ses amis de l’opposition de l’époque étaient en train de parasiter plus ou moins volontairement au profit d’un Jean Ping insuffisamment préparé pour prendre le pouvoir de manière effective en 2016 comme la suite du processus l’a démontré plus tard. Il a tenté d’activer, courant 2023, une alliance de toutes les forces vives de la Nation, militaires inclus, qui devait contraindre Ali Bongo Ondimba et le PDG à s’aligner sur les standards internationaux d’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles.
Faute de temps, l’Addos, sur laquelle s’adossait le projet de l’éminent professeur de cardiologie, doublé du politicien aguerri à la lutte, bien avant sa coalition avec le père Paul Mba Abessole, au sein du Morena des Bûcherons, n’a pas pu complètement prendre forme. L’idée a fait, néanmoins, pour ainsi dire, son chemin dans l’esprit de nos compatriotes des forces de défense et de sécurité, généralement bien renseignés. Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), qui a placé le Gl de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema à sa tête, est parvenu, pour ainsi dire, à débarrasser le Gabon d’un régime sclérosé vieux de plus d’un demi-siècle le 30 août dernier.
Prenant rapidement acte des changements intervenus au sommet du pouvoir d’Etat, le Pr Pierre André Kombila Koumba, que d’aucuns voyaient prendre au moins la tête de l’une des deux chambres du Parlement, a été choisi comme sénateur dans le Sénat de transition.
Fin de parcours pour le vieux lutteur à l’esprit critique et au discernement politique toujours aussi vif ? Absolument pas. Le leader politique averti, ne pouvant ignorer que le processus de transition, à encadrer et à surveiller dès lors qu’on est en face des militaires qui pourraient prendre goût au jeu, ne pourrait aboutir à des résultats heureux pour le peuple gabonais que s’il conduit, au final, à l’instauration d’un régime politique qui fasse toute sa place à la transparence et au libre arbitre des concitoyens dans le choix futur de leurs dirigeants. Voilà pourquoi, aussi bien au sein du Conseil national de la démocratie (CND), où il préside la commission dédiée à la restauration des institutions, qu’au sein de la chambre haute de l’institution parlementaire, Pierre André Kombila travaille, sans relâche, à la mise en place d’une nouvelle Constitution, d’une nouvelle commission électorale et d’une loi électorale expurgée des aspérités malignes de l’ancien système.
S’inscrivant dans le sens de l’histoire politique en voie de réécriture dans notre pays, le président du RNB ne peut ignorer qu’il a un legs à destiner à la postérité : son parti politique qui a su résister à l’épreuve du temps et des intempéries politiques provoquées par le système Bongo-PDG passé maître dans la promotion d’un certain nombre d’anti-valeurs comme la fraude et le débauchage des cadres.
C’est pourquoi, s’il n’a pas encore clairement indiqué quand viendra pour lui le moment de passer le relais, il s’active à redynamiser sa structure partisane. Plus uniquement dans son cloisonnement interne, mais aussi en l’inscrivant dans l’action en mouvement de l’unité, du resserrement et du rassemblement des forces politiques de demain.
C’est aussi dans ce sens qu’il faut comprendre son rapprochement avec ses anciens amis du Rassemblement pour le Gabon (RPG) et d’autres formations de l’ancienne opposition.
C’est également dans cette perspective que, résolument, à la faveur de l’inter-session parlementaire, il va reprendre son bâton de pèlerin, déposé l’année dernière à Tchibanga, pour aller au contact de ses bases de l’Ogooué-Maritime, du Woleu-Ntem ou du Moyen-Ogooué dans un ordre qu’il n’a pas encore défini avec ses équipes. Le reste des provinces devant suivre à la prochaine inter-session parlementaire.
Elive Sarah-Noëlle Nyanah-Mbeng