Après avoir placé la CNSS sous administration provisoire par décret lors du Conseil des ministres du 30 juin 2020, le gouvernement a décidé de répondre favorablement à la demande du président de la Fédération des entreprises du Gabon (FEG), Henri Claude Oyima, celle de confier la gestion de la CNSS et la CNAMGS au secteur privé.
Le président de la FEG en avait formulé la demande lors de l’Assemblée générale de cette organisation, le 10 octobre 2022 dernier. L’administrateur provisoire Christophe Eyi et son mentor le ministre des Affaires sociale Guy Patrick Obiang Ndong s’y opposaient fermement. Ali Bongo vient de couper court à toutes les supputations, en y donnant son imprimatur. C’était lors du déjeuner offert à la FEG, le 08 décembre 2022. C’est donc acté. Reste maintenant à donner la forme légale et juridique par l’adoption de nouveaux textes.
Jusqu’à aujourd’hui, la gestion de la protection sociale a toujours incombé en Afrique, aux gouvernements des Etats. Le Gabon serait donc le premier à placer son système de protection social sous gestion privée.
S’il est vrai que les entreprises privées ont le privilège de bénéficier d’une gestion rigoureuse, privatiser la prévoyance sociale reviendrai d’une part à tuer le principe même de la mise en place de cet organisme et d’autre part, envisager une telle orientation nécessitera des restructurations profondes à la hauteur des exigences qu’imposera la situation, les travailleurs de ces structures pourraient éventuellement en faire les frais.
La privatisation de la prévoyance sociale serait-elle la solution aux soubresauts qui caractérisent la gestion de ces deux entités ? Selon l’hebdomadaire Echos du nord, dans sa parution du 12 décembre 2022, les difficultés que rencontrent les outils de prévoyance sociale que sont la CNSS et la CNAMGS seraient liées d’une part à la mauvaise gestion de personnes affectées à sa gestion, au taux de chômage croissant dont la résultante est la diminution des cotisations, seule ressource de ces entités, mais aussi du fait que l’Etat, le Parti démocratique gabonais (PDG) et certaines entreprises membre de la FEG seraient débiteurs.
La nouvelle intendance devra donc avoir les moyens d’emmener les débiteurs qui ne sont pas des moindres, à s’acquitter de leurs redevances. Mais peut-on en attendre moins, quand on sait qu’au Gabon, la tendance à reproduire les mêmes causes est récurrente.
Ornika B.