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Gabon/Présidentielle 2025 : Oligui, le CTRI et les autres

Cloture du Dialogue National Inclusif en presence dupresident de la Transition, Brice Clotaire Oligui et du president centrafricain Faustin-Archange Touadera, le 30 avril 2024.

Fini la période référendaire qui pousse peu à peu vers la fin de la transition militaire ! En ligne de mire, la future présidentielle d’août 2025, ou avant. Même s’il ne s’est pas encore prononcé pour la cause, on n’a pas besoin d’être un devin pour deviner que l’actuel chef de l’Etat, chef de la transition, le Gl de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, sera bel et bien candidat à cette élection et s’y prépare en coulisses. Reste à savoir qui seront les hommes qui vont l’accompagner, ceux qui vont le contester étant déjà connus, ou presque…

Jusqu’à présent, l’homme semble être le matre des horloges. Contre vents et marées il se bat tant bien que mal pour faire respecter le calendrier de la transition, sa transition. Après le Dialogue national dit inclusif, le gouvernement, via le ministre de l’Intérieur, vient de faire valider, lors du référendum, le projet de Constitution. Constitution qui n’entrera en vigueur qu’après la prochaine présidentielle.
Cependant, depuis le coup d’Etat du 30 août 2023 et son retentissant succès, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et l’unanimité née et constatée lors de ce matin-là et des semaines qui s’en sont suivies s’est largement effritée. Autrement dit, de nombreux soutien d’hier ont pris de la distance vis-à-vis du CTRI et de son chef. D’aucuns sont rentrés dans leur coquille par peur de représailles. D’autres, à l’exemple de l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie-by-Nze ou de l’oncle de la République, Albert Ondo Ossa, donnent de la voix. Des voix qui commencent à agacer le patron de la transition, qui, lorsqu’il peut, se débrouille à rendre coup pour coup comme lors de son passage à Tchibanga (tournée républicaine). Et pourtant, l’homme est très bien entouré. A ses côtés, il y a le CTRI (Comité pour la transition et la restauration des institutions). Il y a, ensuite, l’administration de la présidence de la République avec de nombreux commis d’Etat, et pas des moindres. Non loin de là, il y a le gouvernement, une équipe qui, malheureusement, ressemble à un concentré de hauts commis d’Etat, d’amateurs, de cupides, de tortionnaires et de profito-situationnistes… Et puis, il y a le Parlement. Un Parlement nommé pourtant par le président de la transition lui-même pour l’aider dans l’élaboration et le vote des lois. Mais où, malheureusement aujourd’hui, d’aucuns, comme s’ils étaient de vrais élus, estiment désormais qu’ils ont un devoir d’ingratitude envers leur bienfaiteur. Ainsi, lors de la campagne référendaire, certains d’entre eux ne se sont pas empêchés d’appeler à haute voix les populations à opter pour le vote du « non », faisant ainsi cause commune avec Alain Claude Bilie-by-Nze. Maintenant que la Constitution a été votée, malgré le fort taux d’abstention, il leur reste quoi ? A tirer les conséquences de leur opposition en démissionnant des instances de gestion où Oligui les a nommés et poursuivre ouvertement leur opposition…
Revenons au CTRI ! On constate, pour le déplorer, que de nombreux militaires ont fini par prendre goût aux honneurs et à l’argent facile. Ces néo affairistes en treillis de la transition seront une vraie épine dans le pied d’Oligui Nguema demain, surtout s’il cherche à dégommer certains. D’ailleurs, on voit toute sa gêne à virer le patron de la police alors que des éléments de ce corps viennent de jeter l’opprobre et le discrédit sur toute une corporation en se lançant dans le trafic illicite de drogue. Si des policiers gradés peuvent s’adonner librement à une activité illicite sans être longtemps inquiétés, alors qu’ils font eux-mêmes dans le renseignement, c’est que la hiérarchie pose problème. Mais, passons !
Que dire du gouvernement ? Il s’agit d’une équipe où chacun prêche pour lui-même, ou presque. D’ailleurs, à un moment, l’actuel Premier ministre ne faisait plus mystère de ses contradictions avec son patron de président. Et pour vouloir couper l’herbe sous les pieds de Raymond Ndong Sima, Brice Clotaire Oligui Nguema avait cru bon de lui coller un vice-Premier ministre en la personne d’Alexandre Barro Chambrier. Seulement voilà ! Dans les milieux proches du chef de l’Etat, notamment au palais du bord de mer, des bruits de couloirs distillent que Barro Chambrier ne ferait pas le job pour lequel il a été nommé. Pire, il ferait désormais ami-ami avec Ndong Sima. Une sorte de solidarité des anciens d’Alternance 2023…Oligui devra se tourner les méninges pour garder ces deux hauts commis d’Etat sous son contrôle jusqu’à la prochaine présidentielle et, surtout, faire en sorte qu’ils fassent le job pour lui en allant battre campagne en son nom et faire en sorte qu’ils ne s’opposent pas à lui en soutenant d’autres candidats plus futés en politique.
Toutefois, la suspicion née des rapports entre le chef de l’Etat, son PM et son VPM laissera certainement des traces. Mais le futur candidat devra tout faire pour que la confiance revienne, malgré ses incertitudes et ses doutes sur la fidélité des deux membres de la Primature.
En face, Oligui Nguema devra gérer une opposition où certains ne font plus mystère de leur félonie. Et les félons, il y en aurait même au sein du CTRI. Tapis dans l’ombre, ils attendent leur heure. Mais pas à visage découvert. Oligui devra se faire un dos d’acier pour recevoir les coups venant d’Alain Claude Bilie-by-Nze, Pierre Claver Maganga Moussavou, Albert Ondo Ossa et tous les autres déçus de la politique de Brice Clotaire Oligui Nguema.
Comme on le voit, après le vote de la nouvelle Constitution, cap vers la prochaine présidentielle. Brice Clotaire Oligui Nguema réussira-t-il à mobiliser la République, sinon le maximum de cadres, de paysans, de fonctionnaires et d’élèves autour de sa candidature ? Le Josué du CTRI, par les actes qu’il pose librement, commence à comprendre que les opprimés accueillent souvent mal leur libérateur, surtout lorsqu’à un moment, le libérateur finit par prendre l’ancien oppresseur en estime en le mettant au même dénominateur que l’oppressé.

Guy Pierre Afane Ayare

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