La suppression des prépa bac faisant partie des nombreux points soulevés par le ministre de l’Education nationale, dans le cadre de la lutte contre les réseaux de faux bulletins, relève, hélas, d’un débat tout aussi faux introduit officiellement depuis les années 2009. Tirant son origine d’une expression nomment appelée le « bachotage ».
Les partisans de cette théorie qui, pour la plupart, sont des enseignants du secondaire, indiquent que le « bachotage » consisterait à obtenir l’imprégnation des connaissances par mimétisme ou répétition des exercices standards imposés à l’examen. Compétences qui, selon le même raisonnement, ne seraient valables que pour l’obtention du bac uniquement avec, comme risque, rendre les élèves et futurs étudiants inaptes aux études supérieures. D’où l’échec programmé.
Ces pseudo experts du monde éducatif (hier et encore aujourd’hui, à ce qui semble) ont réussi à faire le tour de force consistant à implanter dans la conscience du plus grand nombre que le passage de certains élèves via ce canal pour obtenir leur diplôme serait nuisible pour leur avenir. Jetant ainsi l’opprobre sur ces structures dites prépa bac qui, malheureusement et à l’inverse des méthodes d’enseignement classique, ont d’excellents résultats aux examens, justifiant l’accroissement exponentiel de ces entités.
Et plutôt que d’apprendre d’elles en cherchant à comprendre leur technique de réussite pour améliorer la qualité de l’enseignement en général et le taux de réussite des établissements publics en particulier, la seule et unique idée de génie est de les fermer alors que tous les raisonnements sont utiles pour comprendre la source de l’échec de nos bambins et que nulle théorie ne doit être écartée. Il ne faut pas en faire un principe sans aucune preuve. Il faut d’abord dire qu’aucune étude sur toute l’étendue du territoire national, sur un échantillon d’enfants, de la sixième à l’université, n’a été commanditée par l’Education nationale qui atteste que cette pratique (tant décriée et source de la mauvaise réputation des prépa) aboutit inévitablement à l’échec programmé dans le supérieur, car c’est cela le raisonnement scientifique utilisé par les Occidentaux pour affirmer et se montrer intransigeants sur certains points en matière d’éducation. Ce ne sont pas des spéculations personnelles basées sur une expérience propre et pas toujours fondés, voire des « on a dit ».
Le problème est qu’une étude prend du temps. Et c’est dans cette argutie que les partisans du changement à tout prix s’engouffrent pour imposer leur opinion en déclarant haut et fort qu’il vaut mieux faire quelque chose que de ne rien faire du tout. Le résultat de ce genre de démarche irréfléchie on le connaît avec le ministre Moundounga et l’ensemble des personnalités qui ont occupé ces fonctions. Un système éducatif en perdition, un niveau général de connaissances perpétuellement en chute libre avec, pour corollaire, fraude et achat de conscience aux examens.
Ensuite, il faut aussi dénoncer le fait que lorsque des parents prennent des professeurs à domicile pour leurs enfants qui, par des exercices répétitifs, vont leur montrer les différents pièges à éviter dans la matière, c’est aussi du « bachotage ». Sachant qu’il y a des élèves qui l’ont pratiqué de la sixième en terminale sans que cela ne gêne qui que ce soit ou affecte leur résultats au supérieur. Bien au contraire ! Sauf qu’il faut être fortuné (cadre moyen ou supérieur) pour disposer d’un ou plusieurs enseignants à domicile.
Et c’est à ce niveau qu’interviennent les prépa bac qui pratiquent des tarifs de groupe pour les foyers les moins nantis ou les plus pauvres. Fermer ces entités étant un mal nécessaire au même titre que les « associations de parents d’élèves illégales », c’est interdire à nombre d’enfants le libre développement de leur personnalité, limiter leur accès à l’emploi, porter atteinte à leur éducation, les soumettre à l’abandon intellectuel et ne pas garantir l’égal accès à l’instruction et à la formation couronnée par l’obtention d’un diplôme, seul garant d’un bon emploi. Donc, restreindre l’égalité des chances de nombre d’enfants de familles pauvres ou peu aisées d’avoir accès à un diplôme ouvrant droit autant à l’université qu’à la vie active au profit des enfants de familles riches. C’est donc l’image que le ministre Mouguiama Daouda laissera aux générations futures et à la postérité d’être parmi ceux qui ont participé à la lutte des classes au profit de ceux qui ont tout. Très certainement parce que lui et sa famille en font dorénavant partie.
Partant de ce simple raisonnement, il y a violation flagrante des dispositions de l’article premier, alinéas 1, 7, 16, 17 et notamment 18 de la Constitution de la République gabonaise permettant aux responsables desdites entités d’attaquer légalement cette mesure devant la juridiction compétente.
Ondo Mba