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La chronique politique de Guy Nang Bekale/Transition au présent : Travers, limites et acquis

La sécurité, la justice et la vérité sont trois exigences qui doivent être prises en compte par un Etat dans l’organisation de la vie collective d’une population, particulièrement sous le régime politique actuel dont les tenants disposent des moyens pour les garantir aux citoyens et avoir en retour leur confiance.
Depuis des semaines, l’on parle abondamment de crimes de sang qui sont qualifiés de rituels, parfois, par abus de langage et commis par des soldats et des civils. Il s’installe dans le pays une psychose de l’assassinat que l’on croyait dissipée avec l’avènement du CTRI. Il serait dommage que naisse et persiste au sein de la population cette psychose qui commence à susciter un sentiment de défiance à l’égard du régime militaire d’exception au pouvoir. La population ne doit pas se dire que l’installation, par le CTRI, de soldats à la direction des organes locaux déconcentrés et décentralisés rabaisse ou annihile le pouvoir judiciaire qui est réputé être exercé au nom du peuple gabonais.
L’impunité et le favoritisme ont causé trop de dégâts dans la société. Les exécutants et les commanditaires d’assassinats et les auteurs connus pour les détournements de l’argent public, qui est la propriété de tous les Gabonais, n’ont réellement jamais été entendus, arrêtés, inquiétés et emprisonnés par les juges. Le chantier des travaux préparatoires de la réforme du Gabon est si vaste qu’il s’apparente au nettoyage des écuries d’Augias que j’avais naguère évoquées dans une article-critique de 2009 lorsque les émergents péroraient sur leur fameux Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) qui devait sortir le pays du sous-développement.
Présentement, c’est la transition pour la restauration des institutions (TPRI) qui est l’objectif stratégique à court terme du CTRI. La transition n’est ni un projet de société ni un plan à moyen ou long termes, contrairement à la restauration des institutions qui peut se déployer longtemps. Près de 5 mois après sa mise en œuvre, la TPRI « fait des vagues ». Des divergences d’appréciation surgissent parmi les observateurs, les analystes et les activistes dont les uns affirment qu’en conservant une Assemblée nationale, un Sénat, un Conseil économique, social et environnemental, une Cour constitutionnelle…, quoique de transition, la mise à plat des institutions ne s’est pas matérialisée.
De plus, leurs anciens garants sont libres de leurs mouvements et conservent leurs biens. D’autres observateurs invitent à la modération et à la retenue en faisant valoir que la période est trop courte pour une appréciation objective de l’action du CTRI. Toutefois, malgré un bilan partiel élogieux du fait des promesses réalisées, il n’en reste pas moins que des mesures et des dispositions doivent être prises urgemment pour améliorer l’image du comité qui doit être en adéquation avec les probants résultats obtenus. Les changements socio-politiques sont toujours rendus compliqués par l’existence d’intérêts individuels et catégoriels, divers et variés, qui s’accommodent difficilement avec l’intérêt général et populaire. Peut-on facilement mobiliser l’impressionnant patrimoine matériel, économique et financier de la famille Bongo pour l’intégrer à celui de l’Etat ? Quid des dossiers des biens mal acquis, des participations au capital des sociétés et des revenus pétroliers ? Ces dossiers sont si sensibles qu’ils sont destinés à un traitement particulier ; sans esprit de revanche et sans brutalité ni violence. Ils font partie d’une « restauration spéciale » qui fait appel, à la fois, à l’autorité publique, à la diplomatie, au dialogue, au droit et à la négociation.
La transition comportera indiscutablement et forcément des faiblesses et des limites qui ne peuvent être franchies que par un Etat légitime, populaire, impartial et patriotique. Par son caractère et sa nature, le CTRI aura son « talon d’Achille ». Il ne pourra pas satisfaire toutes les demandes de justice et de vérité du peuple gabonais… Parce qu’« à l’impossible nul n’est tenu ». L’institution qui a été quelque peu mise à plat par le CTRI est la direction politique du PDG, en la personne de son distingué camarade président, Ali Bongo, qui a été révoqué de la fonction de chef de l’Etat. Sans parler de sanctions mais de vérité, les Gabonais veulent savoir ce qui a été fait de 2018 à 2023, qui en sont les auteurs et les metteurs en scène. On a parlé du décès, ou pas, d’Ali, du sosie, de l’indisponibilité temporaire, de la transition à confier à trois (3) personnalités en cas de vacance du pouvoir. Qu’en est-il de tous ces mensongers et fallacieux discours, de ces honteux montages vidéos qui ont divisé et déshonoré le peuple pendant cinq ans ?

Dans l’actualité

Un débat pour établir si Sylvia Valentin Bongo et son fils Nour-Ed-Din Bongo sont toujours enfermés à Sans-famille divise les lanceurs d’alerte, les activistes et les journalistes. Il semble davantage relever de la confrontation des ego et de la recherche de la crédibilité par les uns et les autres plutôt que du souci d’informer l’opinion. Les sources d’information, les arguments et les données évoqués sont si contradictoires que l’auditeur ne sait plus à quel saint se vouer. Il est certain que l’une des parties a raison, mais laquelle ? Pendant ce temps, ceux qui ont la véritable information ricanent en se moquant en douce des bagarreurs. L’enfermement de ces deux personnes est une préoccupation accessoire des Gabonais dont la priorité est qu’elles disent la vérité sur leur implication dans la gouvernance de l’Etat gabonais depuis l’AVC d’Ali en 2018 à Ryad.

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