Alors que dans les secteurs les plus urgents du pays (santé et éducation) sont à l’abandon, la junte maintien un rythme des dépenses militaires dans une conjoncture économique difficile et en plein accord d’assistance financier du FMI. Alors prépare-t-il la guerre, quid des vrais problèmes sociaux qui touchent réellement les gabonais ?
Selon le dernier rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), le régime d’Ali Bongo a consacré 145,17 milliards de Fcfa en dépenses militaires en 2018. Un budget qui semble en légère baisse de 10% par rapport à 2017 (150 milliards de FCFA), mais qui insiste gravement sur le penchant du régime à prioriser les dépenses (l’achat des armes) en temps de paix alors que les secteurs sociaux (emploi, santé, éducation) ne font pas le contre poids.
Des dépenses militaires aussi élevés dans une double crise économique et sociale
Voilà depuis 2015 que la crise économique frappe le pays. La croissance est passée de 6% à 3 voire 2% en termes réels : les Gabonais sont renvoyés dans les sociétés parfois sans plan social ; le stock des jeunes chômeurs frôle les 100 000 ; une pauvreté monétaire frappe les fonctionnaires et sème la misère dans les couches sociales sans revenu mensuel fixe pour assurer avec certitude et régularité un seul repas journalier. Qui aurait cru qu’après le couteux rapport de 24 milliards de FCFA que Sylvia Bongo avait acheté en fin 2014 pour une prétendue stratégie (rien que la stratégie !) en quelques pages seulement (pas des tomes) pour lutter contre la pauvreté au Gabon, que le Gabon serait, quatre ans plus tard, sans début de mise en œuvre de ces mesures. Le rapport 2018 de la Cour des comptes met en lumière la corruption qui est devenue institutionnalisée dans le régime à tous les niveaux : le butin de la fabrication de passe ports au Cedoc, les crédits de la santé, de l’éducation, les marchés publics, les recettes douanières et fiscales, les recettes pétrolières n’en parlons même plus.
C’est le même gouvernement qui encourage et vit de la corruption qui se permet quand même de dire au reste de la population assujettie de « serrer la ceinture » : suppression en ligne de mire des bourses des étudiants, baisse des salaires des fonctionnaires, gel des recrutements à la Fonction publique et des carrières des fonctionnaires pendant trois ans.
La santé, l’éducation et l’emploi sont donc les « priorités » de l’Etat dans les discours officiels, mais dans la gestion concrète du pays par ce régime, ces secteurs n’ont aucune importance particulière. Résultat, la CNAMGS a des dettes partout et les hôpitaux publics refusent de soigner les gabonais qui y vont en exhibant leur carte d’assuré ; les élèves et étudiants ont marché pour protéger leurs bourses que le régime veut supprimer parce ce régime veut faire des économies qui priorisent les dépenses d’achat d’armes, la santé d’un seul individu Ali Bongo et le train de vie de sa bande (voyages, voitures, investissements personnels, détournements, corruption).
Une structure des dépenses qui indiquent la nature du régime
Dans son rapport 2018, la Cour des compte a noté que c’est à peine 6% du budget de l’Etat qui est réservée à la santé, soit en gros 100 milliards de FCFA (très loin des derrière les dépenses militaires) ; un chiffre qui est aussi loin des autres pays africains qui respectent l’engagement d’Abuja de 2001 qui exige des Etats de réserver 15% au moins de leur budget à ce secteur vital d’un Etat moderne. Pareillement pour ce qui est de l’éducation. Ce secteur n’a que près de 10% actuel du budget. Alors que la moyenne des pays qui sont plus pauvre que nous est de 16%.
La structure des dépenses d’un gouvernement renseignent sur sa nature et l’intérêt qu’il porte à sa population. On voit qu’Ali Bongo et ses gens (du moins ceux qui ont pris le relais de la gestion du régime depuis le 24 octobre) savent qu’ils n’ont pas été élus et que leur priorité est de recruter des mercenaires, des militaires, gendarmes et policiers en masse et payer des armes pour maintenir ce régime contre l’assentiment des Gabonais. En cas de soulèvement populaire, cette armée dont un grand nombre hauts gradés doit leur promotion à des adhésions à des cercles obscurantistes et au régionalisme tribal, et non véritablement à des faits d’armées avérés, descendra dans la rue pour réprimer, semer la mort et le chaos comme on l’a vu le 30 août 2016 au QG de Jean Ping.