Dans une démarche peu commune, le Président de la République gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’est rendu à 1 heure du matin ce lundi 16 juin 2025 à la rencontre des personnes déguerpies de Plaine Orety. Cette visite surprise, baptisée « Le Contact Direct Cash », illustre la volonté du Chef de l’État d’établir un dialogue sans intermédiaire avec les populations concernées par les opérations d’aménagement urbain en cours à Libreville.
Une réalité des chiffres loin des polémiques.
Contrairement aux affirmations relayées sur les réseaux sociaux évoquant des milliers de familles à la rue, la réalité observée sur le terrain lors de cette visite présidentielle nocturne s’est avérée bien différente. Seules 56 personnes (45 adultes et 11 enfants) étaient effectivement présentes sur les lieux, un chiffre qui contraste fortement avec le tableau dramatique dépeint par certains commentateurs et opposants politiques. Cette disparité entre la réalité du terrain et les discours amplifiés sur les réseaux sociaux a d’ailleurs été l’un des points de crispation exprimés par les déguerpis eux-mêmes lors de cet échange direct avec le Président de la République.
Une reconnaissance des situations irrégulières.
L’échange entre le Chef de l’État et les personnes présentes a été marqué par une certaine franchise. Plusieurs déguerpis ont reconnu leur situation irrégulière, admettant ne pas disposer des documents officiels nécessaires pour occuper légalement ces terrains appartenant à l’État. « Beaucoup reconnaissent leur tort de ne pas avoir les documents sur une zone de l’État », rapporte-t-on de cette rencontre. Cette reconnaissance n’empêche pas les difficultés humaines engendrées par ces déplacements, mais elle replace la situation dans son contexte légal et administratif.
Une adhésion au projet d’aménagement urbain
Un autre élément significatif ressortant de cette rencontre nocturne est l’adhésion des déguerpis au projet d’aménagement urbain prévu dans cette zone. « Ils acceptent le futur projet », indique-t-on, suggérant que l’opposition ne porte pas tant sur la légitimité du projet lui-même que sur les modalités d’accompagnement des personnes déplacées. Cette acceptation du bien-fondé du projet de développement urbain contraste avec certains discours d’opposition qui présentent ces opérations comme arbitraires ou injustifiées.
Une dénonciation de l’instrumentalisation politique.
Les déguerpis ont exprimé leur indignation face à ce qu’ils perçoivent comme une exploitation politique de leur situation. Ils ont notamment pointé du doigt l’attitude de certaines personnalités qui se contentent d’actions symboliques sans apporter de solutions concrètes.
Cette déclaration met en lumière le sentiment d’instrumentalisation ressenti par ces populations vulnérables, utilisées selon eux comme arguments politiques sans bénéficier d’un soutien véritable et durable.
Une méthode présidentielle atypique.
Cette visite à 1 heure du matin s’inscrit dans une approche peu conventionnelle de la fonction présidentielle, privilégiant le contact direct et impromptu avec les citoyens. En choisissant de se rendre sur place en pleine nuit, sans le dispositif protocolaire habituel, le Président Oligui Nguema semble vouloir saisir la réalité brute des situations, loin des mises en scène médiatiques. Cette démarche, baptisée « Le Contact Direct Cash », pourrait marquer un style de gouvernance cherchant à contourner les filtres institutionnels traditionnels pour établir un lien plus authentique avec les populations.
Des questions en suspens.
Si cette visite nocturne a permis de clarifier certains aspects de la situation des déguerpis de Plaine Orety, notamment leur nombre réel et leur position vis-à-vis du projet d’aménagement, elle laisse néanmoins en suspens la question des solutions concrètes qui seront apportées à ces personnes. Les observateurs de la vie politique gabonaise attendront de voir quelles mesures d’accompagnement seront effectivement mises en œuvre suite à cette rencontre directe entre le Chef de l’État et les déguerpis.
