Les Gabonais ont découvert le mercredi 18 septembre 2024, hébétés, l’acte de contrition d’Ali Bongo Ondimba, qui finalement semble demander pardon, mais du bout des lèvres, à un peuple que lui et sa famille ont opprimé pendant plus de 14 ans. A cela s’ajoute les 42 ans de règne de son père adoptif. Le dictateur émergent nous demande « tourner la page » et d’aller à une « réconciliation nationale »…On le comprend, mais… !
Dans sa lettre de demande pardon, dont nous avons repris quelques extraits, l’enfant-roi écrit : « Je suis pleinement conscient de ce qui a été accompli sous ma présidence, comme également des insuffisances dont j’assume seul la responsabilité, tant sur le plan social que s’agissant du fonctionnement de nos institutions… » Non Monsieur Ali Bongo Ondimba, même en tant que profane du droit, nous savons au moins qu’en matière de délit et de crime, la responsabilité est individuelle, il suffit d’en apporter la preuve. Le CTRI a certainement fait la fleur à votre régime, en fermant les yeux sur les crimes commis par vous-mêmes et vos compagnons tortionnaires, mais le peuple n’oublie pas. Tôt ou tard, vous devez en répondre et c’est seulement en ce moment-là que nous pouvons alors faire notre deuil. Les âmes de nos parents qui sont tombés par les balles de vos soldats pourront alors trouver du repos. Passons !
Ali Bongo poursuit : « Mais ce bilan aussi sincère que douloureux ne saurait justifier que tant d’abus soient perpétrés contre ma femme et mon fils, qui n’a pas serré ses enfants dans les bras depuis plus d’un an. Je connais trop les Gabonais pour savoir qu’ils savent la différence entre justice et vengeance. J’insiste sur ce point, seul Président et responsable de mes décisions, je comprends que malgré les réalisations effectuées sous mes mandats, trop de Gabonais souffrent encore et cela reste mon plus grand regret. Je souhaite de tout cœur que nous soyons en mesure de tourner la page de cette souffrance intime et nationale. Avec un seul et unique but : notre réconciliation nationale.
Aussi, j’appelle mon pays, ses dirigeants et mes concitoyens à renoncer à la vengeance et à écrire sa prochaine Histoire avec harmonie et humanité…»
Ici on comprend mieux ce qui a motivé cette lettre, c’est parce que sa femme et son fils sont en captivité. Et lui-même en difficulté. Nous ne pensons pas qu’aussi bien chez les militaires du CTRI, qu’au sein de la justice, il ait un quelconque sentiment de vengeance. Sylvia et Nourredin ont commis des crimes, ils doivent en répondre devant la loi. Tout ce qu’on peut regretter et qui effectivement peut s’assimiler à de la vengeance, c’est le fait que seul Sylvia et ses ados-pubères sont en prison, alors que d’autres présumés criminels sont en liberté. Certains ont été mêmes recyclés par le CTRI, à l’image du président de l’Assemblée nationale et actuel président de l’Assemblée constituante, Monsieur Jean François Ndongou.
Ali Bongo a passé 14 ans à la tête du pays sans évoquer une seule fois la réconciliation nationale. Au contraire, son régime était le chantre de l’arrogance, des humiliations, des détournements et des assassinats…De quelle réconciliation parle-t-il après tous ces exilés, prisonniers et pertes en vies humaines sous son régime ? N’est-ce pas le pyromane qui crie au feu ?
Nous demander de tourner la page, d’oublier le passé, un passé aussi douloureux que récent, n’est rien d’autres que de nous demander d’amnistier ses crimes. Sommes-nous prêts pour cela ? Non. Il faut rechercher et retrouver les criminels et complices des Bongo Ondimba, les traduire devant la justice, afin qu’ils avouent et demandent pardon. Que la justice passe en tenant compte des aveux, de la demande de pardon et de la volonté de réconciliation…Laisser les choses en l’Etat, c’est courir le risque demain, d’autres viennent commettre les mêmes crimes avec la certitude qu’il ne leur arrivera rien.
Le CTRI a réussi trois choses, la première, avoir empêché le Gabon de connaître l’alternance ; la deuxième, avoir réussi à maintenir le pouvoir dans le Haut-Ogooué et la troisième, avoir réussi à faire en sorte que l’ancienne dictature ne rende pas des comptes. Sauf que sur ce dernier point, personne ne peut faire l’impasse, si on veut construire une paix solide, durable, véritable et parfaite. La Bible nous enseigne que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et se retourne vers lui. Les criminels des régimes de la Rénovation et de l’Emergence, n’avaient le nom de Dieu que du bout des lèvres. Dieu ne pourra leur faire réellement miséricorde, que s’ils posent un acte sincère de contrition en avouant les crimes qu’ils ont commis.
GPA