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Gabon : l’espérance trompeuse

Chacune des prises de parole des thuriféraires du PDG nous édifie davantage sur le mensonge conceptuel et son fonctionnement. Ainsi, pour s’en convaincre, n’a-t-on même plus besoin d’un détecteur de mensonge, à cause de la prolifération de leurs menteries aux plans économique, politique, sociale, environnemental et comportemental. Comprenez ! Après deux mandats consécutifs de pillage du pays, en tout espoir de cause, un statutaire qui s’autoproclame « éminent cadre du PDG » jure sur les écritures saintes, sans plaisanterie aucune, qu’Ali Bongo n’est pas comptable de la calamité qui sévit dans le pays et que les responsables de cette situation sont ses prédécesseurs au pouvoir ainsi que ceux du camp d’en face. Sapristi !

On est à se demander quelles sont les mixtures mystico-fétichistes à effets amnésiques que les Bongo font ingurgiter à leurs ouailles pour que leur état mental soit aussi dégradé pour atteindre un niveau aussi élevé d’étourderie et de sortilège ?

Quid de l’entendement ?

Les anciens philosophes avaient déterminé deux voies par lesquelles passent les opinions pour accéder à notre âme. Il s’agit de l’entendement et la volonté, qui sont les sièges de nos connaissances, de leurs modifications, de leurs aménagements et de leurs agencements. Le vrai est l’objet de l’entendement. Le bien est celui de la volonté.
Dirigés avec intelligence, l’entendement et la volonté conduisent l’individu vers la considération de l’autre et de soi-même. Lorsque ces deux voies sont obstruées et remplacées par la bêtise, la lâcheté et la mollesse, la réflexion manque de hauteur, la vie n’est plus qu’un cirque des damnés, des sisyphes, des condamnées aux peines de l’enfer. Des « éminents cadres du PDG » logés à la tête de nos institutions semblent avoir un entendement non abouti, limité et/ou dévoyé qui les maintient dans un état permanent de tutelle, autrement dit, des individus monitorés, moutonnés, incapables de se servir de leur entendement sans la conduite d’un maître. C’est ce à quoi le Gabon est malheureusement confronté dans son âme et sa chair. Mais, nous sommes convaincus de ce que, un jour, notre pays le Gabon sera dirigé par des filles et des fils à l’entendement abouti, des filles et des fils de sciences et de talents, qui sortant de la caverne y redescendront pour l’éclairer. En d’autres termes, nous sommes habités par certitude que dans un futur immédiat, le Gabon aura à sa tête les enfants intelligents et engagés pour le sortir de l’état de délabrement structurel dans lequel il a été précipité.

Mensonge par focalisation

Dans une homélie, un recteur d’église ne croyait pas si bien dire lorsqu’il s’exclamait en ces termes : « Quand nous vivons dans un pays où nous ne savons pas qui gouverne, Salomon dit, ça-là, c’est mal ». Quand le vice gouverne un pays, nous disons, ça-là, c’est mal !
Pour rappeler à ceux qui l’auraient oublié, en grammaire, lorsque deux verbes se suivent, le second se met à l’infinitif. Au Gabon, quand deux Bongo se succèdent à la tête du pays, le suivant se met au superlatif. C’est-à-dire plus voleur, plus pilleur des richesses du pays, plus détourneurs des fonds publics, plus menteur, plus méchant, plus dangereux. Ça-là, c’est mal !
Deux exemples peuvent conforter ce postulat : D’abord, le remplacement organisé par le biais d’une élection truquée par les thuriféraires d’Ali Bongo et le passage inique et anticonstitutionnel entre Ali Bongo et sa femme. En l’absence de bilan de leur gouvernance, face à leur fiasco et au terme de leur mandat, le même brillantissime « éminent cadre du PDG », fieffé menteur doublé d’esclave zélé, se défonce en dérision.
Le factotum en puissance, promu Premier ministre en charge de la réélection du maître, rejette leurs échecs tous azimuts sur les gouvernements antérieurs de Bongo-Père, feignant d’oublier qu’il y avait bel et bien participé à des postes éminents et avait la prépondérance de la parole en tant que ministre des Affaires étrangères puis de la Défense.
Il serait difficile de focaliser et d’implémenter les échecs de quatorze ans de règne sur « les autres ». En politique, les compétences actionnelles d’un gouvernement en place, illégitime soit-il, consistent à engager des actions dans le but de satisfaire les attentes des populations. Accuser les gouvernements d’Omar Bongo pour expliquer les échecs d’Ali peut faire croire qu’il est arrivé là bras ballants et cerveau engourdi, donc sans plan directeur ni la moindre idée des hautes fonctions de l’Etat, avec pour seul intérêt, entretenir et amplifier l’empire financier de la « Famille suprême », tout un programme. Les résultats sembleraient présents, mesurables et palpables au grand dam des populations. Selon le magazine économique américain People With Money, Ali Bongo Ondimba serait le chef d’Etat le mieux payé du monde en 2022 et aurait amassé en une année (novembre 2021-novembre 2022) la prodigieuse somme de quatre-vingt-seize millions d’euros 96 000 000 d’euros, soit l’équivalent de soixante-deux milliards huit cent quatre-vingt millions (62.880.000.000) de FCFA. Excuser du peu !
La fortune de ce « chef d’Etat-entrepreneur » s’élèverait, selon Le Magazine Forbes Afrique, à une bagatelle somme de 600 milliards de Francs, amassés en moins de 12 ans de pouvoir usurpé. Il caracolerait même en bonne place des kleptomanes identifiés.
Toutes les promesses enivrantes, faites aux Gabonais n’ont jamais vu le jour en dépit d’une dette publique en surenchère de sept mille milliards, (7000 milliards) de FCFA. A ce jour, aucun bilan n’est fait pour justifier l’utilisation de ces sommes astronomiques qui étouffent les Gabonais. Nos filiations futures encaisseront les secousses de cette gestion folle et meurtrière.
Sans gêne ni honte, ceux-là dont l’esprit sympathise mieux avec le faux, invitent leur roi, leur seul et unique espoir à un troisième mandat. Pour disent-ils, terminer ce qu’il a commencé, c’est-à-dire le détournement des derniers deniers publics.
A l’évidence, cette invite a une finalité individuelle. La croissance exponentielle de la fortune du chef influe sur celle de « l’éminent cadre du PDG ». Et pour cause, les problèmes de chèques en bois et autres tracasseries financières ne sont plus que des vieux souvenirs. Dans cette posture, il est normal de s’engager à fond la caisse pour la réélection d’Ali Bongo même s’il est complètement, comme il semble paraitre, en « méforme olympique », amorti, hors service et hors sujet.

Nouvelle offre politique : Votez le PDG pour l’espérance

D’aucuns penseront qu’en nous répétant, nous tombons dans le radotage d’enfants qui reprennent de manière fastidieuse la même narration. C’est une forme d’insistance pour permettre de comprendre que les pédé-gistes et leur chef pensent tromper indéfiniment les populations qui connaissent pourtant leur supercherie. Cette posture pédé-giste est au centre de la rupture de confiance avec le peuple qu’ils croient endormir. Le fossé de désamour s’est davantage élargi après les massacres post-électoraux du 31 août 2016 qui ont entrainé des centaines de morts et fait des nombreux blessés et disparitions forcées.
Le pacte méphistophélique des Bongo avec le diable contre le peuple gabonais est noué de telle sorte que ce peuple soit malheureux tous les jours, malheureux toujours et malheureux pour toujours. A partir de ce moment, à quoi les Gabonais, même ceux des provinces de l’Ogooué-Ivindo, de l’Ogooué-Lolo et du Haut-Ogooué qui, parait-il, ont plébiscité le candidat du PDG en 2016, peuvent-ils s’attendre d’un Ali Bongo qui chaque jour amplifie leur misère ?
A la vitesse où va le monde, la logique du « pas à pas » prônée par « les éminents cadres du PDG » ne peut pas assurer le développement intégral du pays. A les entendre parler, le premier mandat du vertugrade Ali Bongo lui a permis de casser le peu de vestiges laissés par son père. Le deuxième aurait servi à construire les autoroutes dans l’ingrate province de l’Ogooué-Maritime. Le prochain mandat sera d’après eux, consacré aux routes de la gentille province de l’Ogooué-Ivindo qui avait élu le chef en 2016. A ce rythme, s’il faut sept ans pour réaliser sept kilomètres de routes bitumées (du Pk5 au Pk12), combien des mandats leur faudra-t-il pour couvrir le réseau routier national et quid des autres besoins vitaux des populations ? Désormais, même les espérantos les plus attitrés de toutes les provinces du Gabon refusent de jouer le rôle du renard de la fable de la Fontaine, parce qu’il n’y a pas de fromage qui tombe. Ils refusent de continuer « d’avoir confiance » en un « avenir sans confiance », de nourrir une espérance trompeuse. Ils sont lassés de cette poudre qui leur est jetée aux yeux à l’effet de mieux les manipuler.
Les provinces du Haut-Ogooué, de l’Ogooué-Lolo et de l’Ogooué-Ivindo qui sont injustement accusées d’avoir accordé leurs suffrages massifs aux candidats du PDG se rendent compte que leur amour pour cette « Famille suprême » a été bercé par une espérance chaque fois trahie.
Les « éminents cadres du PDG » affirment que les provinces de l’Ogooué-Maritime et du Woleu-Ntem ont été bien gratifiées par Ali Bongo avec la construction « d’autoroutes de nouvelles générations » pour l’Ogooué-Maritime et la couvée des premiers ministres pour Woleu-Ntem, alors qu’ils ont toujours marqué leur désamour contre « la Famille suprême ». C’est pour quoi désormais, il faut voter Ali Bongo pour espérer quoi que ce soit. Le nouveau contrat politique ainsi présenté n’est pas loin de vexer les populations abusées du Haut-Ogooué, de l’Ogooué-Lolo et de l’Ogooué-Ivindo qui s’interrogent sur ce que la « Famille suprême » leur a donné, plongées qu’elles sont dans le même déficit développemental que les provinces « inciviques » de l’Estuaire, du Moyen-Ogooué, de la Ngounié, de la Nyanga, de l’Ogooué-Maritime et Woleu-Ntem qui n’ont jamais signé à l’acte de résignation à la « Famille suprême ».

Quand on a tout perdu, la vie est un opprobre et la mort, un devoir

Par rapport à ce que la nature a donné à notre pays, les Gabonais ont serré la vie et l’espérance dans leurs bras. Ils attendaient des emplois rémunérés de l’exploitation de leur forêt, leur sol et sous-sol. Ils entrevoyaient comme probable, recueillir les fruits des grandes espérances, parce que l’espérance a un support et renferme un désir. Mais ils ont oublié que l’espérance est le rêve d’un homme qui veille et surveille son espérance. La doxa énonce qu’un arbre riche peut produire une espérance stérile, l’on ose même parler du paradoxe de la malchance des pays pétroliers. C’est le cas, vraiment le cas de notre pays. Depuis 55 ans et surtout ces dernières 14 années, la « Famille suprême » nous a servi une espérance désespérante, trompeuse et accablante, qui fait de nous des malades sans espérance dans notre propre pays, des pauvres dans un pays riche.
En appelant à une énième candidature d’un membre de la « Famille suprême », les espérantos fondent leur espoir sur la réélection de leur roi, leur seule et unique espérance, le seul soi-disant capable d’assurer le développement du pays. Les Gabonais savent très bien qu’ils s’investissent pour assurer leur positionnement futur qui leur permettra de faire du chantage lors du partage du gâteau. C’est une question de vie ou de mort. Leur champion doit gagner. Aucune autre certitude ne doit se dégager de cette option.
Ne penser qu’à son positionnement et pas aux autres, c’est feindre d’ignorer que nous avons tous un moment à vivre et des espérances pour plusieurs années. Les thuriféraires d’Ali ont beau mentir aujourd’hui, demain, les Gabonais réaliseront leurs espérances. Ils ne céderont pas au précepte selon lequel : « Quand on a tout perdu, la vie est un opprobre et la mort, un devoir ». Qui vivra, verra.
Beauty Nana BAKITA MOUSSAVOU

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