Véritable gadget politique pour détourner l’attention populaire sur le problème de la vacance du pouvoir, le dialogue social dont le PM de la junte Julien Nkoghe Bekale a posé les bases le 23 avril 2019, au cours d’une rencontre avec les syndicats de l’administration publique et privée, n’ira tout simplement pas loin ou n’accouchera que d’autres grèves sauvages d’ici quelques temps.
Un des grands points d’échec de ses prédécesseurs
A peine nommé en janvier 2012, Raymond Ndong Sima avait voulu lancer un dialogue social inclusif et sans tabou dans tous les domaines de la Nation. Il dut faire face aux faucons du régime tapis à la présidence, notamment au tristement redoutable Mogabo. Il recula. Biyoghe Mba (2009-2011) et Ona Ondo (2014-2016) avaient à peine chacun effleuré la question. Le dialogue est une vertu pour les démocrates qui respectent leur propre parole et respectent celle des autres. Mais on est en face d’une dictature qui va dans la mauvaise direction et qui refuse d’avance toute concession. Comment alors un dialogue va-t-il avoir lieu et pour produire finalement quel changement ? Et au profit de qui ? La neutralisation, il faut le savoir, est dans l’ADN de l’actuel régime. Personne ne doit réussir. Tout le monde doit échouer. Et le juge Julien ne fera pas exception…
Les revendications syndicales face à un gouvernement arrogant, autiste et radical
Les récriminations des fonctionnaires sont les points névralgiques sur lequel la junte campe pour faire plaisir au FMI : levée des mesures d’interdiction de recrutement dans la fonction publique pendant 3 ans, levée de la mesure portant blocage des avancées des soldes pendants 3 ans ; levée des mesures de contrôles routiniers et inefficaces des fonctionnaires ; paiement des rappels de soldes bloqués depuis 2013 ; opérationnalisation du nouveau système des avances sur solde pour investissement ; la régularisation des situations administratives dans tous les corps de l’administration publique au nom du principe de l’égalité des fonctionnaires consacré par le statut général de la fonction publique ; annulation des décotes sur les salaires (5 %, 10 % et 15 %), etc. Sur tous ces sujets, le gouvernement, qui devait les annuler depuis la décision de la Cour constitutionnelle de novembre 2018, suite à la saisine de Dynamique unitaire, a décidé de ne pas reculer. Pire, le Conseil des ministres du 31 mars 2019 les a confirmées en violation fragrante de la loi et d’une décision de la Cour constitutionnelle.
Dans la peur des soulèvements de fonctionnaires, alors que le pouvoir vacille avec l’absence prolongée qui tend à devenir définitive d’Ali Bongo à la tête de l’Etat depuis octobre 2018, ils annoncent un vrai « faux » dialogue social. Mais pour discuter de quoi concrètement dans ce contexte de radicalisme gouvernemental ? Pendant combien de temps durera ce dialogue et sous le haut patronage de qui ?