Pas une semaine ne passe sans que, d’un Conseil des ministres à un autre, des rumeurs, souvent lancées par le Palais du bord de mer, n’avancent l’idée que des têtes vont tomber, du gouvernement à l’administration centrale.
Alors que les Librevillois sont frappés de plein fouet par le confinement actuel (fermeture des bars, restaurants, hôtels, certains commerces, crise dans les transports), les Bongo n’ont qu’une seule idée en tête : nommer, renommer pour se maintenir au pouvoir en désignant les boucs-émissaires de leur gestion chaotique à la tête du pays. Analyse !
Les remaniements, ultime carte des Bongo
Chaque fois que le pays sombre dans une crise (économique, politique ou sociale), les Bongo tentent souvent des mesures cosmétiques qui ne prennent pas toujours. Pour désigner les coupables, leur style est bien connu : attaques des PM ou des ministres dans les journaux proches du Palais, sur les réseaux sociaux ou dans le billet Makaya de L’Union, discours présidentiels insolents envers l’appareillage gouvernemental et administratif. Puis s’ensuit l’annonce du remaniement du gouvernement et, suivant les cas, des arrestations et emprisonnements faisant passer les personnes incriminées comme les responsables du mauvais travail du gouvernement, comme des saboteurs de la politique voulue par le président pour le bien-être des Gabonais et comme les seuls voleurs qui pillent le pays. Et les Bongo eux-mêmes dans tout cela ?
En 2017, acculé de partout après avoir perpétré des assassinats de masse à la suite de la présidentielle d’août 2016 qu’il avait brillamment perdue face à Jean Ping, Ali Bongo avait créé la diversion en annonçant la mise aux arrêts de ses collaborateurs qui, selon lui, étaient les seuls et vrais responsables du déraillement de l’Etat de 2009 à 2016. Les Magloire Ngambia, Etienne Ngoubou, Blaise Wada et de nombreux hauts fonctionnaires furent ainsi arrêtés et jetés en prison pour détournement de plusieurs centaines de milliards de Fcfa. Le bilan, deux an après, aucune instruction judiciaire n’est allée au bout, mais tous ou presque avaient été curieusement relâchés.
Le même scénario de balayage du gouvernement a été repris en 2019 à trois reprises. En octobre 2019 notamment, une vingtaine de personnes avaient été interpellées, notamment l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, M. Brice Laccruche Alihanga, alors qu’il n’avait cessé de gagner en influence depuis l’accident vasculaire cérébral d’Abo, devenant même le « président », l’ancien directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie, Renaud Allogho Akoue, et le chef de la communication présidentielle, Ike Ngouoni, considéré comme le bras droit de M. Laccruche, les ministres des Finances, Roger Owono Mba, des Transports, Justin Ndoundangoye, de l’Energie, Tony Ondo Mba, etc. séjournent aujourd’hui à « Sans-famille ».
Depuis janvier 2020, la même rengaine reprend…
« Il faut changer de Premier ministre », « il faut… », « il faut… » comme si c’était le souci de la grande majorité des Gabonais qui n’ont en réalité que faire aussi bien d’Ali Bongo lui-même, parce qu’ils ne l’ont jamais élu, que de ses gouvernements parce qu’ils ne règlent pas leurs problèmes vitaux (ne fût-ce que l’eau, le courant et l’insalubrité).
En pleine crise de Coronavirus et de crise politique (blocage post-AVC des institutions et du pays), l’idée est la même : mettre dehors une nouvelle vague de ministres pour recréer l’illusion de mouvement, de vitalité du régime et dans le pays. Le 15 février 2020, fait insolite dans le régime, le groupe parlementaire PDG, par la voix de son président, Martin Mabala, avait mis en garde contre le pilotage automatique en cours actuellement au Palais présidentiel ; et cela sur Gabon 1ère dans un communiqué lu en direct : « Le changement de gouvernement ne constitue en rien une solution miracle aux nombreux problèmes que connaît notre pays ».
Soutien de Paul Mba Abessole à Julien Nkoghe Bekale
« Est ce que Julien Nkoghe Bekale est un programme politique ? Celui qui l’a nommé, sait pourquoi. S’il l’enlève, il saura pourquoi. Ce n’est pas parce que Nkoghe Bekale quitte la primature que l’herbe autour de nos maisons sera enlevée. Les premiers responsables de la situation actuelle du Gabon sont bien connus dans l’opposition comme dans la majorité. Soyons sérieux: Nkoghe Bekale, à ma connaissance, n’a jamais été Directeur de cabinet du PR, n’a jamais représenté le Gabon à l’étranger. S’il a commis des fautes, parlons de tous ceux qui ont commis des fautes. Nous les connaissons. Parlons de tout le monde. Ne soyons pas sélectifs. Libreville-Kango, depuis plus de 50 ans, que de la boue, c’est Nkoghe Bekale ? Ntoum- Cocobeach, que de la broussaille, c’est Nkoghe Bekale ? Les fêtes tournantes, que du bleu, c’est Nkoghe Bekale ? Quand nous déciderons-nous à parler de la situation de notre pays avec un peu plus de sérieux ? A Nzame !!!!! »