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Gabon/Régime de la transition : Kelly Ondo Obiang fait-il peur au CTRI ?

Poser la question c’est déjà y répondre. Après la prise du pouvoir par les militaires regroupés au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions le 30 août 2023, les regards des Gabonais étaient rivés vers la prison centrale de Libreville pour une probable libération du jeune soldat, le lieutenant Kelly Ondo Obiang et sa bande. A ce jour, cela ne semble pas être une préoccupation pour les gens en uniforme. Du coup, des questionnements fusent de partout.

Le défunt président burkinabè, Thomas Sankara, lâchement assassiné par d’autres militaires, notamment Blaise Compaoré, conseillait à ses éléments qu’entre révolutionnaires on ne se mange pas. Cet exemple traduit l’esprit solidaire qui règne dans les troupes. Comment comprendre que plus de 11 mois après le coup d’Etat ou de libération (c’est selon) orchestré par les militaires, on a assisté à plusieurs vagues de libération des prisonniers politiques et criminels financiers. Pendant ce temps le jeune lieutenant Kelly Ondo Obiang croupis toujours au pénitencier de Libreville.
Pour rappel, constatant le désordre qui régnait au sommet de l’Etat et soucieux de préserver la paix au Gabon, Kelly Ondo Obiang et quelques militaires courageux décidèrent de libérer la nation qui était en pilotage à vue par une bande de mafieux appelée Young team, ayant pour tête de file la Veuve noire, Sylvia Bongo, et son fils putatif Nour-Ed-Din Bongo. C’est ce sursaut patriotique qui avait motivé ces braves soldats avec la complicité de certains officiers supérieurs de la garde républicaine notamment.
Torturés dans les cellules des services spéciaux, ils ont été transférés à la prison centrale de Libreville. Le chef du commando, le Lt Kelly Ondo, a écopé de 15 ans de prison ferme. Son sort était alors scellé. Au sortir des élections présidentielles tronquées de 2023, les militaires, regroupés au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), prennent le pouvoir avec, comme président, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, le chef de la garde républicaine. Lors de sa première prise de parole, il avait promis libérer certains prisonniers. A cette annonce, les gens crurent que les auteurs du coup d’Etat raté du 07 janvier 2019 allaient enfin être libérés par leurs frères d’armes. Que nenni !
Grand est, malheureusement, le constat fait par l’opinion que ce sont des criminels financiers qui sont innocentés à travers des audiences arrangées au sommet du pouvoir, estiment les Gabonais, à tort ou à raison. Parmi ces auteurs de détournements des deniers publics remis en liberté, même Jessye Ella Ekogha alias Pablo Escobar, alias Pablo Escobar, n’a fait que le temps d’un matin au bagne de Gros-Bouquet. Ces derniers méritent-ils d’être en liberté et Kelly Ondo Obiang en prison ? C’est tout comme.
Cette situation passe pour une injustice aux yeux de nombreux Gabonais et mérite que soit bien expliqué le problème de fond afin de permettre aux uns et aux autres de mieux comprendre. Certains observateurs de la vie politique du pays estiment que le vrai coup d’Etat raté du 07 janvier 2019 s’est fait sans l’onction de la France. D’autres, en revanche, donnent raison au professeur Albert Ondo Ossa qui parle de révolution de palais.
À l’observation des faits, nous nous inclinons pour la deuxième hypothèse et cela laisse présager que, finalement, le CTRI roule pour l’Occident, notamment pour la France. Mieux encore, Kelly Ondo et sa bande sont victimes de la guerre de clans qui se passe au sommet entre l’actuel président de la transition et le clan Ali et Pascaline Bongo.
À quelques semaines de la commémoration du premier anniversaire de la prise du pouvoir par les militaires, il est plus qu’impérieux et louable pour les autorités de la transition de s’atteler sur le sort de ces militaires qui ont déjà passé plus de 5 ans et 7 mois en détention au pénitencier de Libreville, le tristement célèbre Sans-famille.
Adjé Rodrigue

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