Une destination diplomatiquement potable ? Nul n’ignore que c’est le président déchu, Ali Bongo Ondimba, qui avait établi avec Kigali la relation que le président de la transition, à la faveur d’un récent séjour au pays-des-mille-collines, veut davantage dynamiser et formaliser à travers l’installation de représentations diplomatiques. Pressé (et parfois imprudent), comme à son habitude, le Gl de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a-t-il pris le temps de saisir tous les contours de cette relation avec le dictateur de Kigali avant d’engager, seul, le Gabon au risque de nous fâcher avec des partenaires importants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), comme la République Démocratique du Congo dont le Rwanda de Paul Kagamé occupe des territoires dans l’est du pays sous le couvert d’une rébellion, le M23, agissant pour le compte de ce petit pays aux visées expansionnistes ?
Longtemps « materné » par la Communauté internationale, sous l’impulsion des Etats-Unis d’Amérique, à la suite du génocide de la minorité tutsi, le régime rwandais de Paul Kagamé, qui en est issu, a progressivement laissé tomber son masque ; dévoilant sa vraie nature dictatoriale et sanguinaire en pourchassant partout dans le monde l’opposition parfois jusqu’à mort d’homme et en installant une instabilité chronique dans l’est de son puissant voisin. L’intrusion, comme on peut s’en douter, n’est pas fortuite. Ce sont les richesses du sous-sol du pays de Patrice Emery Lumumba qui aiguisent les appétits du dictateur de Kigali qui s’apprête à briguer un énième mandat présidentiel, pratiquement en candidat.
Un profil autoritaire qui a dû plaire à notre ex-dictateur émergent, dont on dit que la sécurité, ou, plus vraisemblablement, la commission de basses besognes avaient été confiée aux gens qui occupent Bunagana ou Rutshuru dans le Kivu.
Riche de pas grand-chose, le Rwanda vit, en dehors des contributions internationales, des ressources spoliées du Congo comme l’or et le koltan dont il est devenu un exportateur alors que son sous-sol ne produit pas ces précieux minerai. Il fait, néanmoins, bon y investir comme le Somalien émergent Liban Soleman, l’ancien directeur de cabinet adjoint sous Maixent Accrombessi, qui a pu convaincre Ali Bongo Ondimba d’aller y planquer probablement l’argent soustrait du Gabon. Mais pourquoi donc le « libérateur » Oligui Nguema devrait-il leur emboîter le pas ? Pourquoi donc ? Les Gabonais s’interrogent.
Guy Pierre Biteghe