Bienheureux JeanChrist ! J’adresse cette publication, non pas aux initiés, mais aux grands initiés, dont toi. Et, comme moi, tu connais la différence entre les deux. J’implore les mânes du Dieu de nos ancêtres pour qu’elles nous préservent du mal et nous réservent des sièges de premier choix dans l’éternel royaume divin.
Frangin, C’est pour te donner les nouvelles du pays et te dire ce que j’en pense que je t’adresse cette missive avec, en moi, des sentiments faits d’un mélange de joie, de tristesse, d’émotion et d’écœurement… Je t’annonce que le Gabon est, depuis peu, dirigé par des soldats réunis dans un comité qui fait office de parti depuis leur coup d’Etat du 30 août dernier. La majorité de notre peuple et moi-même avons soutenu cette action audacieuse, courageuse et patriotique.
Mais, malheureusement, tout ce qui, par nature, relève de l’œuvre humaine est toujours entaché de quelques erreurs, limites et maladresses qui doivent être corrigées pour ne plus trop se répéter. Dans la société, chaque corps de métier, chaque profession, chaque domaine et secteur d’activités a ses qualités et ses spécificités ; tant dans le parler que dans l’action. Le jargon des économistes, des sociologues, des politologues, des pilotes, des médecins, des maçons, des charpentiers, des pêcheurs, des forestiers, des magistrats, des artisans, des commerçants et des avocats, etc. est différent de celui des militaires.
Mon Frère ! L’événement qui inonde les réseaux sociaux est la tournée du général président, chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguema, dans le septentrion, en pays fang du Woleu-Ntem où l’accueil qui lui a été réservé a conduit à des qualificatifs et des attitudes complètement inacceptables ; un peu comme la réaction tumultueuse, incompréhensible et irrespectueuse des Port-gentillais quand le général président a prononcé le nom du compatriote Michel Essonghe et que le maire, Gabriel Tchango, voulait prononcer son discours. C’était indécent et abject de la part des gens qui vivent ensemble depuis plusieurs années et qui doivent laver le linge sale en famille.
JeanChrist ! Les Gabonais connaîtront d’énormes difficultés pour bâtir une robuste nation et s’ériger en peuple véritablement souverain. Trop de cœurs contiennent la rancœur, la jalousie et même la haine ; au point que la pratique du pardon devient un luxe dans un pays où la religion du Jésus biblique, le Seigneur du pardon, est largement enseignée aux populations. Nous sommes tous mortels. Aimons-nous vivants !
JeanChrist, après l’Ogooué-Maritime, le général président s’est rendu au Woleu-Ntem où il a tenu un discours que certains ont commenté en le traitant de tribaliste, de populiste et en alléguant que les Fang s’évertuent à reprendre la présidence de la République pour satisfaire leur soif du pouvoir. Ces propos, souvent tenus par des gens de peu de connaissance, peuvent provoquer des animosités à la fois chez les compatriotes concernés et chez les autres. Ceux qui savent savent que non seulement Léon Mba, le premier président du Gabon, était Fang, mais aussi que les Fang Léon Mebiame, Casimir Oye Mba, Paulin Obame Nguema, Jean François Ntoutoume-Emane, Jean Eyeghe Ndong, Paul Biyoghe Mba, Daniel Ona Ondo, Raymond Ndong Sima, Alain Claude Billie-by-Nze ont exercé le pouvoir dans le pays en qualité de Premiers ministres.
Certes, la fonction de président de la République incarne le pouvoir suprême, mais le pouvoir ne se résume pas uniquement à elle. C’est que le PDG et les Bongo ont mis dans la tête et l’esprit de quelques irréductibles compatriotes du Haut-Ogooué que seul un ressortissant de l’ethnie téké de leur province doit être président de la République gabonaise, même en utilisant la violence. C’est ce qui a expliqué la longue présence de Marie Madeleine Mborantsuo et ses comparses, dont Louise Angue, à la direction de la Cour constitutionnelle ainsi que leurs pratiques anti-démocratiques et anticonstitutionnelles qui ont dévalorisé cette institution et jeté l’opprobre sur tout un peuple. Les 56 ans de gouvernance de 2 présidents « téké du Haut-Ogooué » n’ont rien apporté de grandiose aux populations gabonaises, sinon des bricoles.
Frangin ! Nous savons que le Gabon se trouve dans un piteux état par la faute des Bongo – Omar et Ali – qui ont géré des milliards de milliards de francs qu’ils ont dépensés non pour le développement des neuf provinces du Gabon, mais pour la jouissance, l’auto-enrichissement et l’enrichissement outranciers des parents, amis, connaissances et gens d’ailleurs. Dire que les Fang sont avides du pouvoir est une stupidité. Que diront les Myènè, les Eshira, les Bavarama, les Nzébi, les Apindzi et toutes les autres ethnies dont l’un des ressortissants n’a jamais été président du Gabon ? Que les compatriotes du G2, qui parlent du pouvoir d’Etat à la légère, à tort, à travers et avec fougue, réfléchissent et calment leur fanatisme politique !
Les Fang, les Nzébi et les Punu sont majoritaires au Gabon. Si la démocratie s’y pratique sur les bases ethniques comme le préconisent certains analystes extrémistes du Haut-Ogooué et que deux ou ces trois communautés ethno-linguistiques font alliance, les Téké et les Bongo seront définitivement écartés du pouvoir suprême. Et si c’étaient deux présidents fang ou autres qui avaient dirigé le Gabon durant 56 ans, le Gabon serait développé et admiré dans le monde entier à l’exemple de la Guinée Equatoriale. Qu’on arrête de bassiner les oreilles des patriotes démocrates avec des histoires sans queue ni tête des Fang et sans contenu de progrès et de grandeur pour le pays et son peuple !
JeanChrist ! Quand Omar Bongo disait que « quand un chasseur va à la chasse, tout le village se partage le gibier », personne n’avait rien à redire. Oligui Nguema a dit que le gibier tué est ramené au village pour tous… Aussitôt diverses interprétations malsaines inondent la toile. Les Fang avaient voté en masse Pierre Mamboundou. En 2016, ils ont choisi et soutenu Jean Ping en refusant de présenter un candidat fang. Maintenant qu’un Fang, seulement de père, est président du Gabon, des voix s’élèvent pour crier à l’Unifang et au « tout sauf Fang ». Pour avoir confisqué les institutions qui organisent les élections, les Batéké, affiliés et leurs acolytes du Haut-Ogooué et du reste du pays se croient les seuls à devoir revendiquer ouvertement la gestion du pouvoir au Gabon. Pourquoi les ethnies des autres localités ne porteraient-elles pas la couronne tant avinée ? Il est temps que les Fang, les Nzébi, les Punu et les autres se détachent du complexe qui les étouffe et les rabaisse au rôle de faire-valoir. Désormais, tout Gabonais appartenant à n’importe quelle ethnie doit pouvoir présider le Gabon s’il est démocratiquement élu par les Gabonais.
Frérot, plus que jamais, pendant et après la transition, nous devons affirmer notre qualité de démocrate patriote. Actuellement, le débat sur l’avenir politique du général président est balbutiant et confus. Il porte sur le fait de savoir s’il sera candidat ou pas à la présidentielle post-transition. Constatant, pour ma part, que des prêtres noirs francophones défroqués ont été leaders politiques, présidents de la République et candidats aux élections présidentielles à travers l’Afrique et au Gabon, je pense qu’un militaire, qui tombe son treillis au bon moment, peut s’inviter à une élection présidentielle. La condition sine qua non ayant plusieurs facettes est l’organisation des élections transparentes sans exclure aucun postulant, le maintien des forces armées loin du processus du scrutin et, enfin, le respect du vote majoritaire du peuple qui est le seul souverain dans une République. Si ces conditions sont remplies pour des élections libres, transparentes, crédibles et aux lendemains apaisés, un militaire, un religieux, un civil qui remplit les conditions d’éligibilité peut être candidat à toute élection.
JeanChrist ! Demeurons idéalistes jusqu’à la mort ! Certains soirs, après la lecture et peu avant de m’endormir, je vais sur Facebook pour visionner, non pas nos illustres compatriotes défunts que j’ai aimés, mais les éminentes personnalités étrangères que j’ai admirées et considérées comme des amis inconnus parmi lesquels Patrice Emery Lumumba, Cheick Anta Diop, Ernesto Che Guevara, Mohamed Ali, Maximilien de Robespierre, Auguste Blanqui, Georges Jacques Danton, Alphonse de Lamartine, Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, et Jésus-Christ, notre aîné qui est le plus grand des idéalistes. Quand on s’imagine que tous ces êtres ont séjourné pendant quelques années sur terre et sont, depuis des siècles, pour certains, sous terre, l’on devrait avoir du mépris pour les luxures et les honneurs immérités qui attisent l’arrogance et aiguisent les vanités de certains humains.
Frérot ! Mon grand-père est décédé à plus de 100 ans. Il m’avait dit, avant sa mort, qu’il n’avait plus de raison d’être sur terre après tout ce qu’il y a réalisé et qu’il attendait, serein et confiant, le décret de Dieu. Peu de temps après, il s’en est allé après m’avoir dit ce qu’il pensait de la vie et de la voie qui conduit au terminus du séjour terrestre de tout homme. La vie, c’est à la fois l’apprentissage, la foi, les œuvres et l’espérance. Te souviens-tu du jour où nous avons écouté avec grand intérêt, dans le sanctuaire ancestral, l’histoire du jeune homme et du miroir ? Quand le dédoublement a révélé que l’on n’est jamais seul et que l’éternelle loi de l’unité des contraires se manifeste par la dualité que l’on retrouve chez les humains par la naissance des jumeaux, des triplés, etc. Dans la Bible, Jésus-Christ avoue aux siens qu’il n’est jamais seul, mais qu’il est toujours en compagnie de son Père. Il dit bien de son Père et point de sa mère… Même si le trio est formé du Père, du Fils et de Saint-Esprit… Comprenne qui pourra !
Oligui Nguema est fêté par une foule immense dans toutes les provinces qu’il visite. Comment ne le serait-il pas au Woleu-Ntem qui est notoirement réputé terre hospitalière ? Tous les candidats, fang ou pas, qui ont parcouru la province septentrionale ont été accueillis avec ferveur par des chants et des présents. Le peuple woleu-ntémois est extraordinaire. Quand Omar se rendait dans le G9, telle une star en provoquant la mobilisation d’immenses foules vêtues de t-shirts portant son effigie pour l’accueillir, on ne parlait pas de culte de la personnalité. Oligui est un ressortissant de cette province et il s’y est rendu en sa double qualité « d’enfant de la province » et de chef d’Etat considéré comme le libérateur des Gabonais de l’étreinte du PDG-Bongo. Il n’y a que des niais qui peuvent s’étonner de l’exceptionnel accueil qui a été réservé à Oligui Nguema, chez lui, par son père et tous les siens pour parler du culte de la personnalité.
Nous observerons comment il sera accueilli dans les autres provinces ; en particulier dans son Haut-Ogooué maternel.
