De la Constitution de 1991, donnée comme base de référence largement plébiscitée par la majorité de la classe politique, à la mouture sortie du laboratoire où prestaient des hommes proches d’Omar Bongo Ondimba hier, comme l’ancien cacique du parti unique, Zacharie Myboto, il y a un fossé. De quoi alimenter le débat sur ce qui a bien pu incliner les autorités de transition à prendre ce virage à 180°.
Loin du débat de personnes, les divergences d’appréciation autour du projet de la nouvelle Constitution dont doit se doter le pays au terme du référendum à venir méritent quand même que l’on regarde la manière dont le président de transition et ses principaux conseillers conduisent ce processus depuis la fin du Dialogue national inclusif (DNI). Un conclave où les militaires étaient en grand nombre pour parer à l’éventualité que quelqu’un dans les commissions ne tente d’invoquer le rôle des forces de défense et de sécurité nationale et de la garde républicaine lors de tous les processus électoraux qu’avait connus le pays jusqu’au coup d’Etat du 30 août dernier. On n’est jamais assez prudent… Présents aussi en très grand nombre pendant ce dialogue, des obligés du nouveau pouvoir qui étaient, comme de bien entendu, astreints à un certain devoir de reconnaissance (du ventre ?). Le reste n’aura-t-il été qu’habillage ? Seul Dieu, et peut-être Mgr Iba-Ba, le savent…
Toujours est-il que c’est depuis les conclusions de ces assises controversées, elles aussi, que l’on a commencé à parler de la Constitution…fameuse. Fumeuse aussi parce qu’alors que personne n’en avait encore eu connaissance, le CTRI pressait déjà le gouvernement et ses membres à aller en parler et appeler à voter « oui » pour une…arlésienne. Quand, finalement, sous la pression de l’opinion, des pans du projet ont été dévoilés, c’est la réprobation quasi unanime. Non pas sur la disposition discriminatoire excluant certains compatriotes nés d’un seul parent gabonais de la course à la présidentielle, mais surtout sur le nouveau régime politique, à la limite autoritaire, que l’on voulait imposer au pays.
Y a-t-il de quoi voir, à travers ce projet, l’empreinte d’un ancien camarade, devenu opposant, qui, alors au PDG, n’avait pas tout à fait avalé le projet de 1991 qui avait retiré beaucoup de pouvoirs à l’ancien distingué camarade président Omar Bongo Ondimba ? Beaucoup n’ont pas hésité à franchir le pas de l’acquiescement…
Le critère d’âge, qui cible aussi directement des hommes politiques comme le Pr Albert Ondo Ossa, victime, au même titre que le président déchu, du coup de force de fin août 2023, le Premier ministre Raymond Ndong Sima ou le gabono-Chinois Jean Ping Okoka, pourtant plébiscité, comme jamais personne ne l’avait été avant lui, avec cette ampleur sous l’ère pluraliste, président élu du Gabon en 2016. Sauf si Marie Madeleine Mborantsuo, l’ex et actuelle présidente honoraire de la tour de Pise d’hier, atteste encore du contraire aujourd’hui, preuves crédibles et irréfutables de ses affirmations à l’appui.
L’on sait, cependant, que l’éclatement de la vérité des urnes de 2016 n’était plus la tasse de thé du vieil homme qui, pour la première fois, affubla le président de la transition du titre de « président de la République ». C’était au terme d’un long tête-à-tête entre les deux hommes au palais du bord de mer.
On ne sait pas si, au cours de cet entretien, le natif d’Omboué avait eu la certitude qu’il ne pouvait plus dorénavant rêver de présidentielle, ni pour lui-même ni pour sa descendance qui a aussi du sang présidentiel de Mferri Bongo Ondimba…
D’autres métis dans son cas, travaillant aux côtés d’Oligui Nguema, ont eu aussi accepté le sort discriminatoire qui les frappe désormais. C’est peut-être quand ils ne seront plus aux affaires demain, après les scrutins de 2025, que ces femmes et ces hommes, qui appellent à voter « oui » à leur propre marginalisation politique, vont se remettre à parcourir le Gabon pour dire tout le mal qu’il pense d’un texte constitutionnel qui catégorise les Gabonais alors qu’il y a très certainement, dans ce pays et notamment dans des provinces frontalières, des hommes et des femmes 100 % étrangers qui ont sévi au pouvoir avec de faux papiers faisant d’eux des Gabonais à 100 %. C’est le cas du très célèbre « Bla », Brice Laccruche Alihanga, M. Fargeon, 100 % Français. Et il ne serait pas le seul.
Ngale Beghl’Ango