Notre compatriote Bertrand Biyeghe est dans tous ses états depuis quelques jours. Normal ! L’homme sent que le projet de développement touristique qu’il a initié depuis 2008 risque de lui passer sous le nez. Et pour cause, non seulement une autre association, créée pour les besoins de la même cause, semble avoir les faveurs du CTRI, mais, mieux, une cagnotte, dit-on, d’1,8 milliard aurait été dégagée par le CTRI pour la mise en route dudit projet sans que l’initiateur ne soit ni informé, encore moins associé. Il aurait décidé de faire feu de tout bois.
En 2008, sieur Bertrand Biyeghe crée une agence de tourisme dénommée « La Vague loisir ». Il ambitionne d’aménager et développer l’île Samory Touré, au large des rives fleuve Ogooué à Ndjolé.
Après avoir ficelé son projet, il se rapproche du ministre du Tourisme de l’époque, le général d’armée Idriss Firmin Ngari, pour les formalités administratives. Ce dernier, séduit par le projet, décide d’engager le gouvernement dans cette aventure. Une étude de faisabilité est alors confiée au cabinet Africa consulting. Le cabinet rend son rapport en mai 2009 et conclut que le projet est viable. Reste à trouver les fonds.
Avec ses petites économies, Biyeghe se lance dans le financement des premières dépenses, dont l’achat d’une pirogue et d’un moteur hors-bord pour effectuer la traversée et la topographie du site… Ne restait plus que l’apport de l’Etat pour le gros œuvre. Mais, en juin 2009, Omar Bongo décède et arrive une équipe de transition, puis le nouveau régime d’Ali qui ne va pas vraiment se montrer enchanté par le projet. Biyeghe va donc faire contre mauvaise fortune, bon cœur, en attendant meilleure saison.
Avec l’avènement du CTRI, Bertrand Biyeghe dépoussière son dossier afin de le remettre au goût du jour. Il sollicite donc les différents acteurs de la transition concernés par le dossier, notamment le Premier ministre, le ministre de la Promotion des investissements et même le chef de l’Etat. Mais ses sollicitations resteront sans suite. L’homme s’en sort bredouille.
Puis, un bon matin, il apprend que son projet, non seulement a été réchauffé, mais aussi qu’il pourra voir son épilogue lors de la virée du chef de l’Etat du côté de Ndjolé durant sa tournée républicaine, étape de la République du Moyen-Ogooué. Présent à Ndjolé, quelle ne fut pas sa surprise d’apprendre qu’une organisation rivale venait de le doubler. Il s’agit d’une ONG dénommée « Gabon nouvelle vision ». C’est elle qui devra gérer la cagnotte d’1.8 milliard dégagée par le CTRI à cet effet.
Sans interlocuteur en face, Bertrand Biyeghe ne sait plus à quel saint se vouer pour faire entendre sa voix. Mieux, en qualité de retraité, il s’est endetté et a investi ses moyens dans ce projet dont il était convaincu non seulement de la viabilité, mais aussi et surtout du soutien de l’Etat. Le CTRI et le gouvernement gagneraient à examiner son projet qui est très bien documenté, au lieu de le balayer d’un simple revers de la main.
Laurent Lekogo