Dans sa session disciplinaire du 20 septembre 2018, à Yaoundé, la Commission bancaire de l’Afrique centrale, organe sous régional d’autorisation de création et de contrôle des établissements bancaires et de crédit, a flanqué aux autorités gabonaises (Ministère de tutelle et Administration provisoire de la BGD), une humiliante leçon de gestion en faisant savoir que le Gabon n’est pas suffisamment conscient de l’état critique de la BGD et en ordonnant, sans façon, la fermeture de la Banque Gabonaise de Développement (BGD) avant le 31 décembre 2018.
La fin d’un symbole du pays
Créée par le président Léon Mba, en 1960 alors que le Gabon, jeune Etat, avec pleine de ressources naturelles et un grand avenir, accédait à la souveraineté internationale, la BGD était porteur d’espoir pour notre Nation. Elle était, comme diraient certains, plus qu’une banque, car c’était le symbole du Gabon à l’exemple d’autres banques nationales créées à la même époque et qui continueront désormais ailleurs de prospérer alors que la BGD est déjà morte par la faute des mêmes qui au pouvoir depuis quelques années, ont fait d’elle leur portemonnaie : pour construire, voyager, régler des difficultés financières personnelles ou des factures familiales privées, financer des campagnes électorales, financer leurs propres bisness, secourir X ou Y…Elle a même été instrumentalisée à financer des démagogiques projets émergents comme les ‘’fumeuses’’ Activités Génératrices de Revenus (AGR) que BOA avait lancée en 2013 en remettant des « faux » chèques BDG à des pauvres gabonais tout en sachant que cette initiative FNAS/BGD n’irait pas loin avec la faillite de la BGD qui était déjà d’actualité. Et il le savait bien. Une malhonnêteté politique qui a fini par le rattraper aujourd’hui : qui entend encore vraiment parler encore de ses fameuses AGR ? La BGD ne vient-elle pas d’être supprimée du dispositif des banques au Gabon par la COBAC ?
Des difficultés provoquées et longtemps ignorées par la junte
En cessation de paiement depuis janvier 2018, la BGD ne parvenait plus à payer les salaires de ses propres agents. On imagine quelle demande de crédit elle pouvait encore financer dans ce contexte de caisse vide. Elle était chargée d’apporter son concours financier ou technique, à la réalisation de tout projet de nature à promouvoir le développement économique et social du Gabon. Si d’aucun y voit la seule main de Roger Owono Mba, précédent Directeur général de la banque qui l’aurait pillé comme jamais, d’autres sources proches du dossier qui savent réellement, estiment que le frère d’Ali Bongo qui gérait cette banque d’une main de fer, un certain Christian Bongo Ondimba, chassé de sa direction au regard des méfaits terribles qu’il orchestrait (dépenses faramineuses inutiles, voyages ; location d’avion, salaires) a la tête du client, octroi de crédit en tout risques…). A telle enseigne que la Banque avait perdu une grande partie de ses clients sérieux, inquiets des dérives de la direction générale.
Dès 2015, la COBAC attirait l’attention des autorités de la junte sur la pente que prenait la BGD. Dans un rapport, elle notait que « la persistance des infractions et le non-respect des recommandations ainsi que des injonctions de commission bancaire résultent de la paralysie de l’organe délibérant de la BGD et sont imputables à l’incapacité des membres du conseil d’administration, à obtenir des actionnaires la réalisation des mesures attendues pour la recapitalisation de la BGD ».
Finalement, dans une lettre datée du 19 octobre 2018, à la suite de sa session disciplinaire, le Secrétaire général Adjoint de la COBAC a informé la présidente de l’association des établissements de crédit du Gabon qu’à la suite de l’examen de la situation de la BDG, elle a constaté que le Plan de restructuration de la BGD est irréaliste et manque de « crédibilité » par rapport à « l’urgence que requiert la situation très critique de cette banque ». La décision prise par la COBAC dans sa session du 20 septembre est de lui retirer l’« agrément prudentiel ». Autrement dit, la BGD n’est plus une banque conforme aux normes CEMAC et internationales et ne doit plus continuer d’exercer (recevoir des dépôts d’argent, émettre des titres de paiements et autres). Sa faillite a été constatée par la COBAC.
Alors que BOA fait la chasse aux sorcières à d’autres, il a là une occasion de montrer qu’il y a un peu d’équité dans son régime. Qu’il fasse interpeller et arrêter, comme il sait le faire, ceux qui ont pillé la BDG, à moins se craindre que son propre nom ne ressorte quelque part.