Après avoir résisté à la bourrasque de dissolution de certaines institutions au lendemain du coup de force du 30 août dernier, le Conseil national de la démocratie, qui vit ses dernier jours, les inspirateurs de la nouvelle Constitution l’ayant brutalement ostracisé, a tenu bon et a même fait œuvre utile en proposant deux projets de Constitution et une nouvelle loi électorale malheureusement ignorés par le pouvoir de transition…
Ç’aura été sans doute été la dernière bataille du Pr Pierre André Kombila, le président du Rassemblement national des Bûcherons (RNB) au service de son pays. Nommé sénateur de transition, le vieux lutteur, à l’exemple du député de transition Foumboula Libéka, appartient aujourd’hui à la catégorie rare des hommes publics gabonais capables de s’élever contre ce qui ressemble de plus en plus clairement à un véritable recul démocratique.
Du Dialogue national inclusif (DNI) auquel il n’a pu participer, en grande partie à cause des problèmes de santé de son épouse décédée il y a quelques mois en France, à la Constituante qui vient de valider l’essentiel du projet de Constitution qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, l’éminent cardiologue n’a absolument pas lâché ses convictions, malgré le poids des ans et un contexte politique biaisé, de voir le Gabon se doter d’institutions à la hauteur du combat pour la démocratie et le pluralisme qui aura été le sien jusqu’au bout.
Le critère d’âge limite et d’autres cales anti-démocratiques insérés dans le projet constitutionnel qui va être soumis à référendum ont eu pour effet d’exclure de la prochaine présidentielle les rares hommes politiques de notre pays en capacité d’orienter sainement le débat politique et d’offrir au plus que probable futur Gl candidat une adversité politique qui crédibiliserait son inéluctable victoire, tant le champ semble dégagé et sa popularité immense.
Exit donc, pour des raisons liées à l’âge, des hommes comme Jean Ping, le candidat, dit-on, le mieux voté de l’histoire politique du Gabon malgré son ascendance directe et son nom chinois, Maganga Moussavou, Ndong Sima ou Albert Ondo Ossa, pour ne citer que ces derniers. Pierre André Kombila, naturellement, aussi alors que l’Algérie vient de faire réélire un chef d’Etat de près de 90 ans.
Mais le Gabon de la transition n’est pas l’Algérie
C’est pourquoi les verrous doivent se multiplier pour que ceux qui échappent à la grosse maille du critère d’âge soient pris dans les petits filets de la filiation et de l’état civil. Marié à une Française aujourd’hui décédée, le Pr Kombila aurait pu être éligible après la mort de cette dernière, les liens du mariage se dissolvant après le décès d’un des conjoints. Le comité constitutionnel avait vraiment tout prévu sur la base de certaines résolutions du DNI. Mais pas en s’inspirant de la Constitution, donnée comme modèle, de 1991.
Oui, on a parlé de la restauration des institutions sans vraiment préciser lesquelles… Des hommes comme Pierre André Kombila ont, malgré tout, eu la naïveté…patriotique de proposer des changements qui nous auraient sortis des sentiers battus de la Cour constitutionnelle toujours aussi puissante en optant pour la création d’une Cour suprême qui devait chapeauter d’autres chambres de l’ordre judiciaire. Sans succès ! De la vice-présidence de la République, ils n’en ont pas voulu, comme d’une institution présidentielle qui écraserait à ce point le Parlement.
Dieu fasse que des Kombila, il nous en renaisse ! Quant au CND, l’expérience vient de prouver qu’il ne servait véritablement à rien aux yeux des actuels et futurs dirigeants du pays. Sa suppression s’imposait donc de fait.
Elive Sarah-Noëlle Nyanah-Mbeng