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Gabon/République du Moyen-Ogooué : Qui pour rassembler les filles et fils du G3 ?

Alors que la guerre des ego a toujours fait rage dans la République du Moyen-Ogooué, nombreux s’interrogent sur le fils ou la fille de la province capable aujourd’hui de les rassembler, la division, la suspicion, la jalousie et le tribalisme ayant trouvé là-bas et, particulièrement, à Lambaréné un terrain fertile. A l’ère de la fin de la transition et à l’avant-veille d’une présidentielle où le patron de la transition est candidat à cette élection, une figure emblématique peut-elle émerger et réussir à tourner le regard des uns et des autres vers le même horizon ?

En faisant un survol des figures les plus influentes de la République du Moyen-Ogooué, nous allons présenter les forces et les faiblesses des uns et des autres afin que chacun se forge une opinion sur la personne capable de se rapprocher de cet idéal. A notre sens, cette personne doit être débarrassée de tout esprit partisan, loin de tout engagement politique prononcé, mais capable de parler à tous en toute humilité en se faisant non seulement accepter, mais aussi écouter.
En tête de cordée il y a Richard Auguste Onouviet (Rao). Il est celui qui, durant la période où il était aux affaires, a réussi à faire l’unanimité, ou presque, autour de sa personne, faisant taire les contradictions ethniques et géographiques par son caractère d’ouverture, de quête de consensus, de générosité, de compréhension et d’humilité. Et pourtant, il est connu pour être un homme de caractère. Aujourd’hui, l’aura de Rao est restée intacte à Lambaréné, et même au-delà. Un homme capable de faire élire ou de faire battre qui il veut quand il veut. Mieux, l’homme se trouve à la tête d’une puissante machine politique à Lambaréné. Il suffit pour lui d’un claquement de doigts pour mobiliser son monde.
Cependant, dans le climat actuel, ça a été une erreur politique pour Rao d’affirmer son ancrage au PDG. Ce qui le confine, de fait, à une logique partisane. Alors que s’il s’était détaché de la chose politique partisane, il devenait, de fait, ce notable appelé à travailler pour le grand rassemblement des fils et fils du G3. Passons !
Séraphin Akure Davain : qu’on l’aime ou pas, l’actuel ministre de l’Energie, porte-parole du gouvernement, médecin orthopédique de formation et de profession, a longtemps fait la fierté des enfants du Moyen-Ogooué dans son domaine de compétence et dans la lutte syndicale. Mais la politique l’a très vite happé. Fin négociateur et homme de rassemblement, c’est aux côté de Rao qu’il a longtemps fourbi ses armes avant de prendre son autonomie. Aujourd’hui, il est devenu l’une des figures incontournables de la vie politique aussi bien dans le Moyen-Ogooué qu’au Gabon. Sa gestion de la dernière campagne référendaire avec maestria dans le Moyen-Ogooué présageait de son entrée au gouvernement.
Cependant, il est difficile pour le« le doc », comme l’appellent ses intimes, de faire aboutir un projet de grand rassemblement des fils et filles du Moyen-Ogooué, car non seulement il reste l’une des figures influentes de l’écurie Rao, mais est également à la tête d’un parti politique qui trace son sillon au Gabon, Les démocrates libres (LDL). Eche homo (voilà l’homme) !
Paul Marie Gondjout : l’actuel ministre de la Justice avait effectué son retour aux sources en qualité de fils de « Ntché-y’azo » (fils du village) à Lambaréné aux premiers jours de la naissance du parti UGDD de Zacharie Myboto. Son avènement avait suscité de l’espoir, notamment auprès des jeunes qui s’étaient massivement ralliés à sa cause. Mais les années passant, l’homme commença à baisser en crédibilité. Les résultats qu’il a engrangés lors des élections locales à Lambaréné parlent d’eux-mêmes. Se revendiquant du lac Zilé, l’homme peine à s’imposer auprès de sa communauté à Atongowanga, totalement verrouillée, ou presque, par les cadres politiques du PDG de cette communauté (Rao, Madeleine Rogombé, Joël Ogouma, Nicole Roboty). Aujourd’hui, Paul Marie, qui a tourné le dos à l’Union nationale (UN) suite à sa défaite contre le clan Paulette Missambo, a vite pris son autonomie en lançant sa propre chapelle politique (l’Union nationale initiale-Uni), semble marcher en terrain miné à Lambaréné. Pire, il semble même s’isoler des autres cadres comme si, pour lui, ils étaient sales et salissants.
Guy Rossatanga Rignault : l’actuel secrétaire général de la présidence de la République aurait pu être cet oiseau rare recherché à Lambaréné. Malheureusement l’homme a toujours fonctionné en anonyme chez lui, au point qu’il est difficile là-bas de mettre son nom sur son visage. Nombreux ne savent même pas qu’il est originaire du département de l’Ogooué et des lacs. Conséquence, son mode de vie confidentiel n’apporte rien à sa localité de naissance.
Joël Ogouma : l’homme a connu des nuages et des roses dans ses carrières administratives et politiques. Cadre des impôts, il est resté longtemps dans la confidentialité pendant que son « ombalo » Georges Rawiri régnait d’une main de fer à la tête de la République du Moyen-Ogooué. C’est au décès de Rose Francine Rogombé qu’il sort du bois et se déclare chef de guerre en fédérant les orphelins politiques de Joe-le-rapide et ouvre le front Rao. Pour cela, l’homme a vite radicalisé ses partisans, le but étant de chasser Rao du comité permanent du bureau politique du PDG lors d’un congrès provincial électif à Lambaréné. Rao, alors président de l’Assemblée nationale, rate un assassinat au Sofitel. Un des partisans d’Ogouma avait pris une chaise pour la frapper sur la nuque de Rao. Heureusement pour lui, dame Cécilia Ndjavé Ndjoye s’était interposée en prenant le coup, sauvant ainsi la vie de Rao. Les partisans d’Ogouma se sont montrés très violents, poussant les éléments de la sécurité du président de l’Assemblée nationale de l’époque à tirer un coup en l’air afin d’éloigner les éléments les plus radicaux et dégager leur patron. Ce qui valut à Ogouma le surnom de mollah. La suite on la connaît. A peine installé au pouvoir à Lambaréné, le mollah a été envoyé en déportation à Oyem en qualité de gouverneur du Woleu-Ntem alors que le régime installait à sa place Madeleine Edmée Rogombé, épouse Berre. Ce caractère violent du mollah ne peut que le mettre en difficulté vis-à-vis de Rao et de ses partisans.
Martin Mabala : un homme bien et sans histoire. Celui qu’on surnomme le vicomte de Saint Martin-des Apindji a été durant longtemps l’un des lieutenants le plus serviable de Joe-le-rapide. Et ce dernier le lui rendait bien pour sa fidélité. Conséquence, il a considéré le siège de député de son canton (Biwegni-Diala) comme sa propriété privée. Chargé de faire ombrage à Rao pour les intérêts des rawirites, Saint Martin est resté longtemps membre du gouvernement. Ce qui faisait que, sur son siège, tout le monde se battait pour être son suppléant afin d’être le député siégeant. Aujourd’hui, le vicomte de Saint Martin est moins visible à Lambaréné. A-t-il encore la capacité de rebondir ?
Zéphirin Rayita, Fifi pour les intimes : c’est sous les couleurs du Parti de l’unité du peuple (Pup), de Me Louis Gaston Mayila (puisse Dieu garder son âme dans la paix !), que Fifi se révéla à Lambaréné. Puis il effectua un rapprochement avec Joe-le-rapide qui le prit comme son suppléant aux sénatoriales. Depuis lors, Fifi s’est très bien intégré à Lambaréné où il fait bon ménage avec tout le monde. Mais de là à lui demander de se débrouiller à prendre le leadership de rassembleur des ressortissants de G3 pourrait être mission difficile, pour ne pas dire impossible pour lui.
Janvier Nguema Mboumba
Notable écouté et aimé au sein de sa communauté fang, Janvier Nguema Mboumba reste tout un symbole pour le monde de l’éducation au Gabon, une fierté pour sa province, le Moyen-Ogooué, surtout depuis l’installation par ses soins au deuxième arrondissement de Lambaréné du lycée privé qui porte son nom. Ancien cadre du PDG dont il a pris ses distances et membre de l’écurie Rao, Janvier a sous son coude une liste de cadres qui lui sont proches et qui lorgnent avec grande envie les prochaines joutes électorales législatives et locales.
Henri Mbira Nze : notable de la République, ancien ambassadeur du Gabon au Liban, Henri Mbira Nze fait partie de ceux qui constituaient le cercle rapproché d’Omar Bongo Ondimba et dont il était l’un des représentants à Lambaréné. Il en fit même son représentant personnel. A la mort d’Omar, Henri prit ses distances vis-à-vis du régime et lança sa propre machine politique. Originaire du canton des lacs du sud, Henri aura de la peine à s’imposer dans une commune de Lambaréné déjà saturée par le trop plein de notables.
Madeleine Edmée Berre : la dame vient du monde des affaires. Elle fut jetée en politique par le clan Ali Bongo qui, visiblement, tenait à mettre Rao en jachère, ce après avoir manipulé le mollah Ogouma comme un débutant. A la suite de Rao, Mado confisqua le siège de député du 1er arrondissement jusqu’au coup d’Etat militaire. Il semblerait même qu’elle nourrit encore des ambitions pour défendre son siège. Un siège aujourd’hui convoité, semble-t-il, par les ressortissants de la rive droite qui refusent désormais d’être une simple valeur d’ajustement électorale. Autre handicap pour Madeleine Berre, elle est en mariage dans l’Estuaire. C’est donc au sein de son côté matrimonial qu’elle aurait dû aller s’imposer en politique. Sa présence sur le terrain politique à Lambaréné est donc perçue comme une sorte de tricherie en politique par les autochtones…
Nicole Jeanine Lydie Roboty
En mariage dans le Haut-Ogooué, c’est à la suite de sa nomination au gouvernement comme ministre de l’Economie, avec les avantages qui vont avec, que dame Roboty s’est imposée à Lambaréné et dans le canton des lacs du sud, réussissant même à diviser les cadres fang de là-bas. En effet, sur deux sièges des cantons Ogooué-Aval et lacs-du-sud, il s’est, depuis, fait une sorte de Yalta migovéen qui ne dit pas son nom. Le siège du canton lacs-du-sud aux Fang et celui de l’Ogooué-Aval aux Galoa. Sauf que pour ne pas aller déranger ses parents au siège Ogooué-Aval, Roboty est allée s’imposer dans les lacs-du-sud. Malheureusement le coup d’Etat militaire est venu tuer ses ambitions. Ramenée au rang de simple citoyenne, pas évident que dame Roboty se ramène là-bas. Les rumeurs disent qu’elle lorgnerait le siège du 1er arrondissement de Lambaréné. Siège déjà convoité par Madeleine Berre, Henri Mbira Nze et notre directeur de publication, Guy Pierre Biteghe. En mariage dans le Haut-Ogooué, difficile pour dame Roboty, dont tout le monde sait qu’elle est une dame bien, ouverte et d’approche facile, de dire aux siens « venez autour de moi pour faire la paix et nous rassembler autour d’un idéal commun… ».
Alain Claude Kouakoua (ACK pour les intimes) : célèbre homme d’affaires originaire du département de l’Ogooué et des lacs, ACK fait aujourd’hui partie de ceux qui aident le CTRI à construire le pays et à relancer l’économie. Vice-président de la Feg (Fédération gabonaise des entreprises du Gabon) et président du conseil d’administration de la CNAGMS, l’homme se bat depuis quelques temps comme le diable dans un bénitier pour l’essor du Moyen-Ogooué et de la ville de Lambaréné. Durant la campagne référendaire, il était au four et au moulin. Mieux, ACK parle à tout le monde à Lambaréné et sait ouvrir les portes là-bas. Reste à savoir s’il est capable non seulement de se faire écouter, mais aussi et, surtout, de se faire accepter comme rassembleur.
Au moment où une nouvelle génération consciente est en train de monter, les anciens visages gagneraient faire la démonstration qu’il est possible, sur les bords de l’Ogooué, de faire la démonstration que si Joe-le-rapide a tenu la province d’une main de fer pour s’imposer, il est possible, en 2025, que parmi eux un rassembleur sorte du lot et montre la voie.

GPA

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