Les chefs d’Etat de ce qui apparaît de plus en plus comme un syndicat des dirigeants civils au pouvoir dans l’ouest du continent et à la solde de la France, sont aujourd’hui dans la tourmente. Après les trois, disons même quatre coups de force militaires perpétrés, doublement au Mali, en Guinée Conakry et plus récemment au Burkina Faso.
Alors que certains de leurs pairs, comme le défunt président malien Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), l’ex-opposant déchu guinéen Alpha Oumar Konaré et l’actuel donneur de leçons de démocratie, l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara, tripatouillaient les lois, violaient les textes fondamentaux de leurs pays et violentaient les populations qui s’insurgeaient contre ces coups de boutoirs assénés à l’Etat de droit ; leur instance dirigeante, la Cédéao, laissait faire, tant les uns et les autres étaient convaincus du soutien de Paris et de leur emprise sur l’armée pour mater le peuple à la moindre alerte. Cette armée qui les armes à la main, les déloge un par un de leur palais comme des parias. Avec en prime l’applaudissement des peuples qui hurlent sur Paris en hissant le drapeau russe. Les présidents guinéen et ivoirien ont pu ainsi arracher de force, leur troisième mandat, en enjambant les mares de sang laissées par les morts des manifestations de protestation de Conakry et d’Abidjan. Non sans jeter au gnouf comme Ali Bongo, les trouble-fêtes de l’opposition et du bas peuple contestataire. Ceci sans que Paris n’en dise mot. Mieux, la France soutenait même.
Quant à Ibrahim Boubacar Kéita, la quête pour son second mandat interrompu par la meute populaire et la junte armée, s’est faite au prix de graves entorses aux principes démocratiques. A travers la prise de lois taillées sur mesure. Sans que jamais le Nigeria et le Ghana, qui font office de bons élèves d’alternances aux mandats achevées, ne prennent la… mesure du danger encouru par des pouvoirs foulant aux pieds, avec autant de désinvolture, les acquis d’une démocratie. Chèrement acquise par des peuples qui, aujourd’hui, face à la brutalité du leadership des civils, sont parfois bien obligés de s’adosser à l’ultime recours des civils habillés en militaires ou plus directement encore des hommes en uniformes.
Dans un tel contexte où les pouvoirs issus des urnes, se maintiennent au sommet par les armes, comment ne pas s’étonner de la posture des pères fouettards prise par les Ouattara et autres Faure Gnassingbé. Et mieux comprendre, sans s’en faire les complices, la révolte des peuples du Mali, de Guinée ou du Burkina Faso qui gardent en mémoire que la Cédéao est, dans une bonne mesure, amplement responsable de la situation qui fait bouillir, jusqu’à très haute ébullition, la marmite des frustrations et des brimades de plus en plus mal contenues, des héritiers de Sékou Touré, de Patrice-Emery Lumumba, de Kouamé Nkrumah et de Thomas Sankara. Et se poser sérieusement cette question : pour qui sonnera bientôt le glas, dans cette partie de l’Ouest du continent championne de la prise de pouvoir par la force et la légitimité des armes ? Surtout si le cartel des chefs civils, excité par Alassane Ouattara, consommant le fameux troisième mandat, pousse encore le bouchon des sanctions trop loin, de l’avis des grandes muettes qui retrouvent de la voix non loin de Yamoussoukro !
Il vous souviendra qu’il y a quelques jours, le dictateur ivoirien est venu à Libreville, transmettre au dictateur émergent un message de Paris qui dit qu’il ne soutiendra plus les dictateurs qui s’accrochent au pouvoir par les armes et qu’il demandait à Ali Bongo de ne pas gêner la prochaine présidentielle. Reste à savoir si Ali Bongo l’attend de cette oreille. D’ailleurs face à la presse, le putschiste ivoirien dira aux journalistes qu’il a échangé avec Ali Bongo, des questions liées à la Cédéao avec au cœur de la discussion, la crise malienne. C’est vraiment nous prendre pour des c…Le Gabon qui n’est pas membre de la CEDEAO peut-il donner des leçons de démocratie au Mali ? C’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Mais Paris qui espère se racheter en 2023 au Gabon, et qui est actuellement sous la pression des lobbies Jean Ping, n’a pas le choix que de mettre la pression sur Ali Bongo. Car en refusant de donner le pouvoir à Jean Ping, même pour une simple transition, La France ne peut pas continuer à soutenir à bout de bras un Ali Bongo gravement affaibli par la maladie et dont les soutiens tiennent en otage pour bien se protéger et piller le pays.