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Gabon/Audience au ministère de la Communication sur la subvention 2024 : Laurence Ndong craque devant les patrons de presse

Convoqué au ministère de la Communication le vendredi 03 janvier 2025 dernier, les patrons d’associations de la presse (écrite et en ligne) indépendante ont honoré à ce rendez-vous. Mais ce qu’ils ne savaient pas, ce que la ministre avait à solder ses comptes envers ces excités qui ont osé écrire des choses pas bien contre elle, la suspectant de vouloir se faire du beurre sur la subvention, au point que le chef de l’Etat s’en est mêlé pour la défendre…Pour une perte de temps, s’en était une.

Le climat était glacial et l’air martial le vendredi 03 janvier dernier au ministère de la Communication en charge des médias. Invités pour 08 heures, il fallait donc quitter les cases au petit matin sans prendre le petit déjeuner pour échapper aux embouteillages, c’est après 10h que la réunion va enfin commencer.

Ce qui paraissait être une réunion visant à s’accorder sur les critères de répartition de la subvention de l’Etat à la presse écrite libre, va malheureusement commencer par une volée de bois vert envers les éditeurs, particulièrement ces « impolis » de la presse en ligne qui ne se sont pas privés de tutoyer la très madame propre ministre de la Com’ en charge des médias dans une affaire de détournement présumé d’une subvention qui n’était même pas encore positionnée, du fait qu’elle aurait parlé de la « réserve obligatoire », un terme inconnu du monde des médias au Gabon…

Curieuse réserve obligatoire

Ce qui avait mis le feu aux poudres à l’époque, part d’un propos de madame la ministre où elle fit savoir que les 500 millions promis par le chef de l’Etat ne seront pas totalement distribués aux organes de presse écrite libre et en ligne comme à l’époque de Yaya Omar…Les organes de presse vont alors s’emballer, car ne s’expliquant pas cette idée de « réserve obligatoire » concernant une subvention souvent totalement versée aux organes de presse bénéficiaires. Le verbe de madame la ministre sera inélégant, qu’à un moment, certains patrons de presse vont envisager de quitter la salle, le climat étant devenu malsain pour une discussion saine. Mais pliant sur l’influence des aînés, tout le monde restera sur son siège jusqu’au moment où la ministre va consentir à baisser le ton…

S’expliquant sur la fameuse réserve obligatoire, elle fit savoir aux patrons de presse que le trésor, en réalité le département du Budget avait déjà prélevé ses 15% et c’est le reste de l’enveloppe, soit la bagatelle 442 977 000fCfa, qui figure sur l’ « OP » (ordre de paiement) du venant du Budget. Sauf que ce montant devra lui aussi subir une autre petite coupe. A savoir les per diem d’astreinte payés à la Commission d’attribution mise en place par la tutelle pour éplucher les dossiers et procéder à la répartition de l’enveloppe en fonction des critères édictés par madame la ministre.

Or, c’est là où le bât blesse. En effet, il n’y a pas que la presse qui reçoit une subvention de l’Etat au Gabon, certaines associations en reçoivent, les partis politiques, les ligues sportives… Mais on ne s’explique pas que ce soit la subvention à la presse libre qui non seulement fait autant de bruit mais où la commission d’attribution et le ministère du Budget peuvent se servir, alors qu’ils ne font pas partie des bénéficiaires.

Parlant des critères d’attribution, la ministre n’a pas fléchi d’un iota, les organes de presse en règle mais qui ont reçu une sanction de la Hac ne sont pas éligibles. Ceux qui ne sont pas en règle ne doivent même pas montrer leur visage, ils n’auront rien. Ne voulant engager ni la polémique encore moins un bras de fer avec la ministre, les patrons de presse ont quitté le ministère à 14h avec le sentiment d’une perte de temps.

Reste qu’ils ont promis ne pas baisser les bras et continuer à donner de la voix afin que non seulement toute l’enveloppe des 500 millions soit mise à leur disposition, mais que l’ensemble des journaux paraissant au Gabon, puissent y émarger, mêmes ceux ayant été sanctionnés par la Hac.

Il faut rappeler que cette subvention avait été accordée par feu Omar Bongo en 2004, à la demande des éditeurs de l’époque, suite à un prix international reçu en Suisse par le journal « Misamu ». D’abord hésitant, Omar Bongo finira pas céder en signe d’orgueil, en apprenant que dans les pays de grandes démocraties, la subvention est versée à la presse libre et qu’on ne comprenait pas qu’au Gabon, la presse qui accompagne la vie démocratique ne soit pas soutenue comme les partis politiques, alors même qu’en Guinée équatoriale voisin, elle est payée. C’est sur cette base qu’Omar Bongo va céder et la fixer à 500 millions. Elle était distribuée avant le 03 mai, marquant « La journée mondiale de la liberté de la presse ». Mais l’année budgétaire étant entamée, il va abouler sur ses fonds propre, l’enveloppe de 250 millions.

Sous Ali Bongo elle va être réduite à sa plus simple expression. C’est avec la gratitude de Brice Clotaire Oligui Nguema qu’elle est repassée à 500 millions. Si à l’époque de Blaise Louembe, la répartition se faisait en présence de tous les bénéficiaires, empêchant ainsi la mise en place d’une commission avec les per diem liés et la suspicion de partialité, aujourd’hui, c’est dans l’opacité de la Commission que la distribution se fait désormais. Le ministère consent juste à autoriser la présence de certains patrons d’association ou leurs délégués pour assister aux travaux de répartition sans voix délibérative.  Cette année, la ministre a décidé d’impliquer l’Unesco et l’OIF et la Primature pour la transparence. Et pour une plus grande transparence, les patrons de presse exigent la publication officielle des montants affectés aux uns et aux autres… Il faut que cela change.

Laurent Lekogo

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