Les urnes ont rendu leur verdict tard dans la nuit du samedi 16 novembre 2024 dernier, avec une écrasante victoire du « oui » en faveur de la nouvelle Constitution qui va bientôt régir le pays. Naturellement, la campagne a laissé apparaître des divergences au sein de la classe politique. Peu habituelles, cependant, les prises de position inattendues des acteurs majeurs de la transition contre le texte soutenu par le chef de l’Etat.
Ces attitudes vont-elles rester ignorées de la part du président de la transition qui incitait ceux qui étaient en désaccord ouvert avec lui de le quitter ? Rien n’est moins sûr. Comme il est probable que ceux qui ont bien fait le job seront payés en retour. De quelle manière ? Seul Oligui Nguema le sait.
Depuis son discours de Tchibanga, tous les politiciens avertis et, principalement, ceux qu’il a pu caser discrétionnairement au sein des institutions de transition, savent que le général-président n’aime pas spécialement la contradiction. Notamment dans cette ligne droite qui doit rapidement sortir le pays de l’Etat d’exception. Convaincu que des membres de son gouvernement n’en faisaient pas assez pour défendre leur bilan commun face à la contestation véhémente et argumentée du dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, Brice Clotaire Oligui Nguema n’avait pas fait dans la langue de bois pour montrer assez clairement la porte de sortie à celles et ceux qui se sentiraient à l’étroit à ses côtés et ne voulaient pas regarder dans la même direction. Depuis lors, aucune démission n’a été enregistrée au sein du gouvernement. D’aucuns, économiquement pauvres, montrent des signes de cupidité… Mieux, les ministres et leur chef ont vite fait de redoubler d’ardeur pour qui appeler au « oui » massif. Qui d’autre pour croiser le fer épistolairement avec l’homme du relais ?
Après les ministres, les membres du Parlement, qui avaient noté plus de 800 amendements dans le projet de loi qui leur avait été soumis, ont, eux aussi, senti passer la colère du président de la transition qui leur a fait comprendre que les amendements, à son sens, ne devaient concerner que la forme puisqu’on fond c’est quand même lui qui les a librement nommés et que s’il y en avait qui n’étaient pas contents, ils n’avaient plus qu’à rendre leurs tabliers et lui déposer leurs écharpes.
Les honorables et les vénérables, sur le moment, n’ont manifesté aucun état d’âme devant le chef qui venait de leur rappeler les exploits des militaires en si peu de temps aux affaires alors que la classe politique a pataugé pendant des années. Certains parmi ces non élus n’en pensaient pas moins.
Si le volubile Foumboula Libeka a fini par changer de langage et de stratégie, d’autres vont se montrer extrêmement clairs en appelant à voter « non » contre la nouvelle Constitution. C’est, notamment, le cas de Jean Rémi Yama, le président de Dynamique unitaire, sorti de prison par Oligui Nguema et nommé sénateur de transition par ses soins. Cas aussi de Marcel Libama, député et originaire de Franceville. Pareil pour Valentin Léyama qui, lui non plus, n’a pas manqué de critiquer le texte proposé.
Il y a, bien sûr, toutes les personnalités qui n’auraient pas suffisamment mouillé le maillot pendant la campagne qui pourraient s’attendre à des surprises si jamais le chef de la transition tenait à faire des exemples en vue de la prochaine campagne présidentielle où le ministère de l’Intérieur devra compter, cette fois-ci, avec les représentants des futurs adversaires de l’actuel président dans les bureaux de vote. Sans plus avoir la latitude de faire à sa guise certaines choses décriées lors du scrutin référendaire.
A moins que des dispositions de la charte de transition le lui interdisent expressément – et nous n’en connaissons pas -, le Gl de brigade peut congédier tout ou partie des deux chambres du Parlement et y faire entrer à nouveau qui il veut.
Il dispose de la même latitude pour revoir les compositions des délégations spéciales. Comme, bien entendu, il peut décider de changer tout ou partie du gouvernement. C’est d’ailleurs autour de ce futur chantier que les petits et moyens camarades se sont échangés des amabilités. Une quête de positionnement et de repositionnement qui a vu de hautes personnalités déchues du camp d’Ali et de Sylvia Bongo Ondimba perdre complètement le sens des réalités et jeter leurs cours et vécu de droit aux chiens en tentant de voter sans aller à l’isoloir de peur d’être soupçonnées d’avoir voté contre le texte par des adversaires qui comploteraient contre elles. Donc, pour ces irremplaçables, toutes ces années passées aux hautes affaires ne suffisent pas ?
En tous cas, elles devraient savoir, ces anciennes personnalités, que la campagne référendaire a pu révéler ici et là des personnalités politiquement neuves qui pourront apporter à Oligui Nguema ce qu’elles n’ont pas pu offrir aux Bongo père et fils : l’estime vraie des populations.
Nkwara Mendzime