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Gabon/Suite à la gueulante du président de la transition : SEEG : tous incompétents ?

« Non », répond une agente de la SEEG qui a requis l’anonymat. Et elle nous explique pourquoi. En effet, l’« ouragan » qu’a soufflé le président de la transition sur les agents de la SEEG fait se délier bien de langues au sein de cette boîte vouée aux gémonies par des populations désabusées par des prestations agaçantes, pour ne pas dire énervantes. Ce qui a fait dire au président de la transition que les agents de la SEEG sont des incompétents ou alors « …vous faîtes exprès ? ».

C’est vrai qu’une seule dent pourrie fait sentir mauvais toute la bouche, mais une dame, agente de la SEEG, ne l’entend pas de cette oreille. Elle se défend de ne pas être, elle, une incompétente.
Dans un audio publié sur réseaux-sociaux, madame raconte que « pour cette histoire où on nous traite d’incompétents, je dirai que la SEEG a beaucoup de problèmes… ». Ça ce n’est pas un scoop. Elle enchaîne, « …pour cette histoire d’incompétence, on a vu des chefs aller en formation à la place des gens qui doivent toucher la matière. Là où le mécanicien doit aller en formation, comme la formation doit se dérouler en Europe ou en Amérique, on dit d’envoyer des mécaniciens pour se former sur tel type de moteur, sur tel groupe, que ce soit en eau ou en électricité.., on enlève les noms de ces techniciens de la liste des voyageurs et on la remplit de noms des chefs… ». Un peu comme en sport ! Pour accompagner un seul athlète à une compétition internationale, les chefs gonflent la liste des voyageurs de noms de leurs parents, amis et « ébôn’amies » aux frais de l’Etat. Notre agente de la SEEG continue. « Et quand ils reviennent et qu’on leur dit d’aller intervenir sur un outil, ce sont les techniciens dont ils ont effacé les noms sur la liste qu’ils appellent… ».
« Nous ne sommes pas des incompétents. Il se trouve, malheureusement, que dans notre boîte on ne donne pas le travail à la personne qui a la compétence de faire ce travail. On ne donne pas la formation aux personnes qui vont être en contact direct avec l’outil. Beaucoup de nos collègues de la production eau se battent en permanence à rafistoler des pompes qui datent de Mathusalem. On a acheté des pompes à l’époque de Mathusalem qu’on rafistole avec des morceaux de bois. Ils sont tellement ingénieux qu’ils trouvent toujours des moyens, des mécanismes pour faire fonctionner ces moteurs dans un état de délabrement avancé ; parce qu’ils aiment leur travail. Mais vous aurez beau dire aux chefs d’en haut de réviser les groupes, de changer les moteurs, tant que ça tourne, ils savent que, de toutes façons, comme c’est tel qui est là-bas, il se débrouillera toujours pour faire marcher la machine en oubliant que pour que cette machine marche c’est au prix de la santé de beaucoup de personnes. Les cas de tension, chez des collègues, sont en train d’augmenter à l’usine de production d’eau de Ntoum. Chaque année de nouveaux cas s’ajoutent parce que les gars-là ne dorment pas. …à 24h, ils sont alertés sur un cas de casse à la Mbeï. En allant vérifier, ce sont de vieux moteurs de Mathusalem qu’ils rafistolent avec des bouts de branches, avec des ci avec des ça… Moi-même, une fois j’ai fait l’astreinte avec une collègue un week-end. En une seule nuit on a eu trois déclenchements à la Cim (de Ntoum). Des garçons, n’en parlons même pas !
Au B2 j’avais dit que chaque goutte d’eau qui tombe, même s’il n’y en a pas beaucoup, c’est le sang de certains agents de la SEEG dont on ne mesure pas les sacrifices. Mon dernier chef de service n’a même pas fait six mois après son arrivée qu’il a attrapé la tension et a été hospitalisé pendant une semaine parce qu’il était partout, parce que nous avons entre les mains des usines brinquebalantes… ».

Bref, madame qui fait partie des agents que le CTRI avait envoyé au B2 et qui étaient en ressortis avec des kovos dimbemba, en beaucoup dit sur les incohérences et les dysfonctionnements qui plombent l’efficacité et l’efficience des services de la grande vilaine dame du jus et de l’eau de notre pays. Ces maux tiennent, comme dans toutes les administrations gabonaises, publiques ou privées, au laxisme, à l’impunité, au manque de rigueur et, surtout, au favoritisme et au copinage.
Tenez, par exemple, sur un directoire de dix membres à la SEEG, neuf sont du Haut-ogooué pour un seul Ngouniéen. Et ce sont ceux-là qui prennent les places des agents de maîtrise qui doivent aller se former, se recycler pour maintenir les équipements à flot. Mais quand ils reviennent de ces pseudos formations, puisqu’en réalité ils vont faire du tourisme, ils sont incapables de raccorder dix groupes électrogènes qui leur sont livrés depuis deux mois. Et ce sont les populations qui trinquent au quotidien. Voilà la triste réalité !
Avec le vigoureux coup de pied que vient de donner le président dans cette fourmilière, on ose espérer que la SEEG va retrouver la splendeur et la bonne santé financière des temps de Divungui, Paul Apandima…

Hippolyte Bitegue

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