Qu’est-ce qui s’est réellement passé à la SEEG pour qu’on ait fini par débarquer l’éphémère direction générale et poussé le CTRI à opter pour une administration provisoire ? Si les premières sources nous ont orientés vers une gestion hasardeuse de la maison, les dernières révélations d’Africa intelligence (ancienne Lettre du continent) ainsi que les enquêtes menées par notre rédaction montrent que non seulement le mal est plus profond, mais aussi qu’il y aurait intrigues, manipulation et mensonge. Le mal est donc plus profond. Pire, Pierre Duro, qui n’était plus en odeur de sainteté avec son ancien bon petit, le sémillant Joël Lehmann Sandougout, aurait décidé de le punir…
Les bricoles de dame SEEG ne datent pas d’aujourd’hui. Ils trouvent leur origine dans la mal, sinon la mauvaise gouvernance qui a alimenté cette maison depuis les années Omar, ceci avec une dose de politique, de tribalisme et de social.
Nous étions encore gamins lorsque la SEEG se plaignait déjà des problèmes de gestion liés non seulement au refus de certains cols blancs de payer leurs factures, mais aussi à la presque gratuité qui avait été accordée à certains cadres du PDG à l’époque. La SEEG avait alors lancé cette émission sous forme de spot télévisé de sensibilisation à l’époque : « Tous corrects avec la SEEG ». L’audit réalisé à l’époque avait laissé entrevoir que si de petits clients refusaient de s’acquitter de leurs factures et que d’autres se branchaient directement au poteau avec la complicité des agents de la SEEG, lorsqu’ils ne trafiquaient pas leurs compteurs, l’Etat et le PDG étaient de ceux-là qui devaient beaucoup d’argent à la SEEG.
Dans les années 90, la SEEG, une société pourtant viable avec le prix du kilowatt/heure le plus cher au monde, commençait déjà à montrer des signes d’essoufflement. L’Etat décide alors de privatiser. Mais, comme à son habitude, le système Bongo, via son gouvernement, avait truqué l’appel d’offre en désignant la compagnie française Veolia. L’accord entre Veolia et l’Etat donna une concession de 20 ans à la multinationale française. Cette dernière devait non seulement redresser la maison, mais aussi étendre le réseau d’eau et d’électricité au Gabon. De son côté, l’Etat poursuivait son apport en investissement. 20 ans après, la SEEG n’a connu aucune amélioration, en commençant par son propre bâtiment jusqu’à l’outil de production gagné par le vieillissement. L’Etat était le premier à violer son contrat avec Veolia en rechignant d’investir.
Au terme de la concession, Ali Bongo chasse Veolia et nationalise à nouveau la SEEG. Veolia partie, les problèmes vont malheureusement demeurer, sinon empirer. C’est dans cette logique que les ados pubères de Sylvia décident de prendre le contrôle de la boîte en nommant à sa tête leur bon pote, le Sénégalais Oumar Cissé. Levée de boucliers chez les agents qui décident d’éconduire le promu. Cissé est poussé à la démission avant même d’avoir pris ses fonctions. La suite on la connaît…
Lorsque le CTRI arrive, il nomme une nouvelle direction avec des compatriotes dont le patriotisme et la droiture ne prêtent pas à confusion. Sauf qu’avec des moyens limités et sans possibilité de se sucrer, car ayant instauré une gestion orthodoxe, donc sans possibilité de se sucrer comme on a voulu le faire passer, on leur demande de faire l’impossible en moins d’un an. Une aubaine pour Pierre Duro, le patron de la task force depuis le régime de l’émergence.
C’est donc ce dernier qui aurait monté le fameux audit-CTRI qui dévoile la situation de misère de la SEEG. Il fallait faire la démonstration que la dernière équipe de la direction générale n’était pas à la hauteur. Pire, elle aurait fermé les yeux sur une prétendue fraude informatique s’élevant à des milliards sur la vente des tickets Edan. Jusqu’à ce jour, l’enquête ouverte au niveau de la DGR piétine. Rien de probant à se mettre sous la dent. Au niveau des services spéciaux, les langues se délient et pointent du doigt une entourloupe de Duro visant à faire virer son ancien bon petit pour lui apprendre qui a du poids auprès du grand chef du bord de mer.
Chose curieuse, avant même que l’enquête ne soit bouclée, le dernier Conseil des ministres, se basant sur le communiqué 065 du CTRI, prend la décision de virer Joël Lehmann Sandougout et son équipe comme des malpropres qui auraient profité d’une erreur de casting… On rapporte qu’après cela, Duro aurait sabré le champagne avant de contacter ses amis d’Africa intelligence et leur aurait fait écrire à la dictée leur article sur « La crise à la SEEG…». Un article qui transpire la manipulation avec une dose de fausses informations comme lorsqu’il cite le colonel Jean Norbert Madjoupa en le présentant comme le toujours patron de la DGR alors que ce digne officier est relevé de ses fonctions depuis et est mis en jachère, victime des intrigues internes au sein des officiers gendarmes du Haut-Ogooué, car l’homme était souvent cité pour prendre le commandement de ce corps. Il vient de reprendre de l’activité grâce au CTRI, mais dans un autre domaine… Tout comme l’affaire du bateau turc, le Karpowership, qui devait livrer de l’électricité à la SEEG. Il semble que c’est le ministre lui-même, Jeannot Kalima (inspiré par Pierre Duro ?), qui était à la manœuvre. Sauf que le coût mensuel était exorbitant. D’où les hésitations de la direction générale sur ce dossier…
Comme on le voit, les mensonges, les intrigues et les règlements de comptes ont encore de beaux jours à la SEEG et au sein du CTRI. Sauf que des voix autorisées s’élèvent de plus en plus pour exiger le départ du colon Pierre Duro de la tête de la task force où il se paie la tête de nombreux compatriotes nationaux. En effet, on se souvient qu’avant Joël Lehmann Sandougout, Pierre Duro s’était déjà payé la tête de l’homme d’affaires Bah Oumar.
Jusqu’où ira Pierre ?
Affaire à suivre !
Guy Pierre Afane Ayare