Le dimanche 27 janvier 2019, la Mission catholique Saint Paul de Donguila, a fêté ses 140 ans d’existence. La messe solennelle était présidée par Monseigneur l’archevêque de Libreville, Basile Mvé Engone. Lors de son homélie, il a surpris plus d’un chrétien en exprimant sa demande de pardon pour les torts qu’il a pu causer aux uns et aux autres.
La belle mission historique Saint Paul de Donguila situé à 50 kilomètres a refusé du monde le dimanche 27 janvier dernier. Elle célébrait le jubilé de ses 140 ans d’évangélisation. Des moments de joie, mais aussi d’intenses souvenirs, particulièrement pour ceux qui ont fait leurs classes là-bas.
Donguila, faudra-t-il le rappeler, a formé de nombreux cadres gabonais à travers les structures datant de la coloniale et qui faisaient la fierté de ce paradis perdu. On se souviendra que c’est aussi elle qui nous a offert le premier évêque noir gabonais Mgr François Ndong.
Mais 140 ans après, Donguila reste une vieille bourgade en pleine forêt équatoriale. S’y rendre relève du parcours du combattant, des ponts qui datent de l’époque de Mathusalem, une route défoncée, parsemé de cratère et autre nids de poule comme si, elle avait connu les affres de la guerre… Mais comme rien n’est impossible à Dieu, la croix que les missionnaires blancs avaient planté là-bas, il y a 140 ans, Ne cesse de porter la lumière de l’évangile de Jésus Christ.
Ainsi, ceux qui ont fait le déplacement de Donguila le 27 janvier dernier, ont été frappés par une double émotion. Emotion de retrouver là, le jeune curé, l’abbé Dimitri Ayatebe. Un nom qui ne dit plus rien à certains d’entre nous. Mais pour rappel, l’abbé Dimitri est ce jeune prêtre qui, en poste au petit séminaire Saint Jean en 2016, avait eu le courage de dénoncer, dire son indignation publiquement, sur le coup d’Etat militaro-électoral d’Ali Bongo et les tueries qui s’en sont suivies. C’était lors de son homélie prononcé le dimanche 16 octobre de l’an de grâce 2016, où l’on fêtait le 29ème dimanche du temps ordinaire. S’étant armée d’un courage que l’on pouvait reconnaître qu’à des prêtres comme l’abbé Noël Ngwa Nguema (puisse Dieu garder son âme dans la paix), l’abbé Dimitri était allé jusqu’à déposer plainte devant Dieu, au nom du peuple Gabonais, contre le régime de Libreville, plainte pour le départ immédiat du « pouvoir dictatorial, cynique, obscur, pervers et meurtrier» du Gabon. Une plainte qui avait suscité une levée de boucliers au sein du régime, au point que l’archevêque de Libreville, un proche du régime envoya son jeune prêtre à Donguila. D’aucuns parleront même « d’affectation disciplinaire » à l’époque.
Emotion aussi lorsque celui qui aujourd’hui fait l’objet des critiques, parfois les plus acerbes d’une bonne partie des gabonais, dont des chrétiens, suites à ses relations de proximité avec le régime de Libreville. Oui, lors de son homélie, Basile Mvé a surpris tout le monde en demandant pardon. Pardon pour les torts qu’il a pu causer aux uns et aux autres. De son côté, il a dit avoir déjà pardonné à ceux qui l’ont blessé.
Nous avons non seulement été émus, mais avons été séduit par cet acte d’humilité et de contrition d’un homme de Dieu qui au soir de sa vie, reconnait tout de même avoir causé du tort aux Gabonais, alors que beaucoup le pensaient insensible au sort des gabonais. Reste à savoir comment cette demande de pardon a été accueilli par le peuple de Dieu présent à Donguila, notamment par de nombreux prêtres qui ces derniers temps, ne cachaient plus leur déception face à la proximité de leur évêque avec le régime sanguinaire et oppresseur de Libreville.
Nous concernant, nous estimons que Basile a tout de même fait là, un grand pas. Aussi bien à la lecture des évangiles certainement, mais aussi à la lecture de la réalité actuelle. Autrement dit, Basile qui se sentait terroriser par Ali Bongo a sonné la révolte vis-à-vis du régime parce qu’il sait au fond de lui-même que ce n’est pas demain que son oppresseur et celui de tout le peuple Gabonais reviendra au pays. Il peut donc parler sans risque d’en payer le prix de ses dires.
Cependant, que Basile ne s’arrête en si bon chemin, qu’il aille plus loin en déconnant ouvertement comme l’avait fait son jeune prêtre, le régime de Libreville, notamment avec tout ce cinéma que nous ce dernier et qui est loin d’honorer notre cher et si beau pays. Les Gabonais aimeraient bien savoir ce qu’en pense Basile. Alors, en ce moment, le peuple appréciera à sa juste valeur, la demande de pardon de cet homme de Dieu plus proche de César (pouvoir politique), que de ses brebis. Dans les évangiles, le Christ trace clairement, la ligne de démarcation entre le divin et le charnel, entre César et Dieu, entre l’éternel et le temporel, entre l’Eglise et le pouvoir politique…