Annoncé par les militaires dès leur prise de pouvoir le 30 août 2023 dernier, le Dialogue national inclusif (DNI) a connu son ouverture ce mardi, 2 avril 2023, au Palais des sports de Libreville. A la baguette de ces assises, qui ont pour vocation de réconcilier les gabonais dans tous les domaines de leur vivre-ensemble, se trouve le général Brice Clotaire Oligui Nguema, le président de la transition. Pendant un mois, les confessions religieuses, les militaires, les politiques, la société civile, les syndicalistes, les jeunes, les femmes, les artistes, la diaspora et autres, vont jeter les bases d’un Gabon nouveau à travers des débats qui se veulent constructifs, apaisés et consensuels.
Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, président de la République chef de l’État, a ouvert ce jour les travaux du Dialogue national inclusif tel qu’il avait fait la promesse à la population gabonaise il y a quelques mois. « Chers compatriotes, sept mois après la mise en place des institutions de la transition et conformément au chronogramme annoncé le 13 novembre 2023, nous voici aujourd’hui rassemblés pour la cérémonie d’ouverture du Dialogue national inclusif dont je salue la mobilisation massive », a déclaré l’homme fort du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au cours de son discours de circonstance.
Par la suite, Oligui Nguema a tenu à faire ressortir le caractère inclusif de ce Dialogue dont il a même prédit la réussite finale, au contraire des autres rencontres que notre pays a organisées par le passé. « (…) Depuis la Conférence nationale de mars-avril 1990, jusqu’à la concertation politique de février 2023, en passant par les Accords de Paris de 1994, les Accords d’Arambo, le Dialogue politique d’Angondjé en 2017, les avancées tant souhaitées par les gabonais sont restées lettre morte. Ces rendez-vous manqués avec l’histoire ne sauraient se reproduire sous l’égide du CTRI », a rassuré l’actuel locataire du Palais du bord, justifiant son argumentaire par quatre raisons. « La première, le nombre de contributions, soit de 38 mille justifiant l’intérêt des gabonais pour ce Dialogue ; la deuxième est liée au nombre de participants qui a été réévalué à 600 participants, contre 300 à la Conférence nationale, 250 pour les Accords d’Arambo et 150 au cours de la Concertation politique de février 2023, c’est dire que nous avons fait mieux ; la troisième concerne les thématiques abordées, car les précédentes rencontres tournaient exclusivement autour des questions politiques, celle-ci met en avant les préoccupations économiques et sociales légitimes des gabonais, autant qu’elle ambitionne de tracer une nouvelle trajectoire à l’histoire de nos institutions, la quatrième raison est que les conclusions de ce Dialogue national inclusif vont être traduites en textes de lois puis soumis à un référendum qui permettra à tous les gabonais de se prononcer sur la proposition d’une nouvelle constitution, c’est là le véritable caractère souverain recherché par le peuple », a martelé Oligui Nguema.
Par ailleurs, le patron du CTRI qui a dit placer cet évènement sous le sceau de Dieu, n’a pas manqué de mettre en garde les politiciens véreux qui verraient ces assises comme une occasion de conservation ou de conquête de pouvoir, avant de rappeler aux participants au Dialogue national inclusif que ‘’la haine, la vengeance, la violence, même verbale, ne sauraient constituer un programme de société’’. « Notre peuple attend beaucoup de vous, de ce dialogue national inclusif, je sais donc compter sur l’esprit consensuel et le sens des responsabilités qui doivent habiter chacun de vous, pour que les travaux débouchent sur la victoire du Gabon », a-t-il lancé à l’endroit des dialogueurs.
Enfin, le sujet sur la commission vérité, justice et réconciliation demandée par une frange de la population gabonaise, ne pouvait être éludé en ce jour d’ouverture de la grande rencontre entre les gabonais. Si Oligui a déclaré que ‘’le CTRI se réserve d’analyser le bien-fondé d’une commission justice, vérité et réconciliation, le moment venu’’, il a également relevé la difficulté, pendant le temps de la transition, ‘’d’établir les responsabilités pour chaque évènement en révoquant les circonstances qui ont prévalues au moment des faits, d’autant plus que sous d’autres cieux, les commissions de ce type ont ouvert des brèches qui ne sont toujours pas fermées malgré les années.’’ Aussi croit-il, ‘’qu’il est bon de revenir dans le passé mais cela ne doit pas empêcher d’avancer’’.