Ce que les émergents font au Gabon et font subir aux Gabonais n’est rien d’autre que ce qu’on appelle en lange fang élang (effronterie), à ne pas confondre avec son homonyme homographe qui, avec une intonation légèrement montante, signifie autre chose que la décence nous interdit de nommer ici. Encore que les émergents usent de ce vocable dans tous les sens pour assujettir les Gabonais.
Un homme se lève un beau matin, crée une structure de micro finance bidon en faisant miroiter des intérêts mirobolants aux clients, puis disparaît avec tout le pactole amassé en laissant les clients dans le désarroi. Il mène la dolce vita en France et n’est inquiété de rien. Elang !
Un autre, inéligible à une élection présidentielle, s’y présente quand même. Il est laminé dans les urnes, mais avec la complicité diabolique de sa belle-mère, braque cette élection et s’installe de force au pouvoir suprême d’où il nargue tous ceux qui osent contester son pouvoir usurpé. Elang !
La Postebank est une vieille institution qui a aidé tant de Gabonais à se construire. En une année, les émergents l’ont complètement désossée, plongeant de milliers d’épargnants dans le trouble et l’émoi. Personne n’en parle plus aujourd’hui. Elang !
En moins de deux mois les prix des hydrocarbures à la pompe ont augmenté sans fournir d’explication aux consommateurs. Personne n’ose bouder, rouspéter pu renacler. Les automobilistes n’ont qu’à s’incliner et à s’aligner (à la station). Elang !
Manu militari on a chassé Veolia de la SEEG pour dénoncer, soi-disant, les intempestifs et récurrents délestages qui font perdre leurs appareils électroménagers aux clients.
L’opposition veut-elle tenir un meeting ? Malgré toutes les démarches administratives menées pour obtenir des autorisations, les émergents ne se gênent pas de disperser les sympathisants en les gazant aux produits décapants. Elang !
On pourrait citer beaucoup d’autres actes, actions, mesures, décisions impopulaires, iniques, scélérats, abjects et franchement ignominieux comme, par exemple, la suppression des ISR, les dissolutions de l’Assemblée nationale et d’un gouvernement, dont se rendent coupables ceux qui gèrent le Gabon aujourd’hui. Ba bo élang (ils sont effrontés).
En somme, le mode de gouvernance émergent est le mode élang. Veux-tu regimber ? Les émergents te font l’élang. Veux-tu un poste ou de l’argent ? Les émergents te font élang (ah, cette intonation !).
Mais, comme le dit un adage fang, mbembè a langha (rien n’est éternel sur cette terre). A force d’étouffer les petites révolutions on finit par engendrer de plus grandes (F. D. Roosevelt). Cet élang va bien finir un jour.
A méditer !