Annoncé au lendemain du pseudo congrès organisé par Michel Menga le 03 janvier 2021, le duo Michel Menga, président auto-proclamé de RHM, et Serges Maurice Mabiala, secrétaire exécutif et, pourtant, député élu et soutenu en août 2019 par Alexandre Barro Chambrier, se présente déjà comme une alliance de « dupes », pour ne pas dire le mariage de la carpe et du lapin, en raison des « réalités » qui divisent les deux plus qu’autre chose. Mabiala attend son heure pour arracher leur fonds de commerce à Menga… Décryptage !
Lorsque Michel Menga est dévoilé dans le remaniement gouvernemental du 04 mai 2018 comme ministre de l’Habitat, Serges Maurice Mabiala (SMM) fut l’un des cadres du RHM autour d’Alexandre Barro Chambrier qui avait crié à la trahison et exigé des sanctions exemplaires contre une telle « forfaiture ». Plus tard, SMM profitera même du « vide », sinon de l’immense espace, laissé par Michel Menga pour monter en grade ou en influence dans l’entourage d’Alexandre Barro Chambrier. Il sera même présenté comme l’éminence grise du cabinet politique du président du RHM. Sans surprise, il devint, lors du congrès de changement de nom, en avril 2019, un des vice-présidents du RHM devenu RPM. Il est militant du RPM dont il détient le mandat et pourrait, par conséquent, le perdre si Barro Chambrier en fait la demande à la Cour constitutionnelle et sur la base du rapport général du congrès du changement de nom. Changement de nom entériné il y a quelques jours par le ministère de l’Intérieur.
Des points de ressemblance ambigus
Les deux acolytes ont des particularités caractérielles en commun. Menga est perçu comme un tribun tout comme SMM. L’un comme l’autre, ils sont persuadés d’être plus brillants et même plus tactiques que la moyenne et sont donc capables de « surprendre » leurs adversaires. Ce qui vient d’être le cas avec leur union. De plus, ils sont capables de renier leurs convictions au gré de leurs intérêts.
Pour un analyste, au sein du parti dirigé par Alexandre Barro Chambrier, l’un et l’autre se sentaient à l’étroit, étouffés. Probablement, la mise en avant de Barro Chambrier comme président dès le début du RHM le 27 juin 2014 à la Chambre de commerce de Libreville jusqu’à l’heure actuelle et surtout son « petit carnet » d’adresses aux plans national et international semblaient les déranger. Ils ont des fortes personnalités qui ne leur permettent pas de supporter le leadership d’une autre personne, en l’occurrence leur ex-camarade Barro Chambrier. En se disputant le bout de papier qui crée le RHM, avec leur statut de « membre fondateur », ils sont, confie un observateur de la scène politique gabonaise avisé, en quête d’une chaire pour exister politiquement et le plus durablement possible jusqu’en 2023. Mais pourquoi donc ?
Objectif 2023 : qui, de Menga ou de Mabiala, va « éliminer » l’autre avant ?
Les deux sont aussi de super ambitieux. S’il n’y a aucun doute sur les velléités de Chambrier à vouloir briguer la présidence de la République, Mabiala serait, selon des analystes, tenté par la même ambition, la même aventure et Menga non plus ne le refuserait. Sauf qu’il n’en a ni l’étoffe, encore moins les moyens. C’est à ce niveau que Mabiala compte lui damer le pion. La finalité n’est pas tant d’être élu, au regard de leur base politique très fragile, voire étroite, respectivement à Cocobeach et à Mouila, mais de peser dans le futur régime (de Nouredin Bongo ou de l’opposant qui sera effectivement élu et installé au pouvoir en cas de vacance ou en 2023). Et c’est précisément là que tout va basculer.
L’un est relativement « jeune » (SMM) et l’autre âgé (Menga). L’avenir de ce faux deal se jouera donc sur le jeune, car entre deux futés, l’un finira par chercher à avoir l’autre. Menga, ministre ou pas, a-t-il la force financière de Mabiala pour soulever un parti politique en le finançant au quotidien comme Barro le fait depuis 2015 en finançant les candidats aux élections intermédiaires et à aller à une présidentielle ? Menga permettra-t-il à Mabiala d’émerger comme leader d’un bout du RHM qu’il veut couper à Alexandre Barro Chambrier pour durer au gouvernement et avoir la bonne vie ? Des questions loin d’être partisanes et qui valent leur pesant d’or au moment où les deux compères, convaincus d’avoir déstabilisé leur formation politique, semblent plutôt se lancer dans une « aventure ambiguë ».
Le duo Menga et Mabiala s’est construit sur la forfaiture et le profito-situationnisme, le nombrilisme, voire sur l’anti-Barro Chambrier. Mais cela constitue-t-il véritablement une démarche crédible auprès des Gabonais abonnés et déçus par de telles acrobaties politiciennes des « opposants » qui vont s’associer au clan Bongo ? Le chantage se présente comme l’arme politique de ce duo. Mais personne n’est plus dupe au sein de la classe politique et chez les diplomates quant au fait que ce duo n’ira pas bien loin. Affaire à suivre.