Ministre déléguée aux Eaux et Forêts dans le dernier gouvernement Issoze Ngondet, Léa Mikala, qui y émarge pour le compte de la Nyanga et, plus précisément, pour la ville de Moabi, est rapidement rangée dans le lot des erreurs de casting. Et pour cause, comme nombre de ses collègues de cette liste confectionnée par Brice Laccruche Alihanga et son groupe l’Ajev, personne à Moabi n’attendait Léa Mikala à cet échelon politique.
Certes, depuis 2017, elle creusait son sillon dans des actions caritatives en direction de certaines structures, à l’exemple du centre médical de Moabi qu’elle a rénové et équipé. Tout comme la distribution des médicaments dans certains villages du département de la Douigny. Mais tout s’arrêtait là, pour certains politiques locaux.
Il se trouve que l’activisme de ce bout de femme a pourtant tapé dans l’œil du bagnard Noël Mboumba, un transfuge de Renaissance d’Yves Fernand Manfoumbi, passé à l’Ajev de BLA et Nourredin avec armes et bagages. Noël Mboumba avait compétence dans l’Ogooué-Maritime et la Nyanga. Ce cadre de l’Ajev a piloté dans le secret total le dossier qui a abouti à la promotion surprise à Moabi de Léa Mikala qui remplace numériquement Josué Mbadinga, alors ministre d’Etat et patron politique de la Nyanga, qui n’a rien vu venir. Même pas sa propre déchéance politique.
Noël Mboumba, devenu le leader politique de la Nyanga, est-il mêlé à l’agitation dans la province par sa volonté de recruter des cadres pour le compte de l’Ajev ? Seul Hermann Ndzoundou Bignoumba, le DG de la CDC, autre poids lourd de l’Ajev et qui est en charge de Moabi, peut répondre.
Toujours est-il que l’intrusion de Léa Mikala dans la politique à Moabi où elle serait devenue la patronne politique par procuration va déjà poser problème au sein du parti au pouvoir et même de l’Ajev. Hermann Ndzoundou Bignoumba reprochant à Noël Mboumba de lui avoir fait un bébé dans le dos, il fallait donc dégager l’indésirable Mikala. Mais quand et surtout comment ?
Le bout de femme n’a peut-être pas le profil et surtout la puissance financière, mais, contrairement à ses maîtres de l’Ajev et adversaires au PDG, elle connaît le terrain et a bonne presse dans l’opinion jusque dans les rangs de l’opposition radicale ou modérée dans la Douigny. Mieux, elle est ministre, même sans voiture de fonction et autres avantages liés à son nouveau statut.
C’est sur cette base qu’elle sollicite son investiture sur le siège de député au département de la Douigny. Refus catégorique des poids lourds politiques de la province. Désormais sans parrain politique, elle est plutôt appelée à conduire la liste du PDG au département. Elle ne sera donc pas malheureusement député. Humour de Dieu, le candidat investi par le PDG s’écroule avec ses moyens spéciaux devant le pugiliste Nzigou Manfoumbi du Fer. L’homme conduit également la liste de son parti aux locales. Le pugiliste mord la poussière devant le bout de femme indésirable Léa Mikala qui triomphe devant une opposition suffisamment outillée et pratiquement sur ses terres depuis la fuite en catastrophe de Séraphin Moundounga, pourchassé par ses anciens amis émergents.
Quand arrivent les sénatoriales, Léa Mikala croit que son heure est enfin arrivée. Erreur, sa demande d’investiture est rejetée brutalement. Toujours dans l’humour de Dieu, alors que le PDG est majoritaire, son candidat prend une ratonnade face aux Démocrates de Guy Nzouba Ndama qui n’avaient au départ que quatre conseillers. Entre-temps, Léa Mikala est virée du gouvernement comme une malpropre. Elle redevient femme au foyer tout en ayant un regard sur 2023 à Moabi où elle compte voter sans rancune pour le candidat du parti au pouvoir.
Christiane Mbadinga