La religion apparaît comme le moyen, l’instrument et la voie de circulation censée garantir le rapprochement entre l’humanité et Dieu. Conçue pour servir de refuge aux opprimés et aux laissés-pour-compte de la société, l’institution religieuse intègre la dynamique humaine de défense de la dignité et des droits de l’homme. La mission salvatrice de l’humanité qui engage, pour ainsi dire, la religion dans une lutte permanente contre le mal est rendue d’autant plus difficile que la propension au péché semble s’inscrire dans les gènes humains.
La religion apparaît comme le moyen, l’instrument et la voie de circulation censée garantir le rapprochement entre l’humanité et Dieu. Conçue pour servir de refuge aux opprimés et aux laissés pour compte de la société, l’institution religieuse intègre la dynamique humaine de défense de la dignité et des droits de l’Homme. La mission salvatrice de l’humanité qui engage, pour ainsi dire, la religion dans une lutte permanente contre le mal est rendue d’autant plus difficile que la propension au péché semble s’inscrire dans les gènes humains.
Pourtant, bien que conçue comme le cadre devant circonscrire, s’opposer et bannir le mal de l’environnement humain, la religion donne parfois l’impression d’en faire la promotion et de l’entretenir. C’est précisément ce qui est observé dans le christianisme où les femmes continuent de subir les affres de la discrimination et d’une mise à l’écart apparemment programmées.
Le premier signe de l’exclusion des femmes apparaît dès l’avènement de la religion, notamment révélée. Il est établi que la religion a été révélée à l’humanité à travers le canal masculin. Jésus, le prophète chrétien, et Mahomet, le prophète musulman, tous deux des hommes, en sont les exemples parfaits. Cette formule célèbre dans l’islam, que nous rappellent, dans leur ouvrage intitulé « L’homme et le divin », Laurence Mellerin et Jean Grand, en donne la pleine mesure : « il n’y a de dieu que Dieu et Muhammad est son prophète ».
Dans le christianisme, la femme franchit un cap dans le processus de son abaissement à travers la figure d’Eve. En plus de la discrimination dont elle est victime, elle est diabolisée parce que considérée comme auteur et responsable de l’introduction du mal dans le monde humain jadis paradisiaque. Séduite et con-vaincue par le serpent, la femme aurait succombé, selon la Bible, à la tentation et aurait entraîné l’homme dans sa chute.
Pour tenter de l’absoudre du péché originel et de la sanctifier, la religion chrétienne rectifie le tir de l’ancien Testament, où elle apparaissait comme la racine du mal, en faisant de la femme, dans le nouveau Testament, le canal par lequel Dieu est entré dans le monde humain à travers la maternité.
Toutefois, même dans ce processus de sa réhabilitation, l’image de la femme reste entachée parce que considérée comme infidèle, adultère et, donc, frivole. Ces accusations portées sur la gent féminine se rapportent clairement au sexe (parce qu’il est considéré un objet de désir, une tentation qui détournerait l’homme du chemin divin), par ailleurs un sujet tabou dans la religion chrétienne. Les auteurs de la Bible ont habilement évité de nommer ce qui se rapporte à la sexualité, notamment la grossesse « extraordinaire » de Marie, la mère de Jésus, qu’ils désignent plutôt en ces termes : « ce qui a été engendré en elle ».
D’évidence, la conception et la confirmation du statut secondaire, voire subalterne de la femme, sont forgées dans une gouvernance phallocratique de la société en général. Cette dernière est littéralement exclue de l’organigramme et de la hiérarchie religieuse (christianisme et islam). Elle n’est même pas acceptée en tant que simple célébrant de l’office religieux. Dans certains cas, l’obtention d’une place à l’intérieur de l’édifice religieux ne lui est pas garantie. Dans le même sens, Gérard Delteil (1999), théologien protestant, analysant la situation de la femme dans le christianisme, observe un net décalage entre le discours prônant l’égale dignité des hommes et des femmes, discours relayé par les textes catholiques, et la réalité des faits qu’elles vivent au quotidien, empreints d’inégalité. « Sans aucun doute, dit-il, à observer l’ensemble de notre continent, la religion apparaît aujourd’hui comme l’un des principaux facteurs de discrimination à l’égard des femmes. Cette discrimination peut être brutale, barbare (…). Ou elle peut être soft, feutrée. Mais sous une forme ou une autre, cette discrimination religieuse et la légitimation dont elle se couvre sont une des principales formes de violence à l’égard des femmes ».
Tout bien considéré, la plupart des causes de la mise à l’écart des femmes dans la religion se rapportent au sexe, comme le rappelle Christian Makarian, reprenant, dans son ouvrage intitulé « Le choc Jésus-Mahomet », les propos de Saint Augustin, à savoir : « convaincu que « rien ne détourne plus l’esprit de l’homme des sommets que les caresses d’une femme », Augustin règle ses conflits personnels en élaborant une doctrine qui inspire encore les prises de position de l’Église ».
Par ailleurs, les conséquences de la discrimination de la femme en religion sont nombreuses et diverses : le découragement spirituel et intellectuel ; l’aveu d’impuissance et d’échec ; l’isolement personnel, etc.
Par conséquent, compte tenu du peu de place qui leur est accordé dans l’univers religieux, les femmes doivent prendre conscience de leur importance et de leur impact indéniables dans ce secteur. Dans cette occurrence, leur nombre, leur engagement, leurs capacités physiques, spirituelles et, surtout, intellectuelles, leurs ressources financières et matérielles apparaissent comme autant d’atouts qui peuvent leur permettre de s’imposer dans l’environnement religieux injustement dominé par les hommes. Elles peuvent et doivent s’appuyer sur le droit positif qui leur confère un statut social égal à celui des hommes et les mêmes droits légaux pour combattre efficacement leur ostracisation religieuse.
L’avènement de la religion s’est accompagné du traitement inégal de la femme. Ce traitement inégal persiste de nos jours et risque de se poursuivre si les féministes et les femmes ne font rien pour faire changer les choses.
Moto Ndong François
Docteur en philosophie de l’existence et de la religion, département de recherche en philosophie du développement ; Institut de recherche en sciences humaines (IRSH) – Cenarest – Libreville, Gabon
motondong@yahoo.fr