La gratuité du transport en commun, l’une des mesures initiées par le chef de l’Etat pour accompagner les populations du Grand Libreville confinées dans le cadre de la lutte contre le Corona virus, s’était traduite par la mise en circulation expresse des bus de la société de transport Trans’Urb. Cette entreprise, lancée il y a juste un mois, et qui à cet effet est venue renforcer les capacités de la société gabonaise de transport (Sogatra) et de Trans-Akanda, connait déjà des grognements dus au paiement des salaires incomplets.
Fruit d’un partenariat public-privé dans le but de venir en appui à la Société gabonaise des transports (Sogatra), la société des transports urbains Trans’Urb devait débuter ses activités en novembre 2019, après un premier rendez-vous manqué au mois d’août de la même année. Finalement, cette entreprise dirigée par Joël Lehman Sandoungout, lancera ses activités au mois d’avril 2020, dans un contexte particulier de la gratuité de ses prestations, imposée par les mesures prises par nos dirigeants dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Ainsi, pour se déplacer les populations du Grand Libreville pouvaient s’embarquer gratuitement, outre dans les bus de Trans’Urb, mais aussi dans ceux de la Sogatra et de Trans Akanda, elles aussi soumises à la décision du Chef de l’Etat. Pour formaliser cette décision de la gratuité du transport en commun, le premier ministre, Julien Nkoghe Bekale avait donné les détails du plan d’application de cette décision lors de son adresse à la nation du 10 avril 2020. On apprenait ainsi que l’Etat gabonais soutenait à hauteur de 6 milliards de FCFA ce projet. De nombreux gabonais avaient salué des deux mains cette mesure qui les soulageait significativement dans la perte du pouvoir d’achat induite par le confinement total du Grand Libreville.
Pourtant, les grognements qui nous parviennent déjà de la base de Trans’Urb, à juste un mois d’activité, font craindre que celle-ci ne puisse connaitre la longévité esperée par les populations gabonaises en général, et celles de Libreville en particulier. En effet, des témoignages recueillis auprès des chauffeurs de bus de cette nouvelle société des transports publique, il en ressort que les dirigeants de celle-ci ne respectent pas les contrats qu’ils les ont fait signer. Sinon, comment justifier qu’un agent à qui on a promis contractuellement un salaire de 310 000 FCFA se retrouve à percevoir moins de la moitié de ce montant ? Pire, la perception de ces broutilles se déroulent dans une ambiance d’intimidation où aucune explication n’est à demander au risque de retourner dans le chômage. Qu’est ce qui peut justifier ce comportement vis-à-vis de ces conducteurs qui sont totalement exposés à la pandémie du Covid-19 au moment même où le nombre de cas de contamination communautaire va crescendo et dépasse déjà les 600 cas ? Si la thèse du détournement est peu probable vu le mode d’exploitation actuel de cette société, il reste à se demander si la somme de 6 milliards de francs CFA étalée en public n’avait pas pour but que de rendre l’annonce de la mesure de la gratuité du transport en commun plus belle ? Et si c’est le cas, Trans’Urb n’aura été qu’un rêve de plus qu’on aura vendu aux gabonais de voir enfin résolu le sempiternel problème de transport en milieu urbain. Car, où peut bien aller dans le temps une structure qui commence ses activités avec des impayés de salaires dès le premier mois ?