La création d’une instance appelée « Comité consultatif national », était-elle prévue dans le chronogramme du CTRI, adopté par le parlement de transition ? La question reste posée depuis la lecture du Communiqué lu mardi dernier par le porte-parole du CTRI, Ulrich Manfoumbi-Manfoumbi.
Il existe aussi des interrogations quant à l’objectif visé par la mise en place de ce CCN, avec l’exhumation de certains vestiges du passé et des reliques du mono, au moment où le Dialogue national Inclusif vient de recommander que l’on sanctionnât des tenants de l’ordre ancien dont le peuple veut se débarrasser.
Avec qui et dans quel timing le CTRI veut-il se hâter à restaurer les institutions du Gabon, instrumentalisées par le PDG et ses créatures depuis plus d’un demi-siècle dans ce pays ? Si les militaires ont bien posé le diagnostic qu’il fallait en arriver-là, c’est bien parce qu’à l’évidence, ils se sont rendus compte qu’il y avait matière à nettoyer les écuries d’Augias, en laissant au moins au repos, des femmes et des hommes qui ont tellement travaillé pour l’ancien régime, qu’ils mériteraient de prendre un peu de repos, maintenant que leur bête noire, Ali Bongo Ondimba a été mis hors d’état de leur nuire.
Mais non, voilà qu’ils reprennent du service, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays, au service d’un pouvoir neuf qui ne gagne absolument à se lester de toutes ces reliques qui en ont fait voir de toutes les couleurs sous le pouvoir d’Omar Bongo Ondimba. Des personnalités qui, même passées dans l’opposition (quelle opposition (?) se sont empressées dans leurs formations politiques respectives, de dupliquer les modèles hérités de la maison-mère dont ils avaient parfois été chassés. Mais voilà que malgré tout ils reviennent, pour aider les autorités de la transition à concevoir des textes qu’ils n’ont eu de cesse de traumatiser tout au long de leur passage au parti unique, taillant les pièces des documents aux mensurations du grand camarade président-fondateur El Hadj Omar Bongo Ondimba. Voudrait-on qu’on en reprenne le chemin, que l’on ne s’y prendrait pas autrement… Mais alors, tant qu’à faire, pourquoi ne pas solliciter l’expertise avérée et avertie des « 3 M » tant qu’on y est encore ?
On vient d’épuiser un mois en consultation à Angondjè. Pourquoi faudrait-il encore perdre du temps et toujours aussi sûrement de l’argent, pour faire un travail dont la base retenue a été la Constitution de 1991. Est-ce que pour retoucher une telle constitution et y ajouter les seuls éléments pertinents du DNS d’Angondjè, il faille autant tergiverser pour que soient associés, ensemble dans l’ouvrage à parfaire, connaisseurs et ignorants, beaux-pères et beaux fils ?
Alors que l’opinion s’oppose à ce que l’Assemblée nationale et le Sénat de transition, absolument pas représentatifs de l’ensemble des départements du pays, et très déséquilibré en faveur des forces prédatrices et d’inertie du PDG et de ses alliés de tous bords, soient purement et simplement transformés en Constituante. Voici qu’on nous sert maintenant une instance où émergent des personnalités qui ont déjà donné et qui se posent ainsi en juges et arbitres d’un processus à verrouiller à tous les niveaux. Pourtant il n’y a pas match. Un peu de fair-play et de sérénité. Y a pas le feu. Tout vous est sous contrôle.