Un compatriote gabonais, Mike Moussengui, a trouvé la mort le jeudi 22 février dernier à Port-Gentil. Décès survenu au lendemain de son audition à la Direction générale des recherches (DGR) de la gendarmerie nationale pour une affaire de cambriolage qui remonterait à décembre 2023 impliquant un élément dudit corps qui lui aurait servi le verre d’eau suspecté d’avoir été empoisonné. La famille interpelle les nouvelles autorités de la transition pour faire la lumière sur cette affaire qui, pour eux, comporte trop de zones d’ombre et ressemblerait à une suppression par empoisonnement.
C’est encore là une énième affaire impliquant les forces de défense et qui a fini par la mort d’un homme du côté de Port-Gentil. Après Karl Akoué à Libreville, un autre Gabonais vient peut-être de faire les frais de ce qui ressemble à une bavure militaire à Port-Gentil. Selon les faits relatés par un proche de la victime, la nuit du 14 au 15 décembre 2023, alors qu’il se tenait devant son domicile, le défunt Mike Moussengui est interpellé par un dénommé Divassa qui l’interroge sur la raison de sa présence à l’extérieur de son domicile à l’heure du couvre-feu. Ce dernier lui a répondu qu’il est devant sa maison et que ce n’était pas l’heure du couvre-feu (23h). Pas satisfait de cette réponse, Divassa s’en alla et revint avec un gendarme en renfort, le nommé Mayombo, alias Omega. Les deux hommes passent à l’intimidation, allant jusqu’à demander à Mike sa pièce d’identité. Ce à quoi Mike s’est plié en allant dans sa chambre pour prendre sa pièce d’identité. Il a été suivi par l’un des deux hommes qui, lui aussi, s’est introduit dans sa chambre. Ce dernier aurait réussi à dérober les économies de Mike, à hauteur de 650 mille, et deux téléphones.
Mike, après découvert la disparition de son argent et de ses deux téléphones, va enquêter et identifier le domicile de Divassa. Il dépose plainte à la police judiciaire (PJ). Après audition du suspect, l’interpellé, déjà en détention, avoua avoir commis le forfait en complicité avec un de ses amis gendarme, un certain Mayombo, alias Oméga. Les enquêteurs de la police judicaire après l’audition de Divassa ont, eux, confié l’affaire à la Direction générale des recherches et de la contre-ingérence de Port-Gentil (DGR) à cause du statut d’un des indélicats. C’est donc suite à cette affaire, longue de deux mois, que Mike Moussengui avait reçu mercredi la visite des éléments du B2. Selon le témoignage de la petite amie du défunt, « mercredi, en rentrant du travail, j’ai trouvé des agents en train de filmer et de faire le constat afin d’élucider le vol. Les agents ont ensuite demandé comment il a pu laisser le téléphone à cet endroit. À les entendre parler, j’avais l’impression qu’ils voulaient retourner la situation contre Mike afin de protéger leur collègue gendarme ».
C’est suite à cette perquisition qu’ils l’ont conduit dans leurs locaux pour un interrogatoire. Lors de cet interrogatoire, sa compagne confie les craintes de son compagnon joint à la sortie de la garde à vue. « Un moment, il a eu soif. Il a donc demandé à boire, mais on le lui a refusé. C’est le militaire qui a volé qui a pris de l’eau pour lui remettre et c’est cette eau qu’il a bue. En rentrant, il avait une odeur bizarre ». En rentrant, Mike s’est senti très mal. Il avoua à sa compagne que « l’affaire-là est forte. Ils sont (les agents de la DGR) en train de retourner ma version contre moi ». Solidarité de corps oblige ! Un gendarme vient voler chez vous avec un repris de justice, mais ses propres collègues non seulement l’associent à l’enquête, mais encore s’emploient même à faire passer le plaignant pour le fautif. L’étau va donc se refermer sur Mike isolé et intimidé par Oméga et ses collègues. « Ils l’ont menacé et lui ont dit qu’ils vont l’enfermer », témoigne la compagne de Mike. Il faut faire peur au plaignant afin qu’il retire la plainte… Mike est décédé sur le chemin de l’hôpital avec la bave à la bouche et au nez le lendemain. La famille soupçonne un empoisonnement et veut que la lumière soit faite sur cette affaire via une autopsie.
Il faut dire que l’implication des éléments des forces de l’ordre dans des affaire d’abus d’autorité est devenue légion dans notre beau pays et, particulièrement, à Port-Gentil depuis la prise de pouvoir par les militaires. Ce qui remet en question la moralité d’hommes censés protéger le peuple qui n’hésitent pas à utiliser la violence physique ou verbale contre des civils, sans oublier le non-respect des procédures de perquisition et de détention sous le regard impuissant des compatriotes. On espère que le gouvernement se saisira de cette affaire afin que les coupables paient pour leurs actes.
Ornika B.