Essassa, à 23 kilomètres de Libreville, a connu des journées agitées en début de semaine. Et pour cause, les populations de cette contrée dépendant du Komo-Mondah n’en pouvaient plus de supporter ce qu’elles considèrent comme une injustice, à savoir la distribution des kits alimentaires à la tête du client. Elles ont donc manifesté leur mécontentement en posant des barricades sur la route Nationale I pour se faire entendre.
Non loin de là, dans certains quartiers de Libreville, certains commerçants se sont réveillés un matin avec la surprise de découvrir leurs magasins éventrés et des produits de première nécessité volés…
Au moment où nous bouclons la première semaine du confinement total du Grand Libreville, avec des fortunes diverses, gageons qu’en décidant de le prolonger, puisque c’est ce qui se dessine, le gouvernement prendra toute la mesure de son laxisme et de son amateurisme, notamment en ce qui concerne les mesures d’accompagnement. On va surtout surveiller pendant combien de temps il va prolonger son confinement alors que le nombre de cas infectés au Covid-19 ne fait qu’augmenter.
Hier, nous avons appris le décès d’un médecin à la fleur de l’âge, frappé par le Covid-19. L’émotion suscitée par ce décès a fait prendre conscience à ceux qui, parmi nous, doutaient encore de la réalité de la pandémie, qu’elle est réellement présent et qu’elle tue. Nous n’allons pas verser dans la polémique, car le moment de la polémique viendra. Juste s’inquiéter du fait que le gouvernement lui-même, au-delà de ce qu’il dit du bout des lèvres, fonctionne sans grande conviction dans la lutte contre la nouvelle pandémie. Le problème est pourtant sérieux et peut dégénérer en une épidémie beaucoup plus grave, mais, comme d’habitude, on nous sert, en guise de réponse (je devrais dire riposte, c’est le terme à la mode), des gesticulations politiciennes, des annonces pompeuses (en copiant sur le voisin), de la sur-médiatisation des actions faussement philanthropiques (toujours suivant les hautes instructions, s’il vous plait). On lance un programme foireux d’aide aux populations pour créer un peu d’animation dans les quartiers et distraire les gens. Et puis, on fait descendre l’armée pour donner une impression… Rien de sérieux dans tout ça. Tout cela alors qu’en réalité on n’a pas de prise sur grand-chose.
Pas de moyens de confiner réellement, pas de moyens de dépister de manière efficace, pas de moyens de mettre en place une supervision rigoureuse (données fiables) et systématique et, surtout, on ne s’est pas non plus donné les moyens d’assurer la prise en charge dans de bonnes conditions de ceux qui pourraient présenter des cas sévères de la maladie. On parle pourtant d’enveloppes assez conséquentes engagées, mais orientées principalement au financement de mesures dérisoires et ponctuelles. Rien de bien structurant, mais là encore, il n’y a pas de surprise…
« La gazelle ne sera jamais le bébé de l’éléphant », nous enseigne une sagesse gabonaise. Le problème est plus grave, plus profond et nous ramène toujours à cette question de la légitimité des gouvernants. Cependant, nous avons maintenant compris que, dans ce pays, si on n’est pas en situation de proposer une alternative, alors il vaut mieux se contenter de se taire en n’oubliant pas de se laver les mains. Même sans eau, ce n’est pas grave, c’est sur instruction du chef de l’Etat et c’est tout ce qui compte. Sauf qu’actuellement, les « bagandos », en plein confinement, sont en rupture de « kobolos ». Leur réaction est à surveiller et à craindre. Tout comme celle des Gabonais d’en bas qui, jusque-là, vivaient au jour le jour.